Déprogrammation : La Une et RTL-TVI retransmettent le couronnement de Felipe d’Espagne
Ce jeudi 19 juin, les Espagnols auront un nouveau roi. À cette occasion, La Une et RTL-TVI bouleversent leurs programmes habituels pour diffuser en direct l’événement.
Un scénario inédit en Espagne
Depuis le retour à la démocratie en 1978, après des années de dictature franquiste, le pays vit pour la première fois un changement sur le trône : Juan Carlos laisse sa place à son fils Felipe VI.
Du pour et du contre
Malgré une majorité écrasante de députés ayant marqué leur fidélité à une Espagne démocratique, symbole de l’unité de l’État, des voix contraires se sont élevées par l’intermédiaire de référendum. Le représentant d’Izquierda Unida (gauche républicaine), notamment, a qualifié la succession de Juan Carlos de «sang neuf pour une dynastie en décrépitude».
La complexité de la situation espagnole s’aggrave lorsque l’on jette un œil aux sondages. En réalité, les opposants réclamant un référendum voudraient pouvoir décider de qui sera leur chef d’État, un président ou un roi, mais ne balayent pas forcément en bloc l’idée d’un démocratie.
Selon le quotidien de centre-gauche El Pais, parmi les 62 % des personnes souhaitant un référendum, 49 % choisiraient une démocratique dirigée par le roi Felipe, et non une république. El Mundo, de centre-droit, précise que plus de la moitié des Espagnols soutient la démocratie, et que près de 73 % pensent que Felipe ferait un bon roi.
Prendre position dans un pays en pleine turbulence
Suite à l’abdication de son père, le futur souverain a promis de mettre ses forces au service d’une Espagne unie et diverse. «Permettez-moi de respecter le processus en cours et de me limiter à renouveler ma volonté et ma conviction à dédier toutes mes forces, avec espoir, à la tâche passionnante de continuer à servir les Espagnols», a-t-il annoncé devant le regard ému de son épouse, Letizia.
À 46 ans, malgré le dévouement qu’il porte à «sa chère nation», Felipe n’aura pas la tâche facile. Juan Carlos lui laisse en héritage un pays en crise qui, sous le coup de poussées indépendantistes en Catalogne et au Pays basque, se doit de réaffirmer la légitimité de l’existence d’une monarchie.
Un discours rassembleur
Conscient de la difficulté, Felipe déclare que «dans les périodes de difficulté comme celle que nous traversons, l’expérience des temps passés, ancrés dans l’Histoire, nous enseigne que c’est seulement en unissant nos efforts, en faisant passer le bien commun avant les intérêts particuliers et en soutenant l’initiative, la recherche et la créativité de chacun que nous parviendrons à avancer vers de meilleures perspectives».
Au-delà de la complexité de la situation politique espagnole, le futur roi devra également se positionner de manière stable face à la crise économiques qui sévit depuis 2008, les affaires de corruptions qui ont ébranlé les politiques et les scandales qui ont entaché une partie de la carrière de son père.
Bien qu’il n’hérite pas du manque de popularité de Juan Carlos, Felipe démarre son règne avec une marge de manœuvre assez mince pour redorer l’image de la couronne. Alors que son père avait permis l’approbation de l’actuelle Constitution, les jeunes se sont interrogés sur le bien-fondé de la démocratie monarchique, et continuent de douter, plaçant ainsi le futur souverain en équilibre instable entre les bases instaurées par l’actuel roi et la nécessité d’un changement radical…
Une cérémonie en toute discrétion
Dans ce contexte particulièrement délicat, la Maison royale a annoncé que Felipe VI prêtera serment devant le Parlement ce 19 juin, en accord avec la tradition espagnole, mais en l’absence d’invités étrangers et sans célébration religieuse.
Autre grand absent de la cérémonie : Juan Carlos. Selon son porte-parole, il préfère «donner un plus grand rôle au nouveau roi». Sans oublier que, désormais, le gouvernement accorde le nom de «roi» et de «reine» à vie à Juan Carlos et sa femme Sophia, titre à caractère purement honorifique. Il ne s’agirait pas, pour l’actuel roi, de faire de l’ombre à son successeur.
Cristina, une des sœurs de Felipe, inculpée de fraude fiscale et blanchiment d’argent, est écartée de toute activité officielle de la famille. Le nouveau roi sera tout de même entouré de sa mère, la reine Sophia, de ses tantes, Margarita et Pilar, de sa femme Letizia et de ses filles Léonor et Sophia.
Lors de la cérémonie de couronnement, la sécurité sera tout de même renforcée, passant du niveau 2 au niveau 3, et les forces armées déployées pour assurer une couverture aérienne de l’événement. Environ 5.000 agents de police sont d’ores et déjà mobilisés.
L’agenda du nouveau couple royal déjà bien chargé
Bien que l’agenda de Felipe ne soit pas encore rendu officiellement public, les jours qui suivront son couronnement seront bien remplis puisque l’on sait déjà que le couple se rendra au Maroc, en France et au Portugal, avant d’assister aux cérémonies commémoratives du centenaire de la Première Guerre mondiale à Liège le 4 août prochain.
Leonor, leur fille et désormais héritière, sera également du voyage et semble avoir bien conscience du rôle qui lui incombera lorsqu’elle prendra la place de son père. Sa mère, Letizia, lui aurait d’ailleurs déjà expliqué «tes grands-parents sont roi et reine et ton père, Felipe, travaille pour l’Espagne, afin de rendre ce pays meilleur».
Floriane Nyssen
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