Dan Gagnon : «Si je fais des blagues sur ce qui est déjà drôle, je ne sers à rien !» (interview)

Dan Gagnon : «Si je fais des blagues sur ce qui est déjà drôle, je ne sers à rien !» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

L’humoriste repart en tournée jusqu’à l’été. Son spectacle «Première tournée d’adieu» fera même escale à Paris !

Fin de la saison dernière, Dan Gagnon repartait vivre au Canada. Six mois plus tard, le revoilà installé chez nous pour quelques mois. L’humoriste démarre une tournée et poursuit sa collaboration dans «69 minutes sans chichis».

«En fait, je n’ai jamais quitté la Belgique. Je suis caché dans mon appart !», se marre Dan. «C’est un bon moyen de se faire remarquer. Je pourrais faire comme les artistes de téléréalité et mettre des photos de mes fesses sur Instagram. Rentrer chez moi, c’est ma façon de me rendre intéressant.» Le ton est donné.

Le spectacle s’appelle «Première tournée d’adieu», un hommage à Céline Dion ?

Mieux, je veux battre le record de Charles Aznavour. Il en a fait tellement… j’ai donc intérêt à commencer jeune. Plus sérieusement, j’ai quitté la Belgique en juillet dernier, et faire sa tournée d’adieu, après être parti, c’est drôle. Et aussi, j’oppose «première» et «adieu». Ça me faisait rire.

Une affiche avec «Dan Gagnon» simplement, ce n’est pas vendeur ?

Je n’arrête pas de le dire à mon producteur !

Ne pas faire «payer» le spectacle, c’est un bon plan ?

On pourrait croire que c’est risqué, mais non. Si tu es gentil avec les gens et que tu leur fais confiance, il n’y a pas de risques ! S’il y a des personnes qui ne veulent pas payer … Ça ne va pas ruiner ma carrière ! Ce système est avantageux pour trois raisons. D’abord, c’est une philosophie. Je suis pour le piratage. J’ai découvert plein d’artistes comme ça. Je veux être cohérent. Je m’arrange toujours pour que les gens puissent accéder à ce que je fais gratuitement. Ils paient s’ils veulent. Quand j’ai sorti mon DVD, je l’ai piraté moi-même en le mettant sur une plateforme de peer2peer. Je veux que les gens paient pour du fun, pas parce qu’il faut payer juste pour me voir. La deuxième chose, c’est que ça permet à tout le monde de venir. Celui qui n’a pas de sous, il sort moins souvent. Et justement, c’est ce public-là qui a le plus besoin de se divertir. Ce sont eux qui vont peut-être même rire le plus parce que ça leur fait un bien fou. Et ça met de bonnes ambiances dans la salle. Enfin, je dois reconnaître que ça rapporte plus. On coupe les intermédiaires, et puis plus de personnes viennent, et au final, il y a plus de recettes.

Vous avez envie de refaire de la télé après le «Dan Late Show» ?

Je n’ai pas arrêté l’émission parce que c’était un échec. Je partais vivre au Canada. Je ne pouvais plus revenir. J’ai fait un Late show comme ceux qu’on faisait dans les années 50. Pas les programmes que l’on voit aujourd’hui sur les télés américaines. Ces émissions ont mis plus de dix ans à s’installer, en étant tous les soirs à la télé. Le «Dan Late Show» est un projet qui a été discuté dans le milieu. D’autres animateurs voulaient aussi le faire, et il y a aussi des projets à l’étude sur d’autres chaînes. C’est un mouvement qui doit être lancé. On pourra dire que ça fonctionne quand il y en aura 2 ou 3 les uns en face des autres. C’est difficile de faire un sport quand vous êtes la seule équipe dans votre ligue. Ce serait plus sain, s’il y avait un Late show en face sur RTL. Ça apporterait une certaine dynamique. Si j’étais resté en Belgique, j’aurais continué, et je suis convaincu que ça aurait progressé. J’ai 33 ans, et j’espère que j’aurai d’autres projets télé dans ma carrière. Pour l’instant, je me concentre sur «69 Minutes sans chichis» et la tournée.

Pierre Bertinchamps

Finalement Dan Gagnon est Belge ou Canadien ?

J’ai deux nationalités, et j’ai deux pays. C’est comme les Belges à Paris, à part que moi, le Thalys est remplacé par un Boeing. Le fait d’avoir un certain recul permet d’écrire des choses différentes. Je suis de retour en Belgique parce que je joue quasi tous les week-ends pendant 4 mois. Ce boulot de six mois où j’étais un peu entre les deux, c’était très agréable.

En parlant de Paris, vous y ferez plusieurs dates…

En réalité, c’est grâce à mes podcasts sur l’humour. Des trucs pourtant poussés pour «geek», et on a été acheté par le site Golden Moustache. Grâce à ça, on s’est créé un petit «following» en France. De là, je reçu plusieurs fois des demandes pour faire mon spectacle à Paris. J’ai demandé une date, et ça s’est rempli tellement vite qu’on a en ajouté… Là, j’ai quatre soirées soldout au Paname. Ce n’est pas pour lancer une tournée française, mais juste dire «coucou» aux Français.

Il sera adapté ?

Non. Si certaines choses belgo-canadiennes ne sont pas comprises, ce sera leur problème. (rires) Il n’y aura qu’un sketch qui parle de la Belgique, mais il sera universel (sur l’alcool et la police). Quand je suis arrivé ici, je n’ai rien changé pour les Belges. Mais, c’est vrai que mon premier spectacle ne pouvait pas être joué en France.

Ne pas faire «payer» le spectacle, c’est un bon plan ?

On pourrait croire que c’est risqué, mais non. Si tu es gentil avec les gens et que tu leur fais confiance, il n’y a pas de risques ! S’il y a des personnes qui ne veulent pas payer … Ça ne va pas ruiner ma carrière ! Ce système est avantageux pour trois raisons. D’abord, c’est une philosophie. Je suis pour le piratage. J’ai découvert plein d’artistes comme ça. Je veux être cohérent. Je m’arrange toujours pour que les gens puissent accéder à ce que je fais gratuitement. Ils paient s’ils veulent. Quand j’ai sorti mon DVD, je l’ai piraté moi-même en le mettant sur une plateforme de peer2peer. Je veux que les gens paient pour du fun, pas parce qu’il faut payer juste pour me voir. La deuxième chose, c’est que ça permet à tout le monde de venir. Celui qui n’a pas de sous, il sort moins souvent. Et justement, c’est ce public-là qui a le plus besoin de se divertir. Ce sont eux qui vont peut-être même rire le plus parce que ça leur fait un bien fou. Et ça met de bonnes ambiances dans la salle. Enfin, je dois reconnaître que ça rapporte plus. On coupe les intermédiaires, et puis plus de personnes viennent, et au final, il y a plus de recettes.

Vous avez envie de refaire de la télé après le «Dan Late Show» ?

Je n’ai pas arrêté l’émission parce que c’était un échec. Je partais vivre au Canada. Je ne pouvais plus revenir. J’ai fait un Late show comme ceux qu’on faisait dans les années 50. Pas les programmes que l’on voit aujourd’hui sur les télés américaines. Ces émissions ont mis plus de dix ans à s’installer, en étant tous les soirs à la télé. Le «Dan Late Show» est un projet qui a été discuté dans le milieu. D’autres animateurs voulaient aussi le faire, et il y a aussi des projets à l’étude sur d’autres chaînes. C’est un mouvement qui doit être lancé. On pourra dire que ça fonctionne quand il y en aura 2 ou 3 les uns en face des autres. C’est difficile de faire un sport quand vous êtes la seule équipe dans votre ligue. Ce serait plus sain, s’il y avait un Late show en face sur RTL. Ça apporterait une certaine dynamique. Si j’étais resté en Belgique, j’aurais continué, et je suis convaincu que ça aurait progressé. J’ai 33 ans, et j’espère que j’aurai d’autres projets télé dans ma carrière. Pour l’instant, je me concentre sur «69 Minutes sans chichis» et la tournée.

Pierre Bertinchamps

Selon le pitch, vous allez raconter votre vie. Vous l’avez déjà fait dans les deux premiers spectacles. Il reste de la matière ?

Je continue de vivre ! C’est la bonne nouvelle. (rires) J’ai quand même vécu 366 jours, cette année, et je dois les résumer en une heure de spectacle. Effectivement, dans le premier one-man show, je parlais du changement de pays pour moi. Le deuxième, c’était la thématique du passage à l’âge adulte. Pour celui-ci, c’est la période de la stabilité quand on est bien installé. C’est le point de départ, et il m’arrive plein de choses ensuite. La vie, quoi !

Autant faire une revue tous les ans…

C’est mon objectif. Passer neuf mois au Canada pour écrire, et venir chaque année faire un spectacle de 3 mois en Belgique. Si on prend les spectacles, les uns à la suite des autres, c’est une conversation qui se poursuit. C’est un peu comme si je parlais avec les gens, et qu’on reprend un dialogue là où on l’avait laissé. Non seulement, je viens dans le pays, mais en plus, je passe dans des «villages». C’est gai aussi. Comme on se connaît, je peux aller plus loin, donner plus de détails, etc… Pour le public, plus les choses sont justes, plus c’est agréable. Dans le deuxième spectacle, je parlais beaucoup d’enfants, alors que je n’en ai pas. À la fin, des personnes venaient me demander si j’étais papa parce que mes propos étaient réalistes. C’est mon boulot aussi. Je dois faire rire, mais ça doit être crédible. Dans celui-ci, ce sera plus mélangé. Il y aura des sketchs, parfois ridicules, mais j’évoquerai aussi la dépression. Ça m’est arrivé, et je me suis rendu compte que c’était un sujet tabou. Je vais rendre les choses drôles. L’idée, c’est de commencer sur un malaise quand je demande «qui a déjà fait une dépression dans la salle ?», et terminer sur un rire général. Ça fait du bien, et ça dédramatise les choses. C’est là que l’humoriste sert à quelque chose. Si je fais des blagues sur ce qui est déjà drôle, je ne sers à rien !

L’humour est un art ?

Pour moi, c’est un art à part entière. Il a été mal traité en tant qu’art par les humoristes qui ont fait n’importe quoi. Pour faire rire, ils sont prêts à tout sacrifier. Moi, je souhaite que l’humour soit bon comme une chanson, un film ou une pièce de théâtre. On entend jamais dire : «Ah, le spectacle d’Untel était magnifique !» C’est à ça que j’aimerais arriver. Je veux monter sur scène en toute humilité, et pas arriver devant les gens et leur dire que je suis «le gourou du rire», et ce que je trouve drôle est d’office drôle pour vous. J’adore les humoristes super trashs, mais personnellement je ne suis pas à l’aise dans ce registre-là. Je préfère être juste et sacrifier un gag plutôt que de rire à tout prix. J’apporte ma sensibilité, ensuite le public perçoit le spectacle selon ce qui le touche ou pas.

Finalement Dan Gagnon est Belge ou Canadien ?

J’ai deux nationalités, et j’ai deux pays. C’est comme les Belges à Paris, à part que moi, le Thalys est remplacé par un Boeing. Le fait d’avoir un certain recul permet d’écrire des choses différentes. Je suis de retour en Belgique parce que je joue quasi tous les week-ends pendant 4 mois. Ce boulot de six mois où j’étais un peu entre les deux, c’était très agréable.

En parlant de Paris, vous y ferez plusieurs dates…

En réalité, c’est grâce à mes podcasts sur l’humour. Des trucs pourtant poussés pour «geek», et on a été acheté par le site Golden Moustache. Grâce à ça, on s’est créé un petit «following» en France. De là, je reçu plusieurs fois des demandes pour faire mon spectacle à Paris. J’ai demandé une date, et ça s’est rempli tellement vite qu’on a en ajouté… Là, j’ai quatre soirées soldout au Paname. Ce n’est pas pour lancer une tournée française, mais juste dire «coucou» aux Français.

Il sera adapté ?

Non. Si certaines choses belgo-canadiennes ne sont pas comprises, ce sera leur problème. (rires) Il n’y aura qu’un sketch qui parle de la Belgique, mais il sera universel (sur l’alcool et la police). Quand je suis arrivé ici, je n’ai rien changé pour les Belges. Mais, c’est vrai que mon premier spectacle ne pouvait pas être joué en France.

Ne pas faire «payer» le spectacle, c’est un bon plan ?

On pourrait croire que c’est risqué, mais non. Si tu es gentil avec les gens et que tu leur fais confiance, il n’y a pas de risques ! S’il y a des personnes qui ne veulent pas payer … Ça ne va pas ruiner ma carrière ! Ce système est avantageux pour trois raisons. D’abord, c’est une philosophie. Je suis pour le piratage. J’ai découvert plein d’artistes comme ça. Je veux être cohérent. Je m’arrange toujours pour que les gens puissent accéder à ce que je fais gratuitement. Ils paient s’ils veulent. Quand j’ai sorti mon DVD, je l’ai piraté moi-même en le mettant sur une plateforme de peer2peer. Je veux que les gens paient pour du fun, pas parce qu’il faut payer juste pour me voir. La deuxième chose, c’est que ça permet à tout le monde de venir. Celui qui n’a pas de sous, il sort moins souvent. Et justement, c’est ce public-là qui a le plus besoin de se divertir. Ce sont eux qui vont peut-être même rire le plus parce que ça leur fait un bien fou. Et ça met de bonnes ambiances dans la salle. Enfin, je dois reconnaître que ça rapporte plus. On coupe les intermédiaires, et puis plus de personnes viennent, et au final, il y a plus de recettes.

Vous avez envie de refaire de la télé après le «Dan Late Show» ?

Je n’ai pas arrêté l’émission parce que c’était un échec. Je partais vivre au Canada. Je ne pouvais plus revenir. J’ai fait un Late show comme ceux qu’on faisait dans les années 50. Pas les programmes que l’on voit aujourd’hui sur les télés américaines. Ces émissions ont mis plus de dix ans à s’installer, en étant tous les soirs à la télé. Le «Dan Late Show» est un projet qui a été discuté dans le milieu. D’autres animateurs voulaient aussi le faire, et il y a aussi des projets à l’étude sur d’autres chaînes. C’est un mouvement qui doit être lancé. On pourra dire que ça fonctionne quand il y en aura 2 ou 3 les uns en face des autres. C’est difficile de faire un sport quand vous êtes la seule équipe dans votre ligue. Ce serait plus sain, s’il y avait un Late show en face sur RTL. Ça apporterait une certaine dynamique. Si j’étais resté en Belgique, j’aurais continué, et je suis convaincu que ça aurait progressé. J’ai 33 ans, et j’espère que j’aurai d’autres projets télé dans ma carrière. Pour l’instant, je me concentre sur «69 Minutes sans chichis» et la tournée.

Pierre Bertinchamps

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici