Un organe de Matignon, chargé notamment d’analyser l’état de l’opinion sur le gouvernement, a commandé pour plus d’un million d’euros de sondages consacrés entièrement ou partiellement à «l’image» des Premiers ministres Jean-Marc Ayrault puis Manuel Valls, selon ses factures transmises vendredi à l’AFP.
Le Service d’information du gouvernement (SiG), qui commande pour environ 2 millions d’euros de sondages en moyenne par an, a dépensé en moyenne 240.000 euros par an à ce type d’enquêtes, selon un bilan transmis par cet organe de Matignon.
Jeudi soir, une enquête du magazine « Envoyé Spécial » sur France 2 avait remis en cause ces contrats avec les instituts de sondages, en pointant notamment un sondage qualitatif de juin 2014 concernant Manuel Valls, facturé près de 53.000 euros. Ces budgets « image » ont toutefois significativement baissé au cours du quinquennat puisqu’ils sont passés 285.549 euros en 2012 (14,9% du budget sondages) à 173.862 euros en 2016 (8,8%), a souligné le SiG.
« Ces sondages dits d’image concernent davantage l’exercice du pouvoir, parce qu’on ne s’interroge jamais exclusivement sur des choses comme les vêtements ou la coiffure. Tout est relié à des questions de fond », a fait valoir à l’AFP une responsable du SiG, qui juge ces enquêtes « absolument » en ligne avec la mission de cette administration.
Sur la centaine de sondages commandés chaque année par cet organe de communication gouvernementale rattaché à Matignon, entre 17 et 20 ont concernés partiellement ou totalement l’image des Premiers ministres, selon le décompte du SiG.
Outre une partie du baromètre sondagier lié à l’image du gouvernement et du Premier ministre, figurent également des études qualitatives comme celle épinglée par Envoyé Spécial. Six d’entre elles ont été commandées durant le quinquennat, pour un montant dépassant les 200.000 euros: trois sous le passage de M. Ayrault (entre 25.000 et 29.000 euros chaque) et trois sous M. Valls (entre 32.000 et 53.500 euros). Des contrats similaires apparaissent également lors de l’ère Fillon, là aussi pour plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Ces « qualis », issus du marketing commercial mais de plus en plus utilisés pour la politique, font remonter des déclarations de groupes de quelques personnes, contrairement aux sondages dits « quantitatifs » à questions fermées. Le « quali » de 53.500 euros épinglé par « Envoyé Spécial » comprenait des éléments à la pertinence discutable, comme des comparaisons de Manuel Valls à des animaux (« lion », « hyène »…) ou des commentaires sur sa frange « crantée » lui donnant un air « fonceur ». Cette partie sur le physique et la « sémiologie » a coûté 3.000 euros, selon le SiG.
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