Flaubert, itinéraire d’un écrivain doué
Maître du réalisme et père du roman moderne, Gustave Flaubert naissait il y a tout juste deux siècles.
Une plume d’oie et un encrier en forme de crapaud. Tels étaient les instruments de celui qui se présentait comme «un homme-plume». À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, Stéphane Bern («Secrets d’Histoire» lundi à 21h05 sur France 3) et François Busnel («La Grande librairie» mercredi à 20h50 sur France 5) dressent le portrait de Gustave Flaubert, grand romancier français qui a marqué le XIXe siècle de son style réaliste.
De Rouen à Croisset
C’est à Rouen, en Normandie, région à laquelle il restera toute sa vie attaché, que naît Gustave Flaubert le 12 décembre 1821. Suivre les traces de son père, chirurgien-chef de l’hôtel-Dieu de Rouen, n’intéresse pas le jeune homme, plus attiré par une carrière d’écrivain. Son goût pour la littérature est apparu lorsque le petit Gustave écoutait avec enthousiasme les histoires (dont celle de Don Quichotte) que le voisin et ami de la famille, le père Mignot, lui racontait. S’il se lance d’abord dans des études de droit à Paris pour contenter ses parents, Flaubert abandonne rapidement les bancs de la fac à cause d’une maladie nerveuse, probablement l’épilepsie. Installé dans son refuge normand de Croisset, sur les bords de la Seine, il peut alors s’adonner à sa passion première. C’est là qu’il mourra à l’âge de 58 ans (en 1880), victime d’une hémorragie cérébrale.
Son œuvre
Outre une très grande correspondance, on doit au romancier des œuvres majeures de la littérature française du XIXe siècle : bien sûr, son plus grand succès «Madame Bovary» (1857), qui lui vaut un procès pour «outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs» (dont il sera acquitté) ; deux ouvrages inspirés par sa passion pour l’Orient, «Salammbô» (1862) et «La Tentation de Saint Antoine» (1874) ; «L’Éducation sentimentale» (1869) ; «Trois contes» (1877) ; et «Bouvard et Pécuchet», paru en 1881, après sa mort.
Bourreau de travail
Travailleur acharné, l’écrivain consacre environ cinq ans à chacune de ses œuvres. Soucieux de son style, il réécrit ses textes plusieurs fois, noircissant des milliers de pages. Et pour tester la sonorité de ses phrases, il les lit à très haute voix, dans un exercice qu’il nomme «le gueuloir», parfois jusque tard dans la nuit. «Je continue à hurler comme un gorille dans le silence du cabinet», écrit-il, en 1876, à sa nièce Caroline dont il était très proche.
Amoureux des femmes
Si Gustave Flaubert ne s’est jamais marié et n’a pas eu d’enfant, ce grand amoureux des femmes a, par contre, entretenu de nombreuses liaisons, notamment avec des prostituées. Son premier grand amour est Élisa Schlésinger, une femme mariée qu’il rencontre sur la plage de Trouville lorsqu’il a à peine 14 ans et qui occupe une place importante dans «L’Éducation sentimentale». Flaubert vit ensuite une relation passionnée et tumultueuse – sa seule relation durable – avec la poétesse Louise Colet, de 11 ans son aînée et rencontrée chez un ami sculpteur.
Amitiés fidèles
En plus des lettres à sa maîtresse, l’auteur de «Madame Bovary» entretient une abondante correspondance avec ses amis, dont George Sand et Maxime Du Camp, rencontré pendant ses études à Paris. Il fréquente de nombreux artistes, dont Victor Hugo, Émile Zola, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, les frères Edmond et Jules de Goncourt… Il prend aussi sous son aile Guy de Maupassant, neveu d’un ami de jeunesse et Normand comme lui. Malgré leur différence d’âge, les deux auteurs sont très proches et Flaubert introduit son comparse dans les milieux littéraires.
Cet article est paru dans le Télépro du 2/12/2021
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