France Brel : «Mon père a vécu à cent à l’heure !»
Mercredi à 21h10, France 3 vous invite à passer «Une journée avec Jacques Brel» !
Pour rendre hommage au grand Jacques, le chanteur Gaëtan Roussel s’est amusé à donner rendez-vous à une ribambelle d’artistes dans des lieux sublimes ou inattendus. France Brel (70 ans), deuxième fille du chanteur, nous apporte un éclairage pertinent sur la vie et l’œuvre de son père.
Que pensez-vous de cette «Journée avec Jacques Brel» ?
J’ai beaucoup apprécié cette émission. Dans une ambiance joyeuse, on découvre des séquences inédites, nostalgiques et sensibles avec des interprètes ravis de rendre hommage à mon père en réinterprétant ses chansons.
Quelle interprétation vous a particulièrement touchée ?
J’ai beaucoup aimé «Ne me quitte pas», ainsi que le moment où ils chantent tous ensemble «La Valse à mille temps» en essayant avec ardeur et persévérance de garder le rythme.
Avez-vous une chanson préférée ?
Non. Dans le répertoire de mon père, j’aime justement la grande variété des thèmes et des interprétations très différents les uns des autres.
Quelles relations aviez-vous avec votre père, dont la présence était fantomatique ?
C’est vrai qu’il n’était pas très présent, mais ce n’était pas gênant car j’ai toujours ressenti pour lui un amour, une affection et une admiration sans borne. C’était un homme au charisme extraordinaire. Dès ma plus tendre enfance, j’ai été attirée par son côté hors norme. Cet être exceptionnel ne pouvait pas être présent au quotidien. Pour lui, son rôle de père consistait à nous montrer qu’il fallait aller au bout de ses rêves.
Lorsqu’il est devenu mondialement connu, comment avez-vous vécu votre statut de «fille de»… ?
Honnêtement, sans aucune difficulté parce que nous n’étions pas conscientes de la dimension de sa réussite, de son vedettariat et du show-business. Sa célébrité n’a jamais été un sujet de conversation, d’autant plus qu’il n’avait jamais cherché à devenir une star. D’ailleurs, il ne supportait pas du tout l’inanité de l’univers de la chanson et du music-hall qu’il a fini par quitter en arrêtant le tour de chant. Pour nous préserver, mon père avait souhaité que sa famille continue à mener une vie normale en Belgique. Dans la vie, c’était un homme d’une grande simplicité et dans ses relations avec les gens, il aimait aller à l’essentiel.
Était-il macho ?
Oui, mais c’était souvent une posture. Face à certaines personnes, il s’amusait à adopter un comportement machiste. C’était un cabot qui aimait, parfois, choquer. À la maison, on prenait toujours ses propos machistes au second degré. Mais au quotidien, mon père était un homme sensible et très respectueux des femmes.
Quelle était, pour vous, sa plus belle qualité ?
C’était un homme qui a vécu à cent à l’heure et intensément chaque minute de son existence. Il avait toujours des projets. Sa capacité à bouger en permanence en changeant de métier, d’endroit ou en allant à la rencontre des gens me fascinait au point d’avoir eu envie de suivre son exemple. Affectivement, il était d’une fidélité exemplaire.
Son plus grand défaut ?
Parfois, il avait une certaine tendance à se contredire…
Vous dirigez la Fondation Jacques Brel. Quel est son but ?
La Fondation Jacques Brel, située à Bruxelles, a pour but de donner au public un libre accès à l’œuvre de mon père à travers différentes activités. Pour atteindre cet objectif, je prends un immense plaisir à découvrir, encore aujourd’hui, des détails sur sa vie et son œuvre. Par exemple, il y a six mois, par hasard, j’ai rencontré un Breton, ex-pilote sur Air Polynésie, qui avait fréquenté mon père lorsqu’il vivait aux îles Marquises.
Cet article est paru dans le Télépro du 21/12/2023
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici