«Le Gendarme de Saint-Tropez» : Cruchot et Cie, côté coulisse

Michel Modo Jean Lefèbvre, Guy Grosso, Louis de Funès, Christian Marin, et Michel Galabru © Corbis via Getty Images

«Le Gendarme de Saint-Tropez» et les cinq volets suivants constituent toujours une saga culte qui, avant d’être multirediffusée à la télé, a marqué le 7e art. Le premier volet est à (re)voir ce jeudi à 20h05 sur RTL club.

Une légende ne se construisant jamais seule, ce sont les succès inattendus d’une série et ses anecdotes en coulisses qui l’inscrivent au panthéon du 7e art. Le maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot, alias Louis de Funès, et ses compères ont en plein leur képi… Leurs aventures s’inspirent d’un souci du scénariste Richard Balducci qui, après le vol de sa caméra à Saint-Tropez, va à la gendarmerie où il est mollement reçu.
Il parle de «cette brigade de jean-foutre» à ses amis de Funès et le cinéaste Jean Girault. En 1964, ils signent pour un premier volet qui défrise la critique.

Égarés sur le France

En 1965, envoyés dans la Big Apple, les acteurs ajoutent des gags dans leur valise, dont celui de l’hilarant cours d’anglais. À bord du France, célèbre paquebot, Louis-
Ludovic est fasciné par l’architecture du navire. Devant les coursives du vaisseau, il a l’idée du gag où les brigadiers s’y égarent. D’où la célèbre réplique de 
Galabru-Gerber : «Cruchot, le bateau est grand mais à vous suivre, il est immense !»

En marge d’heureuses scènes, naît hélas une mésentente entre Jean Lefebvre, de Funès et le réalisateur. Plus souvent au casino que sur le tournage, l’interprète de Fougasse y arrive fatigué. Et, jaloux de Louis, il reproche à Girault de ne pas garder les scènes «où il avait la chance d’écraser de Funès».

Josépha et Ludovic

Lors du troisième épisode, Cruchot tombe amoureux. Mais pas de n’importe qui. Déçue par l’esthétique des partenaires que Louis avait eues jusqu’alors, son exigeante épouse Jeanne veut pour lui une actrice certes rigolote, mais avec de la classe. Un soir, le couple va au théâtre voir «La Dame de chez Maxim» et rit de la répartie de l’élégante blonde sur scène, Claude Gensac. Louis et Jeanne la connaissent et la complimentent : «On ne savait pas que tu jouais la comédie !». À partir de 1967, Madame de Funès impose donc Gensac aux bras de son mari dans «Oscar» et «Les Grandes vacances». Puis Claude joue Mme Cruchot, après un baise-main électrique et un échange lyrique : «Je suis Josépha ! Je suis Ludovic !»

Grève et évolution

«Le Gendarme se marie» est l’occasion pour de Funès de pester contre les grévistes de l’équipe qui suivent le mouvement de Mai 68 : «Je les aime bien ces gens, mais je n‘en ai farouchement rien à foutre !» L’acteur est aussi en pleine remise en question, délaisse les tics de ses débuts comme les clignements d’yeux fréquents, le prognathisme, les frénétiques petites tapes sur ses partenaires. Et dit à son fils Laurent : «Le grand danger, c’est de reproduire ce qui a marché, de se mécaniser. Le public aimerait que je refasse : « Regardez-moi là ! Non, pas là ! Là ! » Mais si on veut lui plaire, il faut le surprendre !»

Devant James Bond

Le roi du rire va étonner. À ses dépens. Épuisé par les succès qui s’enchaînent dont «Le Gendarme en balade», il fait un infarctus en 1975. Quand Girault le retrouve pour «Le Gendarme et les extra-terrestres», en 1978, le comédien, amaigri, s’agite moins. Cela n’empêche pas le film de se classer n° 1 du box-office, début 1978, devant «Apocalypse Now», «Flic ou voyou» et le James Bond, «Moonraker» ! C’est après un dernier coup de sifflet pour mettre au pas les Gendarmettes, en 1983, que Louis-Ludovic ira rejoindre les étoiles…

Cet article est paru dans le Télépro du 4/7/2024

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