Exclusif : Eric Poivre quitte la RTBF

Exclusif : Eric Poivre quitte la RTBF
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le numéro 2 de la télévision de service public va prendre ses nouveaux quartiers, à Paris, à la rentrée. Il devient Secrétaire général des Médias francophones publics.

L’annonce de la nomination d’Eric Poivre avait été faite lors de la réunion des patrons de chaînes francophones, le 20 juillet dernier, à Liège. Ce que l’on savait moins, c’est que c’est une fonction à temps plein à Paris. Eric Poivre quittera ses fonctions actuelles au sein de la RTBF, à la fin de ce mois.

Eric Poivre succède à Alain Gerlache

Dès le 1er septembre, le directeur de la RTBF prendra ses nouvelles fonctions à Paris à la tête de la nouvelle association Médias francophones publics, née de la fusion du CTF (télé) et des RFP (radio). En quelques sortes, Eric Poivre succède à Alain Gerlache, qui dirigeait la Communauté des télévisions francophones (CTF). Son nouveau bureau sera soit à Radio France, soit à TV5Monde, mais il garde un pied-à-terre à la RTBF dans le cadre de sa fonction.

Partir d’une page blanche

«C’est un vrai challenge, on va partir d’une feuille blanche et je vais devoir tout construire», précise Eric Poivre. «Il y aura trois piliers : l’aspect collaboratif entre toutes les chaînes de radio et de télé et nous mettrons l’accent sur la convergence des médias. Il y aura aussi de la production propres, notamment sur des émissions évènementielles et tout un pan technologique (la radio visuelle, le DAB+…) et la formation des membres.»

La nouvelle entité va représenter les intérêts d’une trentaine de chaînes de radio et de télé (la RTBF, RTS pour la Suisse, Radio France et France Télévisions, Radio Canada et Télé Québec, ainsi que TV5Monde). Une chaîne de télé qui propose un programme aux autres est susceptible de recevoir trois émissions en échange. On se souvient que la CTF, c’était par exemple, dans les années 80, des formats comme «Le Grand raid» ou «La Chasse au trésor» (avec le regretté Philippe de Dieuleveult). C’est un peu ça que va remettre en place Eric Poivre, pour la partie télé. En radio, les échanges et la production sont déjà plus dynamiques et se traduit à l’antenne par la diffusion dans les quatre pays de «La Librairie francophone» et «L’Actu à 4», proposés chez nous sur La Première. Ces programmes seront conservés.

Un «The Voice» francophone ?

«Pour la télé, prenons l’exemple de « The Voice »», explique Eric Poivre. «Il y a quatre coaches, on pourrait imaginer en prendre un de chacun des pays et faire des castings locaux. Au final, les talents passent dans un même programme que l’on verra en même temps en Belgique, en Suisse…» Les médias francophones ont un réel intérêt de produire ensemble du contenu sur des thèmes universels comme la chanson française, mais le côté local ne sera pas occulté. Poivre veillera au grain. «L’ambition est que chacun contribue en termes de savoir-faire à l’identification, la recherche et au développement de projets qui peuvent trouver leur place sur les différentes télévisions partenaires.» Même si France Télévisions est majoritaire dans cette nouvelle entité, la communauté se fonde sur l’échange et non un pourcentage de «return». C’est un peu la grande différence avec l’Eurovision.

Trente candidats en lice

La radio est un domaine où l’on attend moins Eric Poivre. «Mon expérience se situe plutôt en télé, mais j’ai une formation de réalisateur radio et télé, à l’IAD. Et j’ai commencé ma carrière au service animation radio. Aujourd’hui, je coordonne pas mal de projets transmédias comme «The Voice» ou «1001 Belges» qui se concrétisent en télé, en radio et sur le Web.» C’est ce qui a plu au jury d’experts qui a dû choisir le nouveau Secrétaire général. Trente candidats étaient en lice et cinq ont été gardés sur une shortlist.

Un appel à candidat en interne

À la RTBF, ce départ entrainera quelques changements. Un appel à candidats en interne a été lancé pour remplacer le n° 2 de la télé au plus vite. Eric Poivre est entré à la RTBF en 1990 comme réalisateur au JT, puis «Les Copains d’alors», «Double 7» et la production de «Forts en tête». C’est d’ailleurs dans la réalisation qu’il garde ses meilleurs souvenirs. «Mais je ne quitte pas la RTBF, je suis détaché pour prendre la direction des Médias francophones », précise-t-il. « Je fais ce travail de développement au sein de la direction de la télé depuis douze ans, et j’avais envie d’ajouter une dimension plus internationale et de prendre un peu l’air.» Le Secrétaire général n’aura pas une fonction représentative. Et il va aussi mettre les mains dans le cambouis en matière de recherche et de production. Son premier projet est de réaliser une capsule qui explique les dangers du Web aux enfants.

Le mandat au sein des Médias francophones est de quatre ans, renouvelable.

Pierre Bertinchamps

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