«En guerre» : c’est la lutte sociale…

Vincent Lindon tient le premier rôle dans «En guerre» © RTBF/O'Brother distribution

Une entreprise pourtant florissante ferme, alors ses salariés partent «En guerre», à voir ce jeudi à 20h35 sur La Trois. Avec son long métrage, le réalisateur Stéphane Brizé dénonce une  mécanique inhumaine…

Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de l’entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide la fermeture du site. Les 1.100 salariés, emmenés par leur porte-parole (Vincent Lindon), refusent cette décision brutale et tentent de sauver leur emploi. Entretien avec Stéphane Brizé, le réalisateur d’«En guerre», film diffusé jeudi sur La Trois.

Stéphane Brizé, pourquoi ce film ?

Pour comprendre la violence qui peut surgir à l’occasion de plans sociaux. Qu’y a-t-il avant le surgissement soudain de cette violence ? Quel est le chemin qui y mène ? Une colère nourrie par un sentiment d’humiliation et de désespoir qui se construit durant des semaines de lutte et où se révèle – on le découvrira dans le film – une disproportion colossale des forces en présence.

La situation décrite dans le film est-elle exceptionnelle ?

Non. On en entend parler tous les jours dans les médias. Mais sans peut-être avoir conscience des enjeux et des mécanismes à l’oeuvre. Le cas de Perrin Industrie décrit dans le film, c’est Goodyear, Continental, Allia, Ecopla, Whirlpool, Seb, Seita… Dans tous ces cas, les analyses des experts ont démontré l’absence de difficultés économiques ou l’absence de menace sur la compétitivité !

Vous avez réalisé ici un film très politique.

Mais je ne me fais le porte-parole d’aucun parti ni d’aucun syndicat, je fais juste le constat d’un système cohérent d’un point de vue boursier, mais tout aussi incohérent d’un point de vue humain. Et ce sont ces deux points de vue que le film oppose. Je ne parle pas d’entreprises qui ferment parce qu’elles perdent de l’argent, je parle d’entreprises qui ferment alors qu’elles sont rentables.

Ce qui ressort du film, c’est qu’il n’y a pas d’opposition simpliste entre les gentils ouvriers et les patrons et politiques cyniques.

C’était un des enjeux du projet : montrer sans caricaturer. Il y a un système économique servi par des hommes et des femmes qui n’ont pas les mêmes intérêts que ceux des salariés. Mais les forces en présence ne sont pas équilibrées. Car, à partir du moment où une législation permet à une entreprise qui fait des bénéfices de fermer, le rapport de force est biaisé d’entrée de jeu. Les salariés peuvent juste résister, gêner le déroulement du plan social, affecter l’image de l’entreprise…. Mais leur fragilité financière et les moyens législatifs à leur disposition ne leur permettent guère d’empêcher la fermeture.

Cet article est paru dans la Télépro du 5/12/2022

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici