Eglantine Eméyé : «Les Belges sont plus en avance sur la chinerie» (interview)

Eglantine Eméyé : «Les Belges sont plus en avance sur la chinerie» (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Le 9 octobre dernier, l’équipe de «Jour de brocante» (France 3) était en tournage à Bruxelles. En exclusivité, Télépro a rencontré Eglantine Eméyé.

Pourquoi faire spécialement une escale à Bruxelles ?

La RTBF diffuse l’émission depuis le début de la saison, c’était la moindre des choses de venir chiner chez vous et partir à la rencontre des brocanteurs belges.

Une brocante belge est différente d’une brocante en France ?

Non, pas dans l’absolu. Mais les Belges sont plus en avance sur la chinerie. Il y a beaucoup plus de rues dédiées à des brocantes en Belgique, et principalement à Bruxelles (le tournage a eu lieu du côté de la Place du Jeu de Balle, NDLR). D’ailleurs, il y a tellement de lieux dédiés sur votre territoire qu’on va revenir pour en visiter d’autres.

Chez nous, vous avez réussi à trouver un objet mystérieux typique ?

Mais bien sûr ! On a un truc formidable qui a surpris pas mal de monde, et qui a laissé les gens très perplexes. C’est même un de nos meilleurs objets-mystères (ndlr : cet objet figure sur la photo de gauche ci-dessus).

Les Belges ont été surpris de vous voir ?

Oui, on a remarqué qu’il y a pas mal de personnes qui ont déjà vu l’émission. À l’endroit où nous tournions, les passants et les brocanteurs nous reconnaissaient et savaient ce qu’on faisait. C’était très agréable, d’autant que les Belges, par nature, sont très accueillants et chaleureux.

Une émission sur la brocante a une raison d’être parce que c’est la crise ?

Je pense qu’il y a la crise effectivement, mais ça reste aussi un effet de mode, de la même manière qu’il y a beaucoup d’émissions sur la cuisine, avec un retour à une certaine authenticité. La brocante, ce sont des objets que l’on a connu étant enfant, que nos grands-parents avaient… Et ce sont des objets qui durent très longtemps aussi. C’est à la fois le côté économique et écologique. Et puis ce sont des choses qui ont une très grande valeur parfois.

Le concept de l’émission vous a séduite tout de suite ?

Je suis déjà friande de brocante, au départ. Je passe pas mal de temps à chiner, il était donc presque indispensable que je sois en relation avec le concept. Pour l’émission, il fallait quelqu’un qui s’y connaisse un petit peu et qui aime ça !

Vous ramenez parfois des petits trésors de vos tournages ?

Je n’ai pas beaucoup de temps pour chiner lors des tournages (l’escapade bruxelloise n’a duré que quelques heures, NDLR). Avant de faire «Jour de brocante», ça faisait pas mal d’années que je parcourais les brocantes, et ça a changé ma façon de meubler mon intérieur. J’ai petit à petit enlevé ou revendu des objets «standards» pour acheter des choses qui ont un peu plus de caractère.

Vous vous déplacez en Renault 4L dans l’émission. Elle a été facile à apprivoiser ?

On voulait faire un clin d’oeil. Comme l’émission est itinérante, on s’est dit que si on bouge, autant le montrer. Le thème étant la brocante, c’était drôle d’avoir un moyen de locomotion qui soit à chiner lui-même ! (Rires) Au début, il m’a fallu un petit temps d’adaptation, parce qu’elle ne se conduit pas de la même manière qu’une voiture d’aujourd’hui. Maintenant, elle et moi, on s’entend très bien !

Comment choisissez-vous les différents lieux de brocante ?

Il n’y a pas de critères particuliers, il faut que l’on puisse faire 3 ou 4 plateaux sur le site, et que l’on trouve 4 brocanteurs qui proposent des petits spécialités visuelles et qu’il puissent nous en parler. Le seul vrai critère, c’est que la brocante soit vraiment importante pour que l’on puisse y trouver assez de matière.

La brocante se professionnalise ?

Il faut différencier le vide-grenier et la brocante. La brocante professionnelle a toujours existé, et en France, un brocanteur doit avoir un numéro commercial pour pouvoir exercer. Depuis quelques années, on assiste à une grande effervescence autour des vides-greniers, mais là, ce sont des particuliers qui se séparent de tous les objets dont ils ne se servent plus. On y trouve de tout, mais pour dénicher un objet qui a de la valeur, il faut un coup de bol ! La brocante, ce sont des vendeurs qui proposent des choses qui ont un sens, ou une histoire. Ce n’est pas le même concept.

Vous trouvez facilement des objets qui ont une histoire pour l’émission ?

On a une journaliste qui prépare le terrain. Quand on décide d’aller visiter un endroit, on appelle le responsable de l’organisation qui va nous dire s’il y a des brocanteurs qui ont des spécialités. À partir de là, on se met d’accord avec eux et on voit quels sont les objets qui peuvent nous intéresser.

Quelle est la brocante qui vous a le plus émerveillée ou surprise ?

Ce n’est pas une brocante en particulier, mais plutôt une région. Nous avons fait deux émissions en Bretagne, et j’ai eu un vrai coup de coeur. Je ne connaissais pas du tout ce coin de France.

Chaque région a une spécialité dans ses brocantes ?

Tout à fait ! À tel point qu’on a décidé que, lorsqu’on débarque dans une région, on s’efforce de trouver un professionnel qui propose des objets régionaux. C’est tout bête, mais si vous allez en Normandie, vous trouverez une pléthore d’armoires normandes. En Bretagne, ce sera plutôt la faïencerie…

En début d’année, vous avez réalisé un documentaire poignant sur les difficultés de trouver un accueil spécialisé pour votre fils polyhandicapé, «Mon fils, un si long combat». Est-ce que les choses ont bougé depuis ?

Honnêtement, pas beaucoup. Le documentaire a permis de montrer la réalité de ce qu’on vivait. Malheureusement, le gouvernement a vite changé, et les interlocuteurs ne sont plus les mêmes, ce qui complique les choses. Donc non, je vous avoue que ça ne change pas grand-chose. Je continue à rendre visite à mon fils seulement tous les 15 jours…

Entretien : Pierre Bertinchamps

«Jour de Brocante» à Bruxelles, à découvrir le samedi 1er novembre à 17h20, sur La Une







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