À la dernière minute, la chaîne publique supprime un numéro du magazine d’investigation consacré au profilage politique.
Une fois de plus, les chaînes annoncent une déprogrammation intempestive. Mais cette fois, cette dernière pose question au sein de la rédaction de France 2. Ce jeudi, en deuxième partie de soirée, vous ne verrez pas le «Complément d’enquête» portant sur «Big data : quand les politiques nous ciblent !». Le sujet devait lever le voile sur le profilage des électeurs réalisé par des sociétés privées pour le compte de partis politiques. En lieu et place, la chaîne diffusera un autre numéro mais consacré aux cargos de la mer, qui devait passer le 21 avril.
Selon France 2, la diffusion du reportage serait trop proche du premier tour de la présidentielle (prévue dimanche 10 avril). «Une diffusion à 24 heures de la période de réserve absolue des candidats ne permet pas le respect des règles d’équité prévues par le code électoral», précise France Télévisions. Le reportage serait reporté au jeudi 5 mai.
Du côté de la rédaction, on se dit «stupéfait» voire «choqué» par la décision de la direction. «On est choqué et on tombe de l’armoire car la direction était informée depuis plusieurs semaines de cette programmation», raconte un journaliste à PureMédias. «On ne comprend pas cette décision prise à seulement deux jours de la diffusion et alors que les bandes-annonces tournaient déjà !».
Le problème viendrait du fait que les politiques n’auraient pas le temps de réagir au reportage avant la période de réserve absolue qui démarre samedi à 0h00, soit seulement 24h après l’émission.
La rédaction de «Complément d’enquête» a décidé d’alerter la Société des journalistes (SDJ) de France 2, qui a demandé une rencontre avec Delphine Ernotte, la présidente de France Télé.
C’est la 3e fois que le sujet est déprogrammé. Le 16 février dernier, il devait faire place à un «Cash Investigation» consacré à Mc Donald’s (finalement déprogrammé également) puis le 10 mars 2022, à cause d’une émission spéciale sur la guerre en Ukraine.
Selon plusieurs quotidiens, l’ombre d’Emmanuel Macron planerait sur la décision de France 2. Le chef de l’État français ne semble pas apprécier les investigations de «Complément d’enquête»… Un gage de qualité.
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