Concours Reine Elisabeth : «Pour la première fois, le jury a pu applaudir !»
La finale de la session piano est diffusée chaque soir de cette semaine à 20h05 sur La Trois. Marina de Waha, productrice pour la RTBF du Reine Elisabeth, détaille le dispositif spécial du Concours Musical International Reine Elisabeth.
À l’image de l’Eurovision, la RTBF et la VRT se partagent la production du Concours Reine Elisabeth. Cette année, la chaîne francophone prenait en charge les demi-finales, et la chaîne flamande, la phase finale. L’an prochain, les rôles seront inversés. Bien sûr, les plateaux avec Caroline Veyt et Patrick Leterme (ou Pierre Solot) sont réalisés pour et par les équipes de La Trois. Marina de Waha, productrice au secteur Culture-Musique, fait le point sur un concours classique en temps de pandémie.
Qu’est-ce qui a changé cette année ?
Dans l’organisation, c’est du gros changement, parce qu’au lieu d’y avoir 12 finalistes, ils ne sont que 6. Les candidats sont réduits de moitié en demi-finale et en finale. Pour la première épreuve, on avait atteint les chiffres habituels qui est proche des 60 (56 exactement). Les sessions sont donc plus courtes avec un seul candidat par soirée. Et l’épreuve m’a semblée plus cohérente puisqu’ils devaient enchaîner le concerto et la sonate. Avant, c’était réparti sur la semaine. Le Reine Elisabeth reste le concours le plus dur du monde, et les organisateurs ont donc trouvé une sorte de parade pour qu’il conserve son statut malgré ces changements dus à la pandémie.
Est-ce plus difficile de jouer sans public ?
C’était déroutant pour les candidats, mais en même temps, pas mal d’entre eux sont habitués à participer à des concours en huis-clos. Donc ça n’a pas été trop perturbant. En demi-finale, on avait travaillé la lumière pour qu’ils sentent une chaleur et une présence. Le jury est plus important, passé de 8 à 10, et pour la première fois en 50 ans, il était autorisé à applaudir les candidats. Ce qu’ils n’ont jamais fait pour rester dans une forme de neutralité. Bien sûr, ils doivent aussi rester neutre dans l’applaudissement. Ils saluaient la performance artistique plus que la session. À l’antenne, ça donnait une certaine chaleur… Pour la phase finale, il y a un orchestre, et les présences royales sont limitées.
Vous n’avez pas pensé à un public digital ?
Non, on a préféré travailler autrement… Dans ce genre de captation, un public digital n’aurait pas apporté grand-chose.
Les audiences sont plus élevées ?
Ici, ça ne change pas grand-chose, d’autant que les sessions sont plus courtes.
Pourquoi le duo d’animateurs change ?
C’est un choix éditorial. En demi-finale, nous sommes en direct sur La Trois, Musiq’3 et Auvio avec le même signal. Pour la finale, on splite les antennes : Caroline Veyt et Patrick Leterme jouent plus sur le prestige et le glamour ; et le côté musicologique est laissé à Musiq’3 qui a une antenne très longue ces soirs-là.
Ce côté plus glamour a réussi à rajeunir le public du Reine Elisabeth ?
En télé, on ne rajeunit pas vraiment mais on a plus de téléspectateurs qu’une soirée «Tempo Classique» sur La Trois qui fait 50.000 personnes en moyenne. Le CMIREB monte jusqu’à 90.000 téléspectateurs. Si rajeunissement il y a, c’est qu’on attire plus de quadragénaires et de quinquagénaires. Mais au fur et à mesure des années, il y a un léger rajeunissement du public où on passe de 69 ans à 67 ans… Mais c’est toujours élevé.
Et les jeunes des académies ?
Pour les toucher, cette année, on lance du contenu sur Twitch. J’admets que c’est un grand écart, mais on ne va pas écouter la finale en streaming. Ce qu’on veut faire, c’est réunir un maximum de jeunes musiciens pour parler du Concours. C’est Timothy Chooi, 2e lauréat du Concours Reine Elisabeth 2019, session violon, qui animera la chaîne. On parlera notamment des possibilités de carrière dans la musique, des conseils pour les études… C’est un autre type d’antenne, ce n’est pas pour y écouter le CMIREB mais pour échanger et discuter avec d’autres musiciens. Il faut savoir que le Reine Elisabeth a été le premier concours à être streamé. Les organisateurs étaient à la recherche d’un nouveau moyen de communication pour mettre en avant le Concours.
Ces changements vont persister ?
Je ne me prononcerai pas à la place des organisateurs, mais des choses positives ressortent aussi de cette configuration covid. Ce n’est pas nous – à la RTBF – qui décidons si des modifications vont être apportées.
Est-ce plus facile de capter un concert classique qu’un concert rock ?
C’est plus facile, parce qu’on a une partition, on sait à quoi s’attendre… (rires) La partie plus compliquée est de chercher l’originalité. Depuis que la télévision existe, on diffuse des concerts classiques. Il faut dépoussiérer le genre, c’est là que se situe notre travail.
Vous avez également travaillé sur l’Eurovision, c’est le plus grand écart de la RTBF…
Et même sur «The Voice Belgique» ! Ça reste des bons produits, avec le même objectif : rechercher le meilleur du candidat, raconter la plus belle histoire, tout en mettant en scène de la façon la plus belle pour garder le téléspectateur le plus longtemps possible. Pour moi, ce sont des programmes d’excellence. Et la semaine dernière, j’étais devant l’Eurovision. Je reste une fidèle parmi les fidèles, et je suis très triste de ne plus collaborer à l’Eurovision et à «The Voice».
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