Delphine Simon : «Les Red Lions ont une niaque pas possible !»

Delphine Simon : «Les Red Lions ont une niaque pas possible !»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

La journaliste a abandonné le JT de la RTBF pour se consacrer au hockey. Avec le parcours idyllique des Red Lions aux J.O. l’occasion était trop belle de lui demander de parler de ce sport qui a le vent en poupe…

En juin dernier, Delphine Simon annonçait qu’elle quittait (momentanément) la RTBF pour rejoindre le club bruxellois de hockey, le Royal Ombrage Hockey Club. Les exploits de nos hockeyeurs aux J.O. sont une belle entrée en matière. «À titre personnel, c’est tout ce que j’espérais !», confie Delphine. «Dans la vie, on a des rêves et parfois ces rêves deviennent réalité. C’est un sentiment que tous les fans de hockey ont en ce moment. On savait qu’on était capables d’un tel exploit, mais on n’osait pas le crier sur tous les toits.»

Le hockey va devenir un des sports préférés des Belges ?

Le hockey a beaucoup souffert d’une certaine image, pas spécifiquement élitiste mais d’un sport que l’on pratique dans un certain milieu. Pourtant, ce n’est pas une discipline de personnes aisées. Il est bien moins cher que d’autres activités. Ma fille fait de la danse, c’est plus cher que le hockey. Il demande un énorme investissement. Il y a les matchs le weekend et 1 à 3 entrainements par semaine. Les Belges vont l’apprécier pour l’esprit d’équipe et l’esprit du club qui est très fort. Une fois que vous entrez dedans, il est très difficile d’en sortir. J’en suis la preuve.

C’est un sport que l’on arrive à pratiquer partout ?

Il ne faut pas forcément être sur Bruxelles ou le Brabant-wallon. Il y en a pas mal de clubs qui se créent en Wallonie. Il y a toujours une grande ville proche qui a un club qui peut accueillir les jeunes. Ensuite, il faut tenir compte de la distance que l’on est prêt à faire. Mais c’est valable aussi pour le football où certains matchs se jouent à l’autre bout de la province.

Quel est le point fort du hockey ?

Ce qui ressort pour moi, c’est l’esprit d’équipe sur le terrain, et la mentalité du hockeyeur. C’est un sport où il y a énormément de fair-play. On l’espère dans tous les sports, mais là il existe réellement. Ce côté bon enfant et convivial. C’est une philosophie, et je dirais même une grande famille. Le club adverse n’est jamais vraiment un adversaire. Après le match ou même à la mi-temps, les joueurs se rencontrent et discutent entre eux. Et concernant les Red Lions, même si notre club n’a pas un athlète qui a intégré l’équipe nationale, ça ne nous empêche pas d’organiser des écrans géants et d’être derrière eux. C’est ça l’esprit du hockey.

C’est un sport moins misogyne ?

Les équipes dames et les équipes messieurs sont mises en valeur dans tous les clubs. Tout le monde est triste pour les Red Panthers parce qu’elles ont raté de peu les J.O. Ce n’est pas tout à fait le même hockey, mais il y une certaine égalité qui se ressent aussi dans l’esprit du club. Homme ou femme, on fait la fête ensemble. Et d’ailleurs, nous avons une arbitre belge, Laurine Delforge, qui va arbitrer la finale dames du tournoi olympique… La presse en parle aussi, alors qu’en football ou dans d’autres sports, ça passerait inaperçu.

Qu’est-ce qui vous avait plu dans ce sport étant jeune ?

La mentalité et l’ambiance qui n’est pas fermée. C’est un sport où il faut aussi une stratégie et une logique de jeu. Ça ne sert à rien de la jouer solo, d’avancer tête baissée avec la balle vers le goal, etc… Il faut savoir distribuer le jeu. Et le stick qui est le prolongement de votre bras, avec des passes parfois qui ont un côté magique.

Vous étiez montée loin dans les classements ?

J’ai été une joueuse dans le loisir, et un jour, j’ai eu la chance de jouer en division supérieure, et je me suis déchirer les ligaments croisés lors de mon seul match… (rires) Je n’avais pas d’ambition, et j’en garde la fierté d’avoir joué une fois en Division 1. Je suis par contre une excellente supportrice.

À l’école, on apprend aux jeunes à jouer au hockey…

Oui, et c’est un des rôles de la fédération qui encourage la création de ponts entre les clubs et les écoles. C’est tout bête, mais à l’école, on joue avec des sticks en plastique pour diverses raisons, et nous essayons de faire venir les écoles sur nos terrains pour faire de l’initiation avec du bon matériel. Et les enfants accrochent vite, dès qu’ils arrivent à taper et à viser.

On perçoit un engouement ?

Pour l’instant, ce n’est pas tellement les écoles qui amènent des membres, mais c’est plutôt un copain qui joue, et qui invite à voir un match… C’est une forme de bouche à oreille. Il n’y a pas de filière de recrutement. Après les Jeux Olympiques de Londres, en 2012, dans la foulée des bons résultats des Red Lions, pas mal de jeunes s’étaient inscrits dans les clubs. Cet effet « Justine Henin » va s’accentuer maintenant. On reçoit pas mal de mails de personnes qui nous demande des informations. Ce qui est sympa, c’est que l’on aussi des gens de plus de 35 ans qui s’y mettent pour se marrer. Ils forment des équipes pour jouer après le boulot (des «Gents», NDLR). C’est un phénomène intéressant. Et avec le succès aux J.O., on a des inscriptions qui rentrent et on va créer des équipes.

On peut devenir professionnel à temps plein ?

Les Red Lions jouent à temps plein depuis un an. La professionnalisation s’est véritablement accentuée entre les J.O. de 2012 et aujourd’hui. Les sponsors font tourner l’équipe. Mais nous sommes loin des montants gagnés par les joueurs de foot.

En quoi consiste votre travail dans le Club Ombrage ?

Je m’occupe de tout sauf du côté sportif. Je ne me mêle pas de qui joue dans l’équipe, ni de la stratégie de jeu. Je n’ai pas les compétences pour ça. Je fais tout le reste. Que ce soit la bonne gestion ou le bien être des membres. Est-ce que les infrastructures sont correctes ? Est-ce que les sponsors apportent assez de financement pour faire tourner le club ? Je dois créer l’envie de venir au club, et pas seulement pour les matchs, c’est aussi un endroit familial où on vient prendre un verre. C’est un travail de communication tant en interne qu’externe.

L’organisation des écrans géants pour les J.O. marchent bien ?

Il y a d’abord eu un problème de décalage horaire, au début, avec des matchs à 1h du matin. Mais plus le tournoi avance, et plus ça se remplit. Au point que pour la demi-finale, des gens regardaient la rencontre depuis l’extérieur, parce qu’il n’y avait plus de places dans la salle.  

Un pronostic pour ce soir ?

La médaille d’or ! En toute objectivité, les Red Lions la méritent. Ils n’ont jamais lâché le morceau. Et malgré le nombre de matchs joués aux J.O., ils ont une niaque pas possible. L’Argentine n’est pas un adversaire facile. Sur papier, ils sont moins bons que nous…

Vous aimeriez devenir consultante lors des rencontres télévisées ?

Non. Aujourd’hui, je ne connais pas assez les ficelles du sport et la technique. J’ai une bonne connaissance globale, mais je devrais prendre de l’expérience. Peut-être que dans un an…

Belgique/Argentine, finale olympique en hockey, en direct, ce soir à 22h sur La Deux.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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