Fin de la télé publique grecque : réactions et grève générale
L’arrêt net de la la radiotélévision ERT a causé des réactions bien au-delà de la Grèce qui va être bloquée par une grève générale jeudi 13 juin 2013.
L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe très critique
Mercredi 12 juin 2013, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a critiqué la décision des autorités grecques de fermer abruptement l’audiovisuel public, qui prive selon elle les citoyens du pluralisme dans les médias. « L’audiovisuel public joue un rôle indispensable dans la démocratie d’un pays. C’est la seule source d’information qui a légalement l’obligation de fournir aux citoyens des nouvelles objectives et des informations non biaisées », a dénoncé la représentante pour la liberté des médias de l’OSCE, la Bosniaque Dunja Mijatovic, citée dans un communiqué.
«Immédiatement un nouvel audiovisuel public»
« Avoir accès à des nouvelles non biaisées est particulièrement important durant les périodes difficiles », a-t-elle ajouté, demandant qui allait pouvoir désormais remplir ce rôle. « Je demande aux autorités d’assurer immédiatement l’établissement d’un nouvel audiovisuel public et de garantir son indépendance éditoriale, financière et politique », a encore déclaré Mme Mijatovic. Les télévisions et radios de l’audiovisuel public grec ont été interrompues mardi 11 juin 2013 après 20h00, le gouvernement annonçant la fermeture du groupe public ERT en vue d’une refonte du secteur.
Mesure radicale sans précédent
Cette mesure radicale et sans précédent a été annoncée sans préavis au moment où les chefs de file de la troïka des créanciers de la Grèce (UE-BCE-FMI) sont à Athènes. « Une décision d’une telle importance aurait dû être prise en consultation avec toutes les parties prenantes, dont les professionnels des médias et la société civile », a dénoncé Mme Mijatovic, qui a aussi estimé que la restructuration aurait dû se faire de manière graduelle.
La Commission européenne prend acte
La Commission européenne s’est évidemment montrée moins critique, l’UE étant un des créanciers de la Grèce. Elle a pris acte, mercredi 12 juin de la décision du gouvernement grec de fermer la radiotélévision publique ERT, qui a été « prise en toute indépendance », tout en insistant sur le rôle indispensable joué par le service audiovisuel public dans la vie démocratique. »La Commission européenne a pris note de la décision des autorités grecques de fermer la radiotélévision publique ERT, une décision prise de façon pleinement autonome », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Mais le service audiovisuel public occupe « une place essentielle dans la démocratie européenne », a-t-elle ajouté.
«La Commission n’a pas demandé la fermeture d’ERT»
L’arrêt de toutes les émissions des trois chaînes d’ERT a provoqué un choc en Grèce, où le gouvernement a rapidement annoncé mercredi matin la création une nouvelle société audiovisuelle publique, Nerit S.A. « Nous saluons l’engagement du gouvernement grec à lancer un service audiovisuel qui remplit le rôle de diffuseur public et soit financièrement viable », indique le communiqué. « La Commission n’a pas demandé la fermeture d’ERT mais la Commission ne remet pas en cause non plus le mandat du gouvernement grec à gérer le service public grec. La décision doit être considérée dans le contexte des efforts considérables et nécessaires que les autorités prennent pour moderniser l’économie grecque », a précisé la Commission.
Tout le pays se met en grève
Les centrales grecques du privé et du public, GSEE et Adedy, ont appelé mercredi à une grève générale de 24 heures jeudi et à un rassemblement devant le siège de la radiotélévision publique ERT à Athènes pour protester contre la décision brutale du gouvernement de fermer la seule station publique en Grèce.Qualifiant « de coup d’État » la décision du gouvernement de fermer l’ERT, laGSEE s’oppose dans un communiqué « à la persistance du gouvernement à prendre des décisions antidémocratiques extrêmes ». L’Adedy appelle également les fonctionnaires à participer à cette grève en dénonçant « la mort brutale de l’ERT par un décret législatif (….) dont l’objectif est la suppression des organismes publics et le licenciement de 14.000 fonctionnaires » dans le cadre des politiques d’austérité.
Les marins se joignent à la protestation
La Grèce s’est engagée auprès de ses créanciers, l’UE et le FMI, à restructurer l’administration publique afin de réduire les dépenses publiques et au licenciement de milliers de fonctionnaires d’ici fin 2014, dont 2.000 d’ici fin juin 2013. Le syndicat des journalistes grecs, qui observe une grève mercredi, a indiqué la poursuite de son mouvement jeudi tandis que les marins ont également décidé de participer à cette grève générale ce qui va perturber les transports maritimes jeudi en Grèce.
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