«Effacer l’historique» (France 3) : trois questions à Blanche Gardin
Dans ce nouveau fi lm de Benoît Delépine et Gustave Kervern, trois personnes sont aux prises avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Rencontre avec Blanche Gardin, interprète de Marie, victime d’un chantage à la sextape.
Christine (Corinne Masiero), chauffeur, ne comprend pas pourquoi les cotes de ses clients refusent de décoller, Bertrand (Denis Podalydès) découvre que sa fi lle est harcelée au lycée et Marie (Blanche Gardin) est victime d’un chantage à la sextape. Tous les trois partent en guerre contre les «géants du Net».
Blanche Gardin, votre rapport avec les nouvelles technologies est-il problématique ?
Comme beaucoup, je me sens à la fois larguée et obligée d’y avoir recours. C’est une forme d’esclavage. On se sent moins seul avec son portable en poche mais on sait que ce n’est pas vrai. On appelle de moins en moins les gens, on fait des textos pour maintenir un lien qui n’en est pas vraiment un. Ces nouveaux outils amènent une sorte de paresse humaine.
Le film aborde aussi le flicage numérique qui s’exerce à notre insu…
Oui, tout ça va finir par faire de nous des citoyens «modèles» pour ne pas qu’on nous ressorte des choses vécues dix ans auparavant. Le contrôle social sera de plus en plus pris en charge par les individus eux-mêmes. On va tous se tenir à carreau. Tout cela est bien organisé.
Avec le virtuel, on ne sait plus vers qui se tourner quand surgit un problème…
Marie va chez Google comme si Google était une personne. C’est perdu d’avance. Le pouvoir des GAFAM est diffus, non localisable. On porte tous un sentiment de rébellion face à la puissance de ces sociétés du numérique mais, en même temps, on sait qu’on ne peut pas faire autrement, qu’il faut s’adapter.
Cet article est paru dans le Télépro du 14/08/2023.
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