Coup d’œil dans le rétro : l’Euro et ses cahots
En 61 ans, le championnat d’Europe de football a connu bien des rebondissements. Retour sur quelques anecdotes ayant pimenté la compétition.
Alors que la Coupe du Monde a vu le jour en 1930 et que la Copa América, l’équivalent sud-américain de l’Euro, se tient depuis 1916, il faut patienter jusqu’en 1960 pour voir poindre la première édition de ce qui s’appelle alors le Championnat d’Europe des Nations. Un retard qui s’explique notamment par le contexte politique du Vieux Continent, alors en pleine guerre froide et encore fortement marqué par la Seconde Guerre.
Traces de guerres mondiale et froide
Ainsi, lors du dernier tour qualificatif pour la phase finale se déroulant en France, l’Espagne, encore sous le joug de Franco, est opposée à l’URSS. De nombreux Espagnols ayant combattu sur le front de l’Est y sont toujours prisonniers et Franco garde en travers de la gorge le soutien soviétique aux Républicains durant la guerre civile espagnole. Résultat : l’Espagne refuse d’affronter les communistes, déclare forfait et c’est l’URSS qui se rend en France, où elle remporte la compétition. Ses opposants en phase finale ? Le pays organisateur, mais aussi la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie… Une autre époque ! Quatre ans plus tard, pour la deuxième édition de l’Euro, URSS et Espagne se retrouvent cette fois en finale. Plus question de se débiner : les Ibériques prennent leur revanche, chez eux à Madrid, et l’emportent 2-1.
Exploit danois, Yougoslavie et CEI
Géopolitique toujours : en 1992, la guerre fait rage dans les Balkans et l’UEFA interdit l’Euro à la Yougoslavie. Le Danemark est alors repêché en dernière minute. Avec seulement dix jours de préparation, la Danish Dynamite va pourtant réaliser le plus bel exploit de son histoire. Sortis de justesse d’un groupe de la mort comprenant la Suède, l’Angleterre et la France, les Danois battent en demi-finale les Pays-Bas, champion d’Europe quatre ans plus tôt. Et ils s’imposent au stade ultime face à l’Allemagne, pourtant championne du monde en titre ! Durant le même tournoi, l’URSS, dissoute six mois plus tôt, s’alignera sous l’appellation CEI pour Communauté des États Indépendants.
Seize ans sans remplacements
Pour la première fois cette année, l’assistance vidéo à l’arbitrage est utilisée lors d’une phase finale de l’Euro. Autre innovation, suite au covid et aux calendriers chargés, l’UEFA autorise désormais chaque équipe à effectuer jusqu’à cinq changements de joueurs au cours d’une rencontre. Par le passé, ce n’était pas le cas et les premiers remplacements en phase finale d’un Euro n’interviennent qu’en 1976. Avant cela, il était fréquent de voir des joueurs terminer une rencontre blessés.
Finale rejouée à Rome
Le départage des équipes en cas d’égalité a aussi évolué au fil du temps. En 1968, l’Italie, chez elle, se retrouve opposée à l’URSS en demi-finale. À l’issue des prolongations, à Naples, le marquoir affiche toujours 0-0. Comme les séances de tirs au but n’existent pas encore, un tirage au sort est effectué par l’arbitre dans les vestiaires, sous le regard nerveux des deux capitaines. Il envoie la Squadra Azzurra en finale à Rome contre la Yougoslavie. Face à celle-ci, les Transalpins se retrouvent à nouveau au coude-à-coude au terme du temps réglementaire et, cette fois, le match est rejoué. Deux jours plus tard, sur le même terrain, la Nazionale l’emporte enfin 2-0 et décroche le premier titre européen de son histoire.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/6/2021
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