«Dossiers tabous» (RTL-TVI) : un catalogue de clichés sur la Flandre

«Dossiers tabous» (RTL-TVI) : un catalogue de clichés sur la Flandre
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce mercredi à 19h45, Christophe Deborsu fera ses premiers pas aux commandes du magazine d’investigation de RTL. Il y évoquera un sujet où il excelle : le régionalisme.

Y-a-t-il un plan flamand pour en finir avec la Belgique ? C’est la question de ce premier «Dossiers tabous» sous la houlette de Christophe Deborsu. L’ex-journaliste de la RTBF succède à un autre ancien du service public, Jean-Claude Defossé, qui a dû arrêter sa collaboration avec RTL pour des raisons de santé.

Les deux journalistes se connaissent bien, parce qu’en plus d’avoir fait une partie de leur carrière ensemble, Defossé a été le maître de stage de Deborsu… La ligne éditoriale, elle, ne change pas : une thématique difficile et complexe qui fait mal et qui fait du bruit.

Sans oeillères

Le point de départ de l’émission est le fossé qui s’est creusé entre la Flandre et la Wallonie, en mai dernier, lors des grèves «régionales» des gardiens de prison et des cheminots. La grogne n’avait touché que le Sud du pays, irritant les Flamands, du navetteur au politique, et bien-sûr la N-VA.

Christophe Deborsu tente de comprendre pourquoi une telle différence de mentalités, et que cache cette différence – quasi systématique – entre les points de vue des deux grandes communautés du pays.

Le programme passe en revue une grande partie des clichés qui persistent en Wallonie quand on parle des Flamands (et inversément). L’émission compare d’ailleurs Anvers et Charleroi qui étaient deux métropoles dans les choux, il y a 30 ans, mais seule la ville portuaire a, à ce jour, pu sortir la tête de l’eau. Est-ce grâce à une machination de la Flandre ? «Dossiers tabous» tente des réponses.

«C’est très dur sur l’état de la Wallonie», confie Deborsu. «Cette régionalisation ne nous a pas fait du bien.»

500 € de moins

Petit rappel historique : au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, et après la Question Royale, les Belges se rendent compte que Flamands et Wallons ne sont plus sur la même longueur d’ondes. Les gens du nord veulent une autonomie culturelle, et ceux du sud verraient bien leur destin économique et social exclusivement entre leurs mains…

«À force des faire des micro-trottoir pour « C’est pas tous les jours dimanche », j’ai vraiment l’impression que la population wallonne vit dans une grande détresse. Et on le voit avec l’opération « Viva For Life ». Un enfant sur 4 est dans le besoin en Wallonie, alors que c’est un sur 10 en Flandre. Pareil pour le chômage. Le sujet de ce « Dossiers tabous », c’est la régionalisation qui nous a enfoncés. La Wallonie a besoin d’argent vu son état, et elle en aura toujours moins, comme on l’a vu avec la 6e réforme de l’Etat.»

Sans entrer dans les détails, un Wallon a 500€ en moins de dotation par rapport à un Flamand…

Le journaliste tempère aussi dans le reportage. La Wallonie ne subit pas tout. Elle a voulu aussi prendre de l’autonomie, et elle en paie le prix. Exemple, en 1983, quand les négociations avec la Flandre se sont soldées sur une fin de non-recevoir concernant la sortie de la sidérurgie. Les dirigeants wallons devront se débrouiller seuls, pas de solidarité à ce niveau-là. Deborsu précise que le sujet a des accents personnels. D’abord parce que la thématique le fascine depuis toujours, et ensuite parce qu’il est marié à une journaliste flamande (qui jusqu’à ce matin n’avait pas souhaité regarder le documentaire !).

Le journaliste l’assène : «Je ne veux pas radicaliser le Wallon !» En fil rouge de l’émission, Christophe Deborsu tentera une interview de Bart De Wever.

Pour la petite histoire, ce «Dossiers tabous» est réalisé par Olivier Auclair, qui vient d’être désigné à la tête des divertissements de la RTBF. Les grands transferts ne sont pas que du Nord vers le Sud, en Belgique !

Pierre Bertinchamps

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