Corinne Masiero surprend dans «Boomerang» : «J’espère que les téléspectateurs s’interrogeront aussi»

Corinne Masiero © France 2/Ch. Lartige
Nicole Real Journaliste

Le temps du téléfilm «Boomerang» (ce mercredi sur France 2), l’héroïne de «Capitaine Marleau se joint à la lutte contre le harcèlement et les discriminations du quotidien.

Ce mercredi à 21 h 10, France 2 propose une soirée continue consacrée aux agressions sexuelles au travail. Pour alerter et aider à briser les tabous concernant les violences et les discriminations, la chaîne diffuse «Boomerang» une fiction suivie d’un débat et d’un documentaire.

Actrice engagée, Corinne Masiero n’a pas hésité à jouer le rôle principal de «Boomerang».

Pourquoi avez-vous eu envie de jouer ce personnage ?

Je ne calcule pas un personnage, je regarde surtout ce que le film raconte. «Boomerang» dénonce le harcèlement sous toutes ses formes, mais surtout donne à réfléchir face à des agressions qui semblent ne pas en être pour les victimes parce que, à cause de l’agresseur qui est peut-être un ami, un collègue ou à cause d’une situation ambigüe, elles n’en ont pas conscience. L’état de sidération peut provoquer une espèce de déni qui amène la victime à se sentir coupable. Ne cherchons pas d’excuse, une agression est une agression. Dans cette fiction, la vision non manichéenne de l’agresseur, qui est aussi dans le doute, m’intéressait. Ce téléfilm ne se contente pas de dénoncer les faits mais propose de réfléchir ensemble à trouver des solutions.

Dans votre interprétation, vous êtes-vous inspirée de votre propre vie ?

Dans tous les personnages que je joue, il y a toujours des moments où je fais référence à mon vécu. Toute ma vie j’ai subi des agressions de toutes sortes mais jamais dans mon milieu professionnel de comédienne. L’agresseur peut être une personne plus ou moins sympathique et moi-même j’ai été agressée par des gens que je considérais comme des amis. Sur ce tournage, les discussions entre tous les techniciens et comédiens soulevées par chaque scène étaient chouette. J’espère que les téléspectateurs s’interrogeront aussi sur le pourquoi du comment.

Pour vous, un rôle doit-il forcément défendre une cause ?

Oui puisque je ne tourne que ce genre de rôle. Même si le film raconte (et pourquoi pas ?) l’histoire à l’eau de rose entre une biche et un renard, j’arrive toujours à trouver le moyen de faire écho à mon vécu personnel. En tant que comédienne, c’est ma manière de tenter d’exprimer la vérité du jeu.

Le succès a-t-il changé votre vie ?

Il a changé mon rapport aux autres et, au bout d’un moment, mon rapport à moi-même. Avec des professionnels, j’ai été obligée de retravailler sur ce que je pensais représenter, accepter et pardonner ou pas, des événements de mon passé et oser m’accepter en tant personne de sexe féminin en me regardant autrement.

Vous sentez-vous obligée de partager les retombées de ce succès avec votre entourage ?

Oui absolument parce que si on ne partage pas ces moments de vie d’une beauté et d’une intensité aussi forte avec les gens qu’on aime, cela ne sert à rien. Les vivre seul dans son coin, c’est triste et frustrant.

N’avez-pas été dépassée par cette notoriété ?

Complètement, au point que durant une période, lorsque des inconnus m’adressaient la parole, j’avais l’impression qu’ils parlaient à mon double du petit écran. Cette situation me foutait les boules car je ne supportais pas de ne pas être aimée pour ce que je suis mais pour ce que je représente. Être interpellée par le nom du personnage me rendait malade. À l’étranger, comme personne ne me connaissait, je retrouvais un comportement normal.

Ressentez-vous toujours du plaisir à jouer le personnage de Marleau ?

Si un personnage me soûle, j’arrête. Pour chaque épisode, Marleau offre l’avantage d’être carrément un film inédit. Chaque fois, c’est la découverte de tourner avec une nouvelle équipe technique recrutée dans la région et des comédiens toujours incroyables. Chaque fois, c’est une rentrée des classes avec l’excitation de douter et d’angoisser à l’idée de ne pas décevoir Josée Dayan. De toute façon, il est convenu entre nous que le jour où l’une ou l’autre s’emmerde, on arrête. Mais à mon avis, ce n’est pas demain la veille !

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