Désert du Kalahari : plus fort que la loi du plus fort

Le désert du Kalahari couvre une large partie du Botswana et s'étend vers la Namibie et l'Afrique du Sud © France 2/Zed

Dans la langue locale, on l’appelle «le lieu sans eau». Comme le montre un superbe documentaire de France 2 diffusé ce mardi à 21h05 («Kalahari, l’autre loi de la jungle»), les animaux y coopèrent pour survivre !

Du sable, chauffé à blanc. Des montagnes pelées qui en jaillissent. Écrasé sous le soleil, étouffé par la chaleur : le désert du Kalahari, à perte de vue. Une région d’Afrique australe dont le nom à lui seul décrit l’aridité et l’austérité. En langue tswana, kalahari a deux significations : «la grande soif» ou «le lieu sans eau». Mais pour ceux qui vivent sur ce territoire grand comme trente fois la Belgique, il veut juste dire : lutter pour survivre.

On pourrait croire que les animaux qui l’habitent malgré tout y appliquent la loi de la jungle la plus implacable. Mais c’est l’incroyable qui se passe. Le documentaire «Kalahari, l’autre loi de la jungle» montre et raconte (avec Virginie Efira aux commentaires) une extraordinaire histoire de solidarité animale et végétale dans cet endroit de la planète où la vie semble impossible.

L’union fait la force

Si la loi du plus fort s’y taille encore la part du lion, le désert du Kalahari voit se développer d’autres modes d’interactions. Pour y survivre depuis la nuit des temps, pour élever et protéger leurs petits, les animaux élaborent des stratégies aussi habiles qu’ingénieuses. L’entraide et la coopération en font partie. «Des alliances fascinantes entre petits et grands, des histoires de familles, de clans, de meutes», énumère le document.

Les exemples sont fascinants. Prenons le suricate. Cette mangouste dite «sentinelle du désert» s’y est installée il y a 2,5 millions d’années. Pour survivre et se protéger des prédateurs, elle a adopté une vie sociale basée sur l’affection : les membres du groupe se caressent dès le réveil à la sortie du terrier partagé, à la mi-journée avant la sieste, au moment du coucher après un bain de soleil en groupe…

Outre ces gestes sympas qui prêtent à s’attendrir, les suricates de la «tribu» (jusqu’à une trentaine) se relaient pour surveiller leur territoire de toute menace. Si c’est le cas : alerte, tous aux abris ! À moins que l’option ne soit : sus à l’ennemi, rassemblement général, en ordre de bataille et on fait face. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir : personne ne restera sur le carreau à moins que sa cause soit désespérée.

Contre toute attente, face à l’adversité de cet univers inhospitalier, pour paraphraser Brel : chez ces «espèces-là», on partage l’habitat et la quête de nourriture, on divise le travail pour s’économiser, et parfois, on se sacrifie pour le clan. On ne survit pas seul dans le Kalahari…

Tournage hors norme

Pour saisir des instants si surprenants, le réalisateur belge Pierre Stine («Rendez-vous en terre inconnue» pour France 2, et divers documentaires pour National Geographic, Discovery Channel…) et son équipe ont travaillé trois ans. Avant de tourner, trois mois de préparation ont été consacrés, notamment, à se documenter sur chaque espèce.

Sur le terrain, les maîtres mots ont été : patience, ingéniosité et détermination. L’équipe s’est appuyée sur ceux qui connaissent au mieux les habitudes et modes de vie des animaux. Pour les approcher au plus près, elle a parfois pris des risques. À 22.55, un making of dévoile les coulisses d’un tournage jalonné d’imprévus. À l’image du monde qu’elle observait, l’équipe a surmonté les difficultés grâce à la coopération.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/11/2021

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