« Dans l’ombre » des primaires françaises
Adaptation du roman éponyme de l’ancien Premier ministre français Édouard Philippe et de son ancien conseiller, Gilles Boyer, la minisérie « Dans l’ombre » est diffusée ce mardi sur La Trois dès 20h35.
En six épisodes, « Dans l’ombre » retrace les élections primaires d’un parti républicain à l’aube de la campagne présidentielle. Truffées de coups fourrés, elles opposent un candidat, incarné par Melvil Poupaud, à sa concurrente, jouée par Karin Viard. Rencontre croisée avec cette dernière et le créateur de la série, Pierre Schoeller, lors du dernier Festival Séries Mania de Lille.
Comment vous êtes-vous approprié le roman ?
Pierre Schoeller : L’ouvrage d’Édouard Philippe est sorti en 2011. Depuis, la vie politique a évolué. Il était donc nécessaire d’actualiser certains propos. Au cours de l’écriture, il a fallu avant tout poser un univers politique. L’idée a été de transposer des anecdotes concrètes à l’écran, en y apportant ou non certains détails, tout en décrivant l’entourage d’un candidat à la présidentielle.
Parler de politique, c’est délicat…
P.S. : De l’écriture jusqu’à la conception de la série, nous avons fait appel à des experts et consultants. Il était essentiel à nos yeux que chaque parti soit représenté. Avec Édouard Philippe (Premier ministre d’Emmanuel Macron de 2017 à 2020, ndlr), nous avons longuement parlé et réfléchi à ce qui pouvait se dire ou pas.
La place de la femme dans le monde politique est tout aussi sensible…
Karin Viard : En effet ! Édouard m’a dit quelque chose qui m’a fait beaucoup rire : « Tu vas rencontrer ta première vraie difficulté en meeting politique, parce que quand une femme parle trop fort, ça fait tout de suite hystérique. » J’ai retourné son « conseil », en parlant très très fort, pour lui donner tort. (Rire) Dans la série, j’ai incarné une vraie femme politique qui joue avec les codes de la féminité.
Vous êtes-vous inspirés de vos propres idées politiques ?
P.S. : La fiction est bien plus importante que la politique. Et ce n’est pas parce qu’on filme la politique qu’on fait de la politique.
K.V. : Cette série n’a pas pour vocation de porter un discours politique. Elle montre juste comment l’exercice de la politique s’installe parmi différents archétypes de cet univers. Les mises en place sont exactement pareilles dans une primaire de gauche que de droite, avec les mêmes personnages, les mêmes enjeux et antagonistes.
Votre vision de la politique a-t-elle évolué après le tournage de la série ?
K.V. : Absolument ! De l’extérieur, on a souvent cette image du politique pourri, qui joue pour lui. Malgré le cynisme ambiant et la critique, force est de constater qu’il y a tout de même de l’investissement, un engagement profond. En toute franchise, je n’aimerais pas être à leur place. (Rires)
Cet article est paru dans le Télépro du 26/9/2024
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