Fanny Ardant : «J’assume ma nostalgie !»
Dans «La Belle époque» (ce lundi à 20h40 sur La Une), fable malicieuse sur les sentiments et leur érosion au fil des ans, «l’ardente» actrice est Marianne, le grand amour de Victor (Daniel Auteuil) que celui-ci retrouve en réexplorant son passé.
Ce film et ce rôle sont-ils pour vous comme un cadeau dans votre carrière ?
On peut le voir ainsi car ils m’ont permis de vivre une extraordinaire aventure aux côtés de Daniel Auteuil, grand acteur humaniste avec qui j’espérais jouer depuis longtemps. Et les dialogues de nos héros sont brillants, percutants, ils brassent une certaine cruauté avec des sentiments intenses !
Appréciez-vous en général le registre des films qui voyagent dans le temps ?
J’aime les fictions d’anticipation à message. Elles m’interpellent car j’ai toujours été borderline et j’ai toujours remis l’autorité en question. Si cette dernière est à l’écoute et bienveillante, ça me va. Mais si elle est brutale, je m’oppose et tant pis si je me fais pulvériser. Ce qui m’amène à repenser à des gens comme Serge Gainsbourg ou Coluche : que diraient-ils, que feraient-ils aujourd’hui ?
Est-ce un hasard si le réalisateur, Nicolas Bedos, a choisi les années 1970 comme «point de chute» ?
Non, cette époque est celle durant laquelle ses parents se sont rencontrés. Elle l’inspire sur les plans politique, musical, vestimentaire, social. Mais les seventies ont aussi leurs failles. Voilà pourquoi on peut s’interroger sur la nostalgie sans dire «c’était mieux avant». Renvoyer dans le passé le couple formé par Victor (Daniel Auteuil) et mon personnage, Marianne, leur redonne le goût de la liberté, du désir, de la mémoire et de l’enchantement.
Avez-vous un côté nostalgique ?
Oui ! Certains ont peur d’admettre leur nostalgie. Moi, non ! J’ai si bien vécu ! Et si on nous dit : «C’est à cause de vos années 1960 et 70 que tout a basculé», je m’en fiche ! Ce n’est pas aujourd’hui que je vais me faire pardonner d’avoir existé. J’ai adoré les années 1970 avec leur musique, leur mode, leurs excès, leur volonté d’oser, de tirer la langue quand il le fallait. Les années 1980 ont été une coda (terme musical indiquant la conclusion d’un mouvement, ndlr). Ensuite, ça a commencé à péricliter.
Le cinéma actuel offre-t-il encore de belles interprétations aux femmes, quel que soit leur âge ?
Oh, bien sûr ! En particulier avec les films d’auteur. Là, vous pouvez dire à chaque fois : cherchez la femme. Vous la trouverez toujours au centre ! Comme dans la grande littérature du XIX e siècle, si vous retirez les héroïnes, il n’y a plus rien. Les dames ont tort de se croire l’objet d’une sorte de lutte contre les messieurs. Il y a bien plus d’hommes qui aiment les femmes qu’on ne le pense !
Cet article est paru dans le Télépro du 9/12/2021
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