Les chaînes de RTL Belgium ne sont pas sous la coupe du CSA, mais son homologue luxembourgeois en voit de toutes les couleurs avec les téléspectateurs belges.
Depuis 2005, RTL Group a décidé d’installer définitivement les chaînes RTL-TVI, Club RTL et Plug RTL au Luxembourg. Fini la double nationalité comme l’exigeait l’Europe. De ce fait, à l’inverse de la RTBF, d’AB3 ou des Télés locales, RTL-TVI n’est plus soumise (à ce jour) à la législation belge en vigueur et dépend des textes luxembourgeois.
Si pendant une dizaine d’années, RTL n’était pas trop inquiétée par le régulateur grand-ducal (le CNPL, pour Conseil National des Programmes), le Luxembourg a réformé les choses, il y a quatre ans. C’est maintenant ALIA (Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel) qui récupère les dossiers. Et certains ne sont pas tristes…
Sur le site de l’autorité luxembourgeoise, on peut retrouver toutes les plaintes déposées, et à première vue, c’est RTL Belgium qui occupe la plus grande partie du travail d’ALIA. Certaines plaintes sont fondées comme le non-respect de la bonne signalétique, la call-TV ou la communication commerciale. D’autres sont souvent farfelues.
En voici quelques morceaux choisis : en 2016, François Pirette a fait l’objet d’une plainte. Un téléspectateur lui reprochait dans l’un de ses spectacles de «faire preuve de cruauté et de méchanceté lors de ses interventions portant sur des maladies graves (notamment Parkinson et Alzheimer)». ALIA estime qu’à travers ces sketches, l’artiste fait usage de sa liberté d’expression, qui s’applique également à la satire. (…) C’est pourquoi il faut examiner avec une attention particulière toute ingérence dans le droit d’un artiste à s’exprimer par ce biais. L’affaire n’est pas recevable.
La même année, un plaignant regrettait qu’un membre de sa famille, psychologiquement fragile, ait pu participer au casting de «L’Amour est dans le pré». La plainte arrivait avant même la diffusion du programme qui était seulement prévue six mois plus tard… Savoureux : une plainte concernant le niveau intellectuel général des émissions diffusées sur Plug RTL.
Mieux, un spectateur faisait part de ses doutes quant à la légitimité de Stéphane Pauwels de pouvoir prendre les commandes de «Police de la route». Ou un téléspectateur qui s’étonne qu’un même animateur de call TV se retrouve en même temps sur RTL-TVI et Plug RTL dans deux émissions différentes. La seconde étant un programme en production automatique et non en direct comme sur RTL-TVI.
Un classique des plaintes : la régularité des programmes. Là, l’Autorité ne peut que classer les dossiers, car en dehors de son champ de compétence. Plus anecdotique, un plaignant estime que les 12 minutes de publicité par heure représentent un harcèlement pour les téléspectateurs. Peine perdue : cette règle est édictée par l’Union européenne et ne concerne pas que RTL…
À noter qu’une campagne publicitaire misogyne de Lidl, en 2017, a fait l’objet de plusieurs plaintes. Le Conseil estime que les propos étaient à prendre avec un certain «second degré». ALIA se retranche derrière le Jury (belge) d’Ethique Publicitaire qui avait fait la même réponse à l’époque…
Il faut savoir que chaque plainte envoyée par un téléspectateur belge au CSA de la Fédération Wallonie-Bruxelles est transmise au pays concerné. Ainsi, le CSA envoie les plaintes pour RTL à ALIA, et celles concernant les chaînes françaises à son homologue parisien. La suite du dossier est à leur discrétion.
La grande majorité de ses griefs envers RTL Belgium n’a pas mené à une condamnation. Mais RTL n’a pas toujours été impuni…
Pierre Bertinchamps
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