[Eurovision] Barbara Pravi (France) : «Que l’on comprenne ma langue ou pas, on en reçoit l’émotion»

Barbara Pravi, la représentante de la France à Rotterdam. © Alexia Abakar
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Dès sa sélection, la France est devenue la chouchoute des fans et des bookmakers à l’Eurovision. Une grosse pression pour un petit bout de femme qui a tout d’une grande artiste. Rencontre.

Barbara Pravi, son nom ne vous dit rien. Pourtant, vous avez sans doute déjà fredonné un de ses titres puisqu’elle écrit pour Julie Zenatti, Chimène Badi, Florent Pagny, Louane ou évidemment la toute jeune Valentina, à qui elle a offert une victoire au dernier Concours Eurovision Junior.

Bref, la «chanteuse à demi» décrite dans son titre «Voilà» n’est pas du tout le verre à moitié vide. Ce samedi, à Rotterdam (et sur La Une ou France 2), Barbara Pravi défendra les couleurs de la France avec un titre très typé chanson française face à des productions survitaminées pour la compétition européenne, mais d’une efficacité monstrueuse auprès du public.

Que représente l’Eurovision ?

Ce qui a joué dans ma prise de décision, c’est que c’était une année difficile pour les artistes. L’Eurovision est clairement un moyen d’être entendu à très grande échelle, mais l’enjeu est aussi de rester soi-même et aller à l’Eurovision avec ses propres codes. C’est ce que je fais : je chante en français, j’essaie d’y aller comme au McDo, «J’y vais, comme je suis» !

Vous êtes favorite depuis longtemps. Ça vous surprend ?

Je ne le prends pas pour acquis. Ça ne veut pas dire grand-chose… Bien sûr, il y a une pression énorme, et il va falloir être la plus performante possible, ce samedi, lors de la finale. Le seul truc qui me porte, c’est que cette chanson a l’air d’être très appréciée et très écoutée, c’est comme recevoir beaucoup d’amour qui m’envahit. J’ai beaucoup de gratitude envers le public pour cet amour.

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C’est important que la France chante en français, un titre très connoté chanson française ?

Je ne me pose pas la question comme ça… Si c’est moi qui représente la France – et c’est le cas – c’est important que le titre me ressemble et qu’il soit ce que je suis.

Et les comparaisons avec Piaf, Barbara et Brel ?

Je suis imprégnée de leur musique. C’est ce que j’écoute… Evidemment que ma musique en est influencée. Je suis touchée qu’on me compare à eux, même si je pense que je suis loin de leur talent. Concernant la gestuelle, pour la petite histoire, on m’a demandé de poser mes gestes. J’ai essayé et c’est impossible. Il n’y a pas un seul de mes gestes qui est contrôlé. Du coup, chaque performance est différente pour moi. Je le ressens différemment et je ne contrôle pas mes gestes. Dans la vie, je parle beaucoup avec les mains et mon visage.

Quel participant vous fait peur à Rotterdam ?

Je ne suis pas ici pour un concours. C’est en tout cas comme ça que je prends les choses. Attention, je ne prends pas non plus l’Eurovision à la légère, mais ce n’est pas une bataille. La compétition ne sera jamais mon fonds de commerce. C’est un concours de chanson, et je vais me défendre le mieux possible. Si 20 personnes chantent mieux que moi, tant mieux… Nous sommes là pour du partage. La musique, c’est de la lumière, pas de l’écrasement.

Est-ce plus difficile d’écrire un titre pour un ado que des adultes ?

Je trouve très facile d’écrire des chansons pour des enfants. J’adore ça ! Ce sont des moments de créations hyper-joyeux. Mon rêve dans la vie est de faire des titres pour Disney ou Pixar. Autant, c’est très agréable d’écrire pour Carla ou Valentina, autant, c’est plus dur d’écrire pour moi !

Pourtant vous y mettez toutes vos tripes…

Oui, c’est exactement ça… La recherche de précision absolue avec mes émotions propres rend les choses douloureuses. Écrire pour un enfant, ce n’est que de la joie et de la naïveté dans les sujets.

Vous êtes en passe de réaliser un doublé la même année…

J’ai déjà mon trophée de l’Eurovision Junior près de moi dans le salon, ça lui fera un grand frère si je gagne l’Eurovision (adultes). Il ne sera plus tout seul… (Rires) Je ne pars pas en me disant qu’il faut que je gagne. Si c’est le cas, je serais la plus heureuse, parce que ce sera en partie le choix d’un public international. C’est mieux que d’être élue ! En cas de défaite, je ne vais pas m’autoflageller non plus. Je veux donner le plus d’émotions possible.

Comment pousser les Belges à voter pour vous ?

Waar is da feestje, hier is da feestje ! (rires) Je ne suis pas du tout racoleuse. Ça me rend mal à l’aise de demander de voter pour moi. Ça doit venir du cœur, si la chanson plaît en Belgique – et vous allez comprendre ce que je dis, ce n’est pas le cas des 37 autres pays – et si mes mots vous touchent et que vous en recevez le sens, évidemment que souhaite que vous votiez pour moi. Si l’émotion ne passe pas, votez pour quelque chose qui vous plaira.

Pourquoi êtes-vous favorite si on est que quelques pays à vous comprendre ?

Le secret est dans l’émotion. Elle doit être vraie et sincère. «Voilà» est une chanson d’une extrême sincérité, et c’est ça que les gens ont ressenti, dès la performance, en France. Je me souviens, j’étais toute tremblante à ce moment. Que l’on comprenne ou pas la langue, on en reçoit l’intention.

Barbara Pravi sera en concert à la salle de La Madeleine à Bruxelles, le 29 mars 2022.

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