Flavie Flament : «Aujourd’hui, je suis tournée vers l’avenir» (interview)

Flavie Flament : «Aujourd'hui, je suis tournée vers l'avenir» (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Ce mardi sur France 3, le téléfilm «La Consolation» revient sur la terrible épreuve du viol subi par l’animatrice à l’âge de 13 ans.

Il y a tout juste un an, à l’automne 2016, Flavie Flament, animatrice-vedette de TF1 dans les années 2000, révélait qu’elle avait été violée à l’âge de 13 ans par un célèbre photographe, David Hamilton. Un drame qu’elle a longtemps enfui dans les tréfonds de sa mémoire, mais qu’elle ne pouvait plus garder pour elle, trente ans après.

Depuis, David Hamilton a mis fin à ses jours, et Flavie Flament a publié un livre pour raconter son calvaire.

Ce mardi sur France 3 à 20h55, le téléfilm inspiré de cette tragédie reviendra sur cette sombre histoire. Une œuvre sacrée meilleur téléfilm au Festival de la fiction TV de La Rochelle 2017, avec notre compatriote Émilie Dequenne dans le rôle de l’animatrice, et Léa Drucker dans le rôle de sa mère (lire son interview dans le magazine Télépro).

Flavie Flament explique.

Qu’avez-vous pensé du film?

Il est magnifique, très digne, mais je n’avais aucun doute là-dessus. Je le trouve également très fidèle à la réalité, jusqu’à certains détails profondément troublants. Je n’y vois que des scènes vécues.

La bande-annonce :

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Comment le projet de cette fiction a-t-il vu le jour ?

On ne m’avait pas donné l’occasion de dénoncer David Hamilton dans un prétoire, je l’ai donc fait publiquement à travers «La Consolation», paru en octobre 2016. Dans la foulée, j’ai été contactée pour céder les droits de mon livre en vue d’une adaptation. France 3 m’a proposé de produire le film et d’organiser un débat après la diffusion, destiné à mieux comprendre la situation des victimes. Cette démarche pédagogique m’a poussée à faire confiance à la chaîne.

Quelle a été votre implication dans le projet ?

Je tenais à participer à l’écriture du scénario. Les dialogues sont donc très proches de la réalité. J’ai aussi collaboré étroitement avec le décorateur. Certains détails, comme mon lit ou la reproduction des photos d’Hamilton, sont d’un réalisme déconcertant.

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Car j’ai finalement été consolée! Je vis toujours avec mon traumatisme d’enfance. Il ne se passe pas une heure sans que je n’y pense. Sauf que la douleur finit par s’apaiser avec le temps. Par ailleurs, lorsque j’avais 13 ans, l’âge de Poupette, j’aurais eu besoin d’une consolation. C’est justement ce que j’ai écrit : «Puisque personne ne l’a fait pour moi, il est temps que je me console.»

Pouvez-vous nous en dire plus sur le phénomène d’amnésie post-traumatique ?

Lorsqu’on vit un événement traumatisant qui met sa santé psychique en danger, l’esprit range ces souvenirs dans une partie méconnue du cerveau. Du coup, on oublie ce qu’on a vécu. Cela étant, on a toujours des signaux qui se traduisent par des états de déprime et de souffrance inexplicables. Puis, un jour, la boîte à souvenirs s’ouvre, souvent à la faveur d’un événement dramatique. Et là, le passé nous revient en pleine face, vingt, trente ou quarante ans après. C’est particulièrement violent car vous vivez une seconde fois l’événement destructeur.

Dans ce film, on est frappé par l’incapacité de votre mère à se remettre en question. Le temps a-t-il changé les choses?

Je vais être très claire. Ma seule et unique famille aujourd’hui, ce sont mes enfants, l’homme que j’aime et ma tante. Lorsqu’une personne va jusqu’à commettre des choses aussi graves, elle peut, je pense, difficilement se remettre en question. Cela fait désormais partie d’un passé avec lequel je suis heureusement en paix. Après de nombreuses nuits blanches, je suis tournée vers l’avenir, avec un regard sans haine et parfaitement lucide, sur ma mère comme sur mes bourreaux.

Découvrez ci-dessous les interviews de Flavie Flament et de Lou Gable, qui interprète l’animatrice durant son adolescence :

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