Florian Zeller à propos de «The Father» : «En plateau, nous avons pleuré»

Anthony Hopkins (85 ans) et Florian Zeller (43 ans) sur le tournage de «The Father» © Isopix

Avec «The Father», son film doublement oscarisé à voir ce dimanche à 21h10 sur France 2, l’écrivain et dramaturge français adapte sa poignante pièce sur les relations familiales et la maladie d’Alzheimer.

Votre premier film donne à Anthony Hopkins un rôle tout en fragilité et sensibilité car il est à un âge où pareille maladie pourrait l’atteindre…

J’ai avant tout souhaité atteindre une vérité absolue, le genre d’authenticité qui amène un comédien à se présenter sans fard. Vu qu’il n’est pas protégé par son personnage de fiction – ç’aurait été trop cliché et trop figé -, ses forces et faiblesses nous permettent de suivre tous ses ressentis, y compris le poids de l’issue fatale. Nous comprenons alors que nous avons tous les mêmes peurs et peines ainsi que les espoirs et les joies.

Comment dirige-t-on un si grand acteur ?

D’abord avec un peu d’appréhension, j’ai été intimidé lors de notre première rencontre. Puis avec admiration. Certaines personnes se sentent rabaissées en regardant vers plus grand qu’elles. Pour ma part, ça m’élève. Admirer est un des plus nobles sentiments. Ma fascination pour les acteurs m’encourage à écrire. J’étais aussi confiant car je sentais qu’Anthony Hopkins serait très puissant dans ce récit. Et cette exploration de la déchéance, écrite comme un labyrinthe, le met dans une position active quand il tente de résoudre le puzzle.

Vous filmez la souffrance et la chute d’un être. Quelle a été votre approche pour amener le public à s’y intéresser sans voyeurisme ?

Les gens aiment Anthony, notamment pour ses thrillers. «The Father» commence tel un thriller avant de verser dans l’émotionnel. Et cet être vacillant devient attachant. Avec un interprète aussi remarquable, la chute est d’autant plus bouleversante et vertigineuse. J’avais conscience que c’était difficile pour lui mais, paradoxalement, le tournage a été très joyeux. C’était l’opportunité de faire du beau avec du douloureux.

Est-ce, dès lors, une aventure cathartique ?

Nous avions envie de partager avec le public une belle histoire sans tricher. Pour cela, Anthony a accepté de se mettre en danger. Tous deux, nous avons pleuré lors de scènes éprouvantes qui ont offert des instants de grâce admirables. Pour moi, ce fut peut-être aussi exutoire parce que «Le Père» m’a été inspiré par ma grand-mère atteinte de démence sénile.

Vous avez ensuite adapté «The Son» avec Hugh Jackman. «The Father» vous a-t-il changé artistiquement ?

L’«autorisation» d’Hopkins m’a honoré. Parce qu’elle n’a pas été gratuite. J’ai été la chercher et Anthony a accepté de me laisser exprimer tout ce que je voulais. Cela m’a rendu infiniment heureux.

Cet article est paru dans le Télépro du 11/5/2023

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