Defossé à RTL : «J’ai demandé à ne pas être face à « Questions à la une » !»

Defossé à RTL : «J'ai demandé à ne pas être face à "Questions à la une" !»

Grosse surprise de la rentrée sur RTL-TVI, l’arrivée de Jean-Claude Defossé dans un magazine d’investigation qui va décrypter le vrai du faux dans la société belge. Pour Télépro, il raconte son retour aux affaires…

C’est surprenant de vous revoir à la télé et sur RTL-TVI…

Les gens sont surpris, mais je suis peut-être encore plus surpris qu’eux ! Je sors d’une période de cinq ans en politique et je n’ai plus fait de télévision depuis autant de temps. Je m’étais juré que j’allais retourner à mes premières amours, la peinture sur chevalet… J’ai croisé Georges Huercano qui m’a propopsé de diner ensemble et c’est là qu’il m’a annoncé que Stephane Rosenblatt et lui, verraient d’un bon Å“il que je sois sur RTL. Je suis tombé de ma chaise !

«Je n’ai pas de griefs envers la RTBF»

Aviez-vous songé à revenir à la RTBF après votre parenthèse chez Écolo ?

Non, j’ai 73 ans et je suis pensionné. Je considérais que c’était la fin de ma carrière télévisuelle. RTL m’a tellement arrosé de compliments que je ne pouvais pas refuser ! J’avais émis des conditions qui ont été rencontrées, et la principale était de ne pas me mettre face à «Questions à la une». Je n’ai pas de griefs envers la RTBF. J’y ai fait pendant trente-sept ans un peu tout ce que je voulais, avec le ton qui est le mien et une liberté éditoriale.

Le but de RTL est de faire de l’audience et face à des programmes qui marchent chez la concurrence…

Je ne souhaite pas, pour des raisons d’amitiés, être devant «Questions à la une». Il suffira par exemple de me mettre face à «Devoir d’enquête»…

Vous terminez un mandat politique, allez-vous être mis dans une sorte de quarantaine ?

On appelle ça le «sas de décontamination». C’est une règle qui est propre à la RTBF. Si j’avais voulu retourner sur le service public, c’était un obstacle supplémentaire, en plus du fait que je sois pensionné. À RTL, on m’a précisé qu’il n’y a aucun problème, tant que je ne milite pas pour un parti extrémiste. Chez Écolo, j’ai été un peu un loup blanc et je votais parfois contre des idées de mon parti. J’avais un esprit très indépendant.

Êtes-vous déçu par ces cinq années au Parlement ?

C’est une erreur de casting. La politique n’est pas faite pour moi, même si j’y ai fait des choses que je ne regrette pas comme participer aux États généraux de la Presse et des Médias où j’ai le sentiment d’avoir fait du bon travail. Quand on est dans un parti de la majorité, on est pas là pour critiquer le travail du gouvernement, on est là pour soutenir. J’ai plutôt un esprit critique. Je me serais senti plus dans mon rôle comme parlementaire de l’opposition. La page est tournée.

«Tout s’est négocié chez moi»

Qu’allez-vous faire à RTL ?

J’ai des idées encore floues… Je n’ai pas mis les pieds à RTL, car on avait gardé la chose très secrète. On a tout négocié chez moi. Je dois découvrir l’équipe et les gens avec qui on a des affinités. C’est un solide défi, et je sais qu’on m’attend au tournant. Je suis le «has been» qui débarque, et il faut que ça cartonne, sinon, on va me dire que j’aurais mieux fait de rester chez moi, à planter mes choux…

Vous aviez de gros moyens à la RTBF, aurez-vous les mêmes à RTL ?

On m’a promis que les choses ne seraient pas bâclées. Je fais l’expérience et on verra. On attend beaucoup de moi, mais j’attends aussi beaucoup de mon équipe. Je n’ai pas d’exigences monstrueuses, mais juste avoir les moyens de faire mon travail correctement.

Quelle serait la périodicité ?

Ce sera un gros magazine que l’on mettra sur antenne quand il sera cuit. Je ne suis pas pressé par le temps, et je n’ai pas de date précise pour rentrer mes travaux, mais en principe, on devrait en produire trois ou quatre par an.

«Mon gag avec Jean-Charles De Keyser»

En trente-sept ans de carrière à la RTBF, vous n’aviez jamais eu de propositions de RTL ?

Jamais ! Juste une blague en 1985 où il y avait une annonce dans le journal pour RTL qui recherchait des jeunes journalistes. J’avais 41 ans à l’époque, et j’avais répondu par téléphone pour rigoler. Je suis tombé sur Jean-Charles De Keyser qui a voulu me rencontrer. Je suis allé à son rendez-vous, tout en sachant que c’était dans la continuité de mon gag. Les propositions étaient tout de même très alléchantes. Financièrement, j’aurais été le n°2 de la rédaction de RTL à l’époque…

«Questions à la une» va fêter ses 10 ans. Êtes-vous satisfait de l’évolution du bébé ?

Je suis très fier. On m’a demandé à 64 ans de reprendre la case et de présenter le magazine. C’était un travail collectif, avec une équipe que j’aime bien. Encore, en juin, ils ont fait une fête pour la fin de la saison et j’étais invité. Bruno Clément a repris les rênes avec un autre style, qui va très bien aussi à «Questions à la une».

Le fait d’acheter beaucoup de reportages à l’étranger ne vous dérange pas ?

C’est une raison économique. Si il y a une cohérence éditoriale et si les achats son bons, pointus et correspondent à la qualité que veut proposer le magazine, il n’y a pas de problème.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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