Clotilde Hesme : «C’est rare de se voir proposer des rôles aussi originaux»

Clotilde Hesme © Arte
Nicole Real Journaliste

Ce jeudi 20 février à partir de 20 h 55, Arte diffuse les trois épisodes de la mini-série «Amour fou», un thriller domestique dans lequel s’entrecroisent blessures intimes et intrigue diabolique dans la vie d’un couple apparemment heureux.

L’actrice Clotilde Hesme s’est saisie, avec jubilation, du rôle de Rebecca, une manipulatrice hors pair qui dissimule un lourd secret.

Qu’est-ce qui vous a passionnée dans ce thriller domestique ?

Cette histoire, de vengeance mais aussi d’amour fou, traite de la relation puissante et ambiguë qui lie deux êtres. À la lecture du scénario, le portrait de cette femme absolument démente, dans tous les sens du terme, m’avait frappée. Pour une fois, ce n’était pas une femme qui s’émancipe grâce à l’amour mais une femme seule qui, face à son drame, cherche une solution. J’étais contente car il est rare de se voir proposer des rôles aussi originaux. J’ai aussi aimé la complexité de ce personnage et le fait que ce thriller laisse de la place à l’humour et à une certaine ambiguïté tout en maintenant une réelle tension. Ce suspense très surprenant, jalonné de nombreux rebondissements, avait aussi, dans sa construction très ingénieuse, une force de narration et du récit tellement intelligente qu’elle nous permettait, à nous acteurs, d’endosser les personnages sans aucune difficulté.

Comment avez-vous appréhendé votre personnage dont le prénom fait référence au roman de Daphné Du Maurier et au film d’Hitchcock ?

Ce trouble de la personnalité de Rebecca, qui dissimule une certaine folie derrière l’attitude normale d’une femme douce et aimante, nous permettait de disposer d’une grande liberté de jeu. Si je ne porte aucun jugement moral sur la manière dont Rebecca résout son problème, en tant qu’actrice son cheminement personnel était passionnant à jouer. Moi qui suis très férue de faits divers et qui petite, rêvais d’être criminologue, avec elle, j’étais servie !

Qu’est-ce qui vous intéresse dans les faits divers ?

La psychiatrie et la criminologie m’ont toujours fascinée et grâce à ce personnage, pouvoir tester presque charnellement ce comportement décalé était jubilatoire. À partir d’une situation apparemment normale, personne ne s’attend au drame qui surgit sans crier gare. Dans la vie, inutile de le nier, il existe une fascination de l’horreur et la fiction, par des récits, de la réflexion et du partage, permet de la vivre sans culpabilité.

Quels repères aviez-vous pour rester, durant tout le tournage, dans la peau de Rebecca ?

Pour arriver à incarner un personnage sans l’avoir jamais vu ou rencontré, on se réfère à des modèles, et pour bien mentir, il faut une bonne mémoire. Comme il est impossible de jouer le mensonge, on joue chaque situation et chaque scène avec la plus grande sincérité. J’adore les scènes physiques car j’aime bien utiliser mon corps pour incarner un personnage et dans la scène où je devais porter Jérémie Renier dans les escaliers, j’ai été servie (rire) !

Que pensez-vous de Jérémie Renier ?

J’étais heureuse de travailler avec lui. C’est un acteur, à la fois sensible et très professionnel, dans le sens noble du terme. Il maîtrise son art sans essayer de l’imposer et se laisse volontiers surprendre par ses partenaires.

Quel regard portez-vous sur ce personnage et sur le téléfilm ?

Ce téléfilm montre concrètement, le comportement au quotidien des gens souffrant des troubles de la personnalité exprimés par des accès d’humeur et une dévalorisation de soi-même, souvent suivie d’une idéalisation de l’autre. Ce sont des personnes qui naviguent à vue sans avoir conscience de la portée et des conséquences de leurs actes. La trajectoire de Rebecca est forcément monstrueuse car elle échappe aux principes de la morale. Une fois ce constat posé, il nous semblait important de ne pas l’aborder comme un être implacable et démoniaque. Les mensonges de cette femme, faite de chair et d’émotions, la mettent en danger. Mais de son point de vue, elle ne ment pas. Cette sincérité, sans cesse borderline, était à la fois passionnante et amusante à jouer.

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