Désormais, les médias français prônent un certain anonymat des terroristes

Désormais, les médias français prônent un certain anonymat des terroristes
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le Monde, La Croix, BFM TV et Europe 1 annoncent qu’ils ne donneront plus le nom, ni l’image des terroristes des attentats en France. Stop à la pipolisation !

C’est suite à l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvrayn ce mardi, où un curé a perdu la vie, que certains médias français ont décidé de réagir. Le Monde et La Croix pour la presse écrite ; et BFM TV et Europe 1 pour l’audiovisuel. Afin «d’éviter d’éventuels effets de glorification posthume» mais aussi «pour ne pas mettre au même niveau victimes et terroristes», les noms et les visages des terroristes ne seront plus donnés à l’antenne ou énoncés dans les articles.

«On ne publiera que le prénom et l’initiale du nom et pas de photo», a annoncé à l’AFP, François Ernenwein, rédacteur en chef au quotidien français catholique La Croix, qui doit produire un texte de réflexion sur ses choix afin de les argumenter devant le lecteur.

Même réflexion au Monde mais dans une moindre mesure : «Il ne faut pas cacher les faits, ou le parcours de ces tueurs, c’est pourquoi nous ne sommes pas favorables à leur anonymat, mais leurs photos ne sont pas utiles pour décrire leur parcours», explique le directeur, Jérôme Fenoglio.

Chez Europe 1, on ne citera plus de noms à l’antenne. Quant à BFM TV, ils ne diffuseront plus les photos. «La photo a une portée symbolique et emblématique, surtout sur une chaîne d’information en continu avec de nombreux journaux et donc des diffusions répétées. La photo peut mettre au même niveau victimes et terroristes.»

BFM TV continuera toutefois de diffuser le nom des auteurs d’attentat. «Cet élément a été donné en direct par le procureur de la République de Paris. Toute la difficulté de ce débat est de prendre garde aussi de ne pas renoncer à informer», précise-t-on.

Et c’est justement ce point de vue qui est en discussion au Figaro, plutôt refractaire à l’idée de ne plus nommer les auteurs d’attentat : «Imaginez un papier avec les frères SA et BA, AA, FAM ! Le débat sur l’utilisation de la photo dans le journal et sur le site de Libération est une discussion permanente depuis l’existence du journal.» Mais le quotidien de gauche tente de mettre les choses au clair… «Publier les photos de terroristes et les glorifier, ce n’est pas la même chose.»

Chez nous, les grands médias ne sont pas encore prononcés sur le sujet.

Pierre Bertinchamps

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