«Ensemble», la RTBF commémore Bruxelles

«Ensemble», la RTBF commémore Bruxelles
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Une grande soirée pour se souvenir du drame des attentats. Pas de présentateurs, mais une histoire racontée par plus de 200 artistes.

Le 22 mars 2016, la Belgique sombrait – à son tour – dans l’horreur. Les attentats à l’aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois à la Station Maelbeek, ont fait 32 morts et des centaines de victimes.

Un an après, la RTBF propose une soirée pour se souvenir, mais aussi aller de l’avant, parce que «Bruxelles est un plaisir et doit le rester». En direct du Cirque Royal, plus de 200 artistes de tous horizons viendront raconter, à leur façon, l’émotion que leur apporte ce triste évènement. C’est en décembre qu’est venue l’idée de faire une soirée pour rendre hommage aux victimes des deux attaques à Bruxelles.

C’est en fait via Musiq’3 que le projet a été lancé. Lorenzo Gatto, violoniste et finaliste au Concours Reine Elisabeth, a pris en charge une chorale à Molenbeek où il a développé un projet de single. Le musicien avait demandé à la RTBF de l’aider à réaliser un clip vidéo. Après réflexion, l’envie est venue de faire une soirée entièrement artistique qui s’ouvrirait sur le clip. Pour des raisons propres, la vidéo n’a pas été réalisée, mais la soirée-événement a été maintenue. «Pour les artistes, la porte a été grande ouverte et toutes les propositions ont été les bienvenues», précise Olivier Auclair, le nouveau directeur des divertissements. «Belges, Français, francophones, flamands… on va aller du classique au hip-hop en passant par de la pop. Le concept est vraiment de s’ouvrir à toutes les musiques, tous les arts, et toutes les langues. Vraiment l’idée d’être « ensemble » ! Il n’y a que sur le service public que l’on peut proposer ça. Nous sommes vraiment dans la réalisation de nos missions.»

Les invitations ont rapidement été lancées aux artistes, et pour la petite histoire, c’est Slimane qui, le premier, a donné son accord. «Les artistes ne viennent pas pour une promo du tout», explique Tanguy Cortier, producteur du programme. «Par exemple, pour le chanteur Raphaël, on lui a expliqué l’histoire d’une victime. Il a été tellement touché, qu’il viendra chanter un de ses titres («Dans 150 ans», NDLR) et il va expliquer pourquoi il l’a choisi. Il nous a dit qu’au nom des victimes, il voulait être présent. Ce n’est pas courant dans le milieu de la musique qu’un artiste vienne tout simplement, et sans n’avoir rien à vendre.» Les artistes présents sur le plateau ne recevront aucun cachet.

Parmi les invités, le chanteur Arno. «Il y a un an, j’étais en tournée et j’ai appris ce qu’il se passait en me réveillant», raconte le chanteur ostendais. «Et il y a quatre ans, à Beyrouth, une bombe a explosé à 200 mètres de mon hôtel. Là, je m’étais dit ‘quelle chance d’habiter à Bruxelles !’… En fait, je suis la première génération, dans ma famille, qui n’a pas vécu la guerre. Jusqu’ici, on avait le c… dans le beurre ! Tout ça c’est la faute de l’être humain. C’est lui qui crée les guerres. Et je crois que là-haut, elle ou lui doit être triste de voir ce que font les hommes…»

Pas de présentateur dans le programme, mais des tableaux qui vont se suivre comme dans une histoire où chacun des artistes a eu ‘carte blanche’ pour exprimer son ressenti. C’est d’ailleurs Dick Annegarn qui ouvrira la soirée avec sa chanson «Bruxelles», en duo avec Dâân. Comme pour un opéra, le programme complet sera téléchargeable sur tous les sites de la RTBF.

Tous les médias de la RTBF (radio,TV et Auvio) relaieront l’émission. La VRT – qui avait déjà prévu une soirée de commémoration sous forme d’un débat – reprendra quelques séquences à intégrer dans sa soirée. TV5MONDE diffusera le programme, demain soir, sur le réseau FBS. Sur les réseaux sociaux, «22 Mars, ensemble» sera accessible dans le monde entier, et disponible pour tous les diffuseurs membres du réseau Eurovision de l’UER.

Pas d’objectif d’audiences, ce soir, pour « 22 Mars, ensemble ». La soirée ne sera pas coupée par de la pub, et elle sera directement lancée dans la foulée du JT. «Plus les gens seront nombreux, et plus on sera contents, bien sûr», précise Olivier Auclair. «Mais c’est aussi pour ça qu’on ouvre le programme à tout qui veut dans le monde ! Ce ne sera pas quantifiable, mais on aura semé des cailloux un peu partout…», conclut-il.

Pierre Bertinchamps

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