Francis Huster : «Je pourrais arrêter le théâtre»

«Il n’était pas question de camper un flic en jean et blouson. Je déteste les anti-héros !» © France 3/Seconde Vague Production/François Lefebvre

Après un rapide, mais remarqué, passage dans la série à succès «Ici tout commence», le comédien revient en télé dans la collection «Meurtre à…», ce samedi à 21h10 sur France 3. Rencontre.

Dans cet épisode sur les îles du Frioul, vous incarnez une légende de la police lyonnaise. Costume, cravate… C’est un flic très chic !

Il n’était pas question de jouer le flic en jean et blouson. Je déteste ça. Je ne veux pas contribuer à notre époque d’anti-héros. Alors que les Anglais et Américains font James Bond, les Français créent des pauvres types. C’est affligeant. Les gens ont besoin de héro, à la Gregory Peck, tirés à quatre épingles. Moi, je joue les héros ou je ne joue pas.

Cela explique-t-il que vous étiez rare en télé ces dernières années ?

Oui. Il s’est écoulé quinze ans entre «Jean Moulin» et la bio de De Gaulle, dans laquelle je jouais André Malraux. Ça, ce sont des hommes ! Dans l’intervalle, on m’a proposé un prof épuisé, un écrivain dépressif… Des profils passe-partout. Ça ne m’intéresse pas, je ne serais pas crédible. Chacun son style. Luchini, Dussollier ou Auteuil sont parfaits dans ces rôles. Ils ont le talent de se glisser dans la peau de Monsieur Tout-le-Monde. Moi pas.

On n’est pas près de vous voir dans «Danse avec les stars» !

Savez-vous qu’on me l’a proposé ? J’ai bien sûr refusé. C’est impensable pour moi de participer à pareille émission. Delon ou Gabin auraient-ils accepté ? Jamais. Si l’on veut être crédible dans de grands rôles, il ne faut pas avoir fait n’importe quoi à la télé. 

Dans cet épisode de «Meurtre à…», l’intrigue est littéraire. Est-ce aussi ce qui vous a séduit ?

Les îles du Frioul, c’est le château d’If, le Comte de Monte Cristo, Alexandre Dumas… L’histoire tourne autour de cela. Et le scénario est malin, reprenant l’idée d’usurpation d’identité. C’est un peu la version polar de Monte Cristo. Ça m’a plu. Et ce n’est pas tous les jours que l’on peut évoquer l’œuvre de Dumas en prime time !

Il est aussi question de confrontation père/fils. Vous-même avez deux filles…

Mais c’est la même histoire ! On se pose tous la question de la transmission. Quand je les regarde, je me demande ce qu’elles ont de moi. Que restera-t-il de moi chez elles quand je ne serai plus là ? Élisa (23 ans), c’est «carpe diem» : comme moi, elle vit ici et maintenant. Toscane (18 ans) a plutôt hérité de mon côté militaire : rien ne l’empêchera d’atteindre ses objectifs. Le proverbe «Tel père, tel fils» est stupide. En réalité, c’est l’inverse. Le père découvre en eux qui il est. C’est un aspect émouvant de la paternité.

Il se dit que vous pourriez revenir dans la série «Ici tout commence»…

Mon personnage a fait une crise cardiaque au bout de trois mois. C’était prévu avec la production. J’ai accepté le rôle car TF1 avait besoin d’une tête d’affiche pour lancer la série, mais je ne souhaitais pas m’y engager à long terme. Jouer dans une quotidienne, c’est chronophage. Alors, est-ce que je pourrais revenir ? Ça dépend… de Molière ! On fête cette année son 400e anniversaire. Je me bats depuis longtemps pour qu’il entre au Panthéon. C’est maintenant ou jamais. Le dossier est sur la table du Président. S’il refuse, je renoncerai définitivement au théâtre.

Cet article est paru dans le Télépro du 10/3/2022

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