Emma, l’apprentie marieuse
Si vous n’avez jamais lu l’un de ses classiques de la littérature anglo-saxonne, vous avez peut-être vu l’une des nombreuses adaptations de l’œuvre de la romancière Jane Austen (1775-1817).
Si tel n’est pas encore le cas – ou si l’envie vous prend de vous téléporter dans l’Angleterre du XIXe siècle – rendez-vous sur Arte jeudi à 20.55 pour découvrir les quatre épisodes de la minisérie fidèlement adaptée du roman de 1815, «Emma».
Emma qui ?
«Emma Woodhouse, belle, intelligente, riche, pleine d’heureuses dispositions et vivant dans une maison agréable, semblait réunir tout ce qui pe ut rendre l’existence heureuse. Elle avait déjà passé dans ce monde près de vingt et un ans, sans avoir éprouvé de malheurs, et même sans avoir presque connu de sujet de chagrin.»
Ainsi commence le roman «Emma», dans lequel les Anglais peuvent se plonger, contre 21 shillings, à la fin de l’année 1815. Derrière cet ouvrage, publié anonymement «par l’auteur de « Orgueil et Préjugé »», se cache Jane Austen. Ses livres ont beau rencontrer les faveurs des lecteurs, il faut attendre la seconde moitié du siècle pour que la critique reconnaisse le talent de l’auteure, disparue à seulement 41 ans. Ses héroïnes, elles, vont traverser les siècles.
Cupidon en herbe
Parmi elles, Emma nous emporte dans l’univers bourgeois de la campagne anglaise du début du XIXe siècle. Persuadée d’être une entremetteuse hors-pair, la jeune fille, pourtant encore ignorante des frissons de son propre cœur, se met en tête de marier Harriet, une orpheline de basse extraction. «Toutefois, elle se laisse emporter par une vive imagination et commet erreur sur erreur, avant d’acquérir une conna issance suffisante d’elle-même. C’est un des ressorts comiques de l’intrigue que de la voir s’engager dans une sorte de labyrinthe, comme il en existe dans les jardins anglais, et de choisir tous les sentiers sans issue, avant de découvrir, très tard, la sortie » , résume la traductrice Hélène Seyrès ( dans l’édition Archipoche de 2009 ).
Roman visionnaire
Ce roman de Jane Austen , nimbé de l’ironie et de l’humour tout particuliers qui caractérisent la femme de lettres anglaise, est considéré par beaucoup comme le plus abouti de sa courte carrière. Et l’un des précurseurs du courant réaliste, qui ne verra son apogée que dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle y perfectionne «l’art de copier la nature telle qu’elle existe réellement dans les circonstances ordinaires de la vie», comme le salue le poète et écrivain écossais Walter Scott l’année de sa parution, lassé des envolées romantiques.
Avec «Emma» , la romancière mêle habilement comédie de mœurs, roman d’apprentissage et, aussi étonnant que celui puisse paraître, polar. Truffée d’intrigues, énigmes, devinettes et fausses pistes, l’œuvre serait également, selon certains critiques, un «roman policier sans meurtre» . Et même, le premier roman policier de l’histoire de la littérature occidentale.
Cet article est paru dans le Télépro du 29/6/2023
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