Cyril Detaeye (La Une) : «On n’écoute pas assez les plus âgés»

Cyril Detaeye et Vincent Taloche unis pour une émission spéciale de Noël © RTBF
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

L’animateur des matins de Vivacité et La Une joue le Père Noël radiophonique dans une maison de repos montoise pour «Radio Coup de cœur», avec Vincent Taloche. Une émission exceptionnelle à voir ce vendredi 25 décembre à 18h30 sur La Une.

Quel est le concept de l’émission ?

Avec Vincent Taloche, je vais passer 48 heures au cœur du Foyer Saint Joseph à Mons, qui est une maison de repos. On y installe une radio à destination uniquement des pensionnaires. L’idée est de pouvoir partager, durant ces 2 jours, des moments avec des gens qui ont été coupés de leur famille pendant cette année. On vient vers eux, avec plein de mesures de sécurité sanitaire pour qu’il n’y ait aucun risque, pour leur permettre d’avoir ce contact, parler et leur offrir des surprises.

Vous avez dû dormir sur place, comme le concept original de la télévision suisse («Caravane FM», NDLR) ?

Oui, on est arrivé le samedi matin pour tout un week-end. Et je crois que jusqu’ici, ça devait être le week-end le plus froid de tout le mois de décembre. Dans la petite tente, on coupait le chauffage à chaque fois qu’on enregistrait… On était vraiment dans le froid. C’était une expérience. Des moins bonnes conditions que Viva for Life, toutes proportions gardées ! (rires)

Vous aviez suivi les autres concepts à la télé suisse et la VRT ?

J’ai regardé ce qu’était l’émission pour voir de quoi on parlait, mais je n’ai pas regardé une émission en entier. Si c’est pour faire du copier-coller, ça n’a pas un grand intérêt. L’idée était de le faire à notre façon, et ne pas reprendre les codes suisses ou flamands.

Comme s’est passée la co-animation avec Vincent Taloche ?

Je le connaissais déjà un peu, mais on n’avait jamais passé du temps ensemble. On a vécu de chouettes moments. On s’est tout de suite bien entendu. Vincent découvrait ce que c’était d’animer réellement une émission. On s’est beaucoup marré, pourtant on arrivait dans quelque chose que nous ne connaissions pas. C’était l’inconnu. On a été surpris par les pensionnaires qui nous ont donné de gros éclats de rires. Vincent Taloche est quelqu’un qui écoute beaucoup aussi. Lors des moments d’émotions, on n’a pas eu besoin de se le dire, les choses se sont faites très naturellement. C’était un vrai plaisir ces 48 heures, et j’ai découvert quelqu’un que j’aime beaucoup…

C’est une émission de radio mais qu’on a filmée ?

Ce n’est pas comme animer une émission de radio. On a plein d’impératifs de timing. Ici, il n’y en avait aucun. On pouvait parler 10 minutes avec quelqu’un sans problème. J’ai pris plaisir à n’avoir aucune règle. Concernant la proximité, j’ai retrouvé la radio que je faisais quand j’ai commencé pour les élèves qui étaient en retenue à l’école, le mercredi après-midi. Ici, je savais qui écoutait. Ça reste un programme télé, avec quelques codes d’images.

Il y aura des histoires touchantes ?

Il y a de très belles histoires. Forcément, le covid-19 a fait une année particulière pour les pensionnaires. On a pu organiser des retrouvailles qui seront des chouettes moments. On va découvrir des personnes âgées qui ont un certain vécu et connu plein de choses, qui vont prendre le temps de revenir dessus. Ce sont des moments où le temps s’arrête. Ça crée quelque chose chez elles, et on a l’impression de les revivre en même temps. C’est une population qu’on n’écoute pas assez souvent, et qui pourtant a des choses à dire.

C’est un numéro unitaire ?

Oui, pour les fêtes. Après, ce sera à la chaine de décider s’il y en a d’autres… J’ai plein d’envie d’endroits à refaire cette radio locale avec des gens qui ont des choses à raconter. Je pense par exemple à une prison…

Ce n’est pas lourd émotionnellement ?

C’est ma crainte, et on se souvient que dans Viva for Life, c’était très dur pour moi. Je suis une éponge, et ça devient difficile à gérer quand les moments d’émotion s’accumulent. J’avais peur de retrouver ça au Foyer Saint Joseph, et d’un autre côté, le projet m’excite vraiment. En fait, ce n’est pas du tout larmoyant et ce ne sont pas que des histoires difficiles. Ce sont plus souvent des gens qui ont envie de se marrer et qui se foutent carrément de nous… Et pas qu’une fois ! Les moments un peu plus durs sont tellement compensés par les sourires des personnes rencontrées. J’aime bien écouter les gens, c’est pour ça que j’aime bien animer «C’est vous qui le dites» aussi.

Vous êtes aux commandes de «C’est vous qui le dites» depuis 3 ans. La période du coronavirus est difficile aussi dans l’émission…

Ce n’est pas plus difficile qu’autre chose, c’est surtout beaucoup de concentration pour écouter que quelqu’un ne dérape pas à l’antenne. Dans les derniers mois, avec la crise du coronavirus, ça a été par moment difficile parce qu’il y a peu d’espaces de discussion en direct laissés aux téléspectateurs, et on sent la tension se décharge à ce moment-là entre ceux qui sont énervés par le non-respect des règles, et ceux qui râlent parce que ça devient trop difficile. Et moi, je suis au milieu. C’est parfois compliqué parce qu’on sent l’agressivité qui parfois se reporte sur moi… En même temps, il y a un réel besoin de parler de la part du public. J’essaie de passer au-dessus des disputes.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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