Condamnation de TPMP : est-ce possible en Belgique ?

Condamnation de TPMP : est-ce possible en Belgique ?
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Depuis dix jours, «TPMP» n’a pas le droit de proposer de la pub dans l’émission en France. Serait-ce possible en Belgique ?

La méthode a été décriée en France, notamment par les premiers concernés, le groupe Canal+, qui trouve la sanction un peu démesurée. Pour deux manquements, en novembre et en décembre 2016, l’émission «Touche pas à mon poste» se voit interdire, par le CSA français, de vendre de la pub dans et autour du programme pendant trois semaines. Le manque à gagner est estimé à une fourchette qui va de 2 à 6 millions d’euros. Le rapporteur indépendant du CSA ne préconisait qu’une amende de… 50.000 €.

Et chez nous ?

Une telle condamnation est-elle possible en Belgique ? Oui et non. D’abord, au niveau des montants, on arriverait difficilement à la même somme. Par contre, le CSA belge peut frapper fort aussi. Il ne peut pas toucher à la publicité directement, ce n’est pas dans son catalogue de sanctions (à l’inverse du CSA français), mais il a la possibilité d’infliger des montants qui représentent un certain pourcentage du chiffre d’affaires de la chaîne (de l’éditeur, en fait). Et même 2 voire 3%, ça peut coûter cher ! À ce jour, aucune condamnation n’en est arrivé là, en Belgique.

En France, le CSA a donc une arme pour toucher directement là où ça fait mal. Et Cyril Hanouna a tenté d’inverser la vapeur en demandant de ne pas interdire la pub dans son programme, mais de reverser l’argent récolté à des associations. Un joli coup de pub pour Hanouna, et surtout un moyen de limiter la casse. En effet, la régie de Canal+ qui vend les espaces de pub conserverait sa commission. Ensuite, en faisant des dons à des associations, la chaîne et/ou le producteur bénéficierai(en)t de réductions d’impôts, au même titre qu’un quidam qui verse plus de 40€ au Télévie ou à Viva For Life. Au final, la note serait bien moins salée voire compensée… Voilà pourquoi le président du CSA, Olivier Schrameck n’a pas réagi.

 

Rappelons que concernant la Belgique, le CSA de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas compétent pour traiter des plaintes qui lui reviennent concernant «TPMP». Le programme est diffusé sur Plug RTL qui est sous la coupe du régulateur luxembourgeois. Et si la chaîne ne diffuse pas la séquence (comme celle du canular homophobe du prime «Radio Baba», par exemple), c’est exclusivement le CSA français qui est compétent. Dans les deux cas, Bruxelles transmet les plaintes à Luxembourg ou Paris.

Et justement, pour cette séquence assez litigieuse, si le CSA condamne une nouvelle fois «TPMP», Hanouna risque gros puisque le gendarme des médias devra tenir compte des antécédents de l’émission.

Pierre Bertinchamps

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici