Coup de sifflet final des «Héros du Gazon» (RTBF) à Charleroi

Coup de sifflet final des «Héros du Gazon» (RTBF) à Charleroi
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le Stade du Pays de Charleroi était le théâtre, dimanche soir, du match de gala de l’équipe d’Yvoir B. Après neuf mois de coaching, c’est l’heure du bilan pour l’une des pires équipes de foot de Belgique…

«Les Héros du gazon», c’est la nouvelle téléréalité de la RTBF se basant sur un concept de la chaîne flamande VIER, où l’objectif était de remettre en selle une équipe de cyclistes.
Pour le sud du pays, c’est de football que va parler l’émission.

Haut l’humain !

Les tournages ont débuté en janvier dernier. Le choix du football s’est imposé pour la Wallonie, où ce sport est plus populaire que la course à vélo. «Il fallait trouver une équipe qui accepte de relever le défi», précise le producteur, Olivier Evrard (qui n’était pas interdit de stade malgré les derniers événements !). «L’idée n’était pas trouver la pire équipe de Belgique, mais une équipe qui peinait dans les classements. Nous avions pensé à 4 ou 5. L’autre gros travail, était que les joueurs assument leur classement, et surtout qu’ils aient envie de progresser.»

Une téléréalité sur la RTBF !

C’est donc l’équipe d’Yvoir B (en Provinciale 4 à Namur) qui été retenue. Avec plus de 150 buts encaissés en une demi-saison, la perle était toute trouvée. «Mais le but n’est pas de se moquer», ajoute Jean-Michel Germys, directeur des divertissements de la RTBF. «Ce qui nous intéressait, c’est le côté humain du programme (coproduit avec Endemol, NDLR). Les joueurs sont drôles, touchants et très attachants.».

Le modèle francophone sera un peu différent de celui du nord du pays. «La trame est la même, c’est le dépassement de soi et l’évolution», précise Germys. «La différence repose dans la façon de monter l’émission, la façon dont on écoute. Chez nous, on aime les à côtés, et on a été assez proche d’eux.»

C’est une émission de téléréalité, mais la RTBF se défend de vouloir être trash. «On prend une équipe en bas du classement, mais il ne faut absolument pas que ce soit une mauvaise aventure pour eux», conclut le producteur.

Un entraînement diabolique

Le coaching n’a pas été simple. Ce sont des joueurs amateurs qui prennent beaucoup de plaisir à jouer, mais aussi à se retrouver pour une troisième mi-temps très arrosée. «Lorsque je suis arrivé la première fois dans le vestiaire», décrit Léo Van der Elst, ex-Diable Rouge et entraîneur pour le programme, «ils buvaient de la bière avant le match. J’ai rapidement fait changer les habitudes.»

Notons aussi que l’équipe à une moyenne d’âge de 35 ans. La condition physique n’est plus celle de leurs 20 ans… «Il y a eu beaucoup de boulot», sourit Michaël Lecluyse, coach sportif dépêché par la production. «On les a encadrés comme des professionnels pour relever la barre. Le principal était de changer les approches. Ils aimaient surtout rigoler et faire la fête, il a fallu remettre un peu d’ordre. Honnêtement, le courant est passé assez vite, et ils ont vite compris qu’ils avaient besoin de coaching.»

Il faut souligner aussi que pendant cette période, les entraînements se faisaient après des journées de travail. Un exploit qui en a découragé quelques-uns, avoue-t-on… «C’est vrai que j’ai réfléchi avant d’accepter», raconte Van der Elst. «C’était un challenge pour moi aussi, car je ne parle pas très bien le français et je devais faire 3 heures de trajet tous les jours.»

La surprise a été totale lorsque les joueurs ont appris que c’est celui qui a porté la Belgique en 1/2 finale de la Coupe du Monde en 1986, au Mexique, qui allait les entraîner.

L’apothéose à Charleroi

Dimanche soir, c’était l’apothéose du coaching. Grâce à Medhi Bayat, directeur du Sporting de Charleroi, la rencontre «de gala» a pu se faire dans un stade digne de ce nom. Près de 200 personnes avaient fait le déplacement pour supporter les équipes.

Les Yvoiriens jouaient contre l’équipe féminine d’Anderlecht. Benjamin Deceuninck était au bord du terrain pour assister au match. Contrairement à ce qui avait fuité dans la presse, il ne sera pas le présentateur du programme (ni la voix off). Son rôle était d’abord de faire de la consultance et d’apporter sa connaissance du football au service de la production.

Il n’apparaîtra qu’à la toute fin du programme. «Je vais jouer mon propre rôle», explique le journaliste sportif. «Donner mes analyses du match, comme je le fais d’habitude. Cette expérience m’a permis de découvrir un autre aspect du métier, plus dans le domaine de la production. J’ai beaucoup aimé», confie-t-il.

L’ambiance était très festive au Mambourg. Les supporters d’Yvoir savent y faire pour animer une tribune. Est-ce que les joueurs vont battre un équipe féminine de 1re Division et faire honneur à leur entraîneur de marque ? La réponse, avant la fin de cette année, sur La Une…

Pierre Bertinchamps

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