Clémenceau : le dernier grand amour du Tigre

Adapté de l’ouvrage de Nathalie Saint-Cricq, le téléfilm narre la dernière passion du Tigre (Émilie Caen et Pierre Arditi) © France 2/Effervescence/Philippe Warrin

À la fin de sa vie, Georges Clemenceau vécut une ultime passion pour une éditrice vosgienne de quarante ans sa cadette. Un sujet évoqué ce lundi à 21h10 sur France 2 avec le téléfilm «Clemenceau, la force d’aimer».

«Mettez votre main dans la mienne, je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir, c’est notre pacte.» Une jolie phrase qui transforma la vie de Marguerite Baldensperger, que rien ne prédestinait à devenir l’ultime amour d’un personnage hors norme de l’histoire de France, Georges Clemenceau.

Il est alors âgé de 82 ans, elle en a quarante de moins… Cette passion fait l’objet du téléfilm inédit diffusé lundi soir sur France 2, avec Pierre Arditi et Émilie Caen.

Brillant orateur

Georges Clemenceau naît dans une famille de la bonne bourgeoisie républicaine le 28 septembre 1841, en Vendée. D’abord maire du 18e arrondissement de Paris dès 1870, en plein siège de la capitale par les Prussiens, puis au cœur du mouvement insurrectionnel de la Commune, il tente vainement de s’interposer pour ramener le calme.

Six ans plus tard, le voici député à l’Assemblée nationale où, comme chef de file des Radicaux, il siège à l’extrême-gauche de l’hémicycle et se fait remarquer par sa brillante éloquence. Revanchard face à l’Allemagne, anticolonialiste convaincu, ses relations privilégiées avec l’Angleterre et le scandale du canal de Panama, dans lequel son nom est cité, lui valent de perdre son siège.

Père la Victoire

L’affaire Dreyfus permet à Clemenceau de revenir au premier plan comme propriétaire du journal L’Aurore, qui publie le célèbre «J’accuse» d’Émile Zola, prenant ainsi la défense de l’officier juif condamné pour haute trahison. Revenu aux affaires publiques, il dirige le gouvernement le plus long de la IIIe République, actant la séparation définitive entre l’Église et l’État.

Rejeté ensuite dans l’opposition, il reprend du service dans le gouvernement Poincaré en 1917. Avec son célèbre «Je fais la guerre», il lutte contre tous les défaitistes au point qu’on le surnomme «le Tigre», avant de recevoir le titre plus glorieux de «Père la Victoire». Il participe activement à la conférence qui aboutit à la signature du traité de Versailles, où son rôle le rend responsable des erreurs commises par les alliés dans leur soif de vengeance contre l’Allemagne.

1920, Paul Deschanel, qui gagne l’élection présidentielle, a raison de sa vie politique et Georges Clemenceau consacre alors les neuf dernières années de sa vie aux voyages, à l’écriture et à ses…amours.

Marguerite

Clemenceau a 82 ans. Il est fatigué, las de ses combats. Marguerite Baldensperger vient de perdre sa fille aînée. Elle écrit au Tigre déchu pour lui proposer d’écrire un livre pour la nouvelle collection qu’elle vient de fonder chez Plon. C’est le début d’une passion qui durera six ans…

Georges lui consacre ensuite 668 lettres qui ne seront publiées qu’en 1970. Le félin que l’on croyait sans cœur offre une autre facette de sa personnalité. Lui qui aime fréquenter les salons littéraires des jolies femmes est ici amoureux, délicat, avec une candeur presque juvénile.

Marguerite, originaire de Saint-Dié, dans les Vosges, affiche alors la quarantaine et a un mari, Fernand Baldensperger, éminent professeur de littérature à la Sorbonne et à Harvard. Ce dernier est au courant de la liaison que son épouse entretient avec l’ancien homme d’État. Il le rencontrera d’ailleurs lui aussi.

Cette relation improbable nous est retracée dans le remarquable ouvrage que la journaliste politique de France 2, Nathalie Saint-Cricq, lui a consacré sous le titre «Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir» (Éd. L’Observatoire, 2021) et sur lequel est basé le téléfilm de lundi soir. Nul doute que cette phrase accompagne Georges Clemenceau quand il sent le dernier souffle l’emporter à la suite d’une crise d’urémie, le 24 novembre 1929.

Cet article est paru dans le Télépro du 2/11/2023

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