«Cinquante degrés nord» n’est pas tout à fait mort !
Le magazine s’arrête sur Arte Belgique, mais une offre d’information culturelle sera présente sur le Web. Vive AZ-ZA !
Pour refermer ces huit années en beauté, ce ne sont pas moins de 140 acteurs culturels ou opérateurs qui vont se succéder sur le plateau d’Éric Russon, dans trois numéros spéciaux, ces 24, 25 et 26 décembre, à 20.00, sur Arte Belgique. L’occasion à la fois de remercier de la confiance offerte par les opérateurs à «Cinquante degrés nord» et surtout de faire le point sur les évènements à venir lors du prochain semestre. On sait déjà que la nouvelle émission de la RTBF, qui devrait prendre le relais, ne sera pas à l’antenne à la rentrée de janvier, ni même dans les semaines qui vont suivre. Histoire de boucler la boucle, c’est à Flagey (là où est né «Cinquante degrés», le 25 septembre 2006) que les trois ultimes émissions ont été enregistrées, il y a dix jours.
«Un très mauvais signe !»
Si sur le plateau, l’ambiance était à la bonhommie, en coulisse, ça riait beaucoup moins. L’audience de «Cinquante degrés nord» n’était pas mirobolante, mais n’était pas désastreuse non plus. Un évènement ou une expo qui passait dans l’émission voyait sa fréquentation augmenter parfois de plus de 20 %, nous dit-on. Et l’émission avait fait son trou dans le milieu culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. «C’est émouvant de revenir dans la dernière», explique Sandra Zidani, qui avait travaillé la première saison comme chroniqueuse. «L’émission tenait aussi au talent et au professionnalisme d’Éric Russon qui a donné un ton et un rythme pour que «Cinquante degrés nord» avance.» La suppression du programme sonne un peu comme signal d’alerte. «Ça m’inquiète, parce que nous sommes dans une société où on ferme des musées. L’an dernier, c’était le statut des artistes qui était remis en question.», ajoute l’humoriste. «Une société qui commence à brûler les livres et s’attaquer à la culture, c’est un très mauvais signe, le signe d’une montée de l’extrémisme. Et pour nous, c’est une vitrine en moins !» Zidani ne mâche pas ses mots : «Je m’inquiète des décisions politiques prises en ce moment. Il y a une vrai culture en Belgique francophone, et notre pays doit faire attention à ses artistes…»
La suite sur la Toile
«Cinquante degrés nord» se retrouve dans le cimetière du PAB, mais l’aventure ne s’arrête pas pour autant. D’une part, les salariés de Média Res restent et d’autre part, le monde culturel ne va pas s’arrêter de tourner. Ce sont les moyens mis pour en parler qui seront différents, avec la plateforme Web, AZ-ZA.be pour «la culture de A à Z et de Z à A». «Par la force des choses, nous devons nous tourner vers d’autres moyens de diffusion.», explique Patrick Paulo, producteur. «Cinquante degrés nord», c’est une trentaine de personnes qui s’occupent de l’émission. C’est aussi une des rares rédactions culturelles à part entière en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il ne s’agissait pas de se dire qu’on allait arrêter et faire une belote au bureau en attendant la suite ou la fin…» Les forces vives du programme vont poursuivre sur leur lancée. «Nous avons une expertise depuis près de neuf ans, et nous n’imaginions pas ne pas créer de contenu.» C’est sur le Web que les choses vont dorénavant se passer.
Trois minutes pour convaincre
Certes, les moyens sont plus humbles Il n’y aura plus de plateau comme sur Arte, mais des séquences liées à un évènement culturel, toujours avec Éric Russon. «Ce sera différent parce qu’on est sur un support nomade. On ne regarde pas sur le Web un programme de 40 minutes.» L’idée est donc de créer des séquences de trois minutes s’appuyant sur l’actualité et la mettant en perspective. «Si on parle d’une pièce, on pourra expliquer en quoi monter des grands classiques est essentiel pour comprendre des faits de sociétés actuels. On va renseigner, donner les clefs et expliquer.» La logique de 2014 n’est plus celle de 2008, avec une diffusion multiple, plus seulement en télé. «On crée un contenu, mais on va avoir besoin des sites des opérateurs culturels pour diffuser nos séquences. Et aujourd’hui, une quarantaine a rejoint le projet, ce sont les plus gros opérateurs comme les Musées royaux, la Cinématek, l’ORW, le Théâtre Le Public, Le Varia, Le Théâtre du Parc… L’adhésion a été totale autour du projet», assure le producteur.
La plateforme est en ligne depuis le début du mois. La Ministre de la Culture, Joëlle Milquet, a débloqué un subside pour lancer le concept. Reste à retrouver le public de «Cinquante Degrés» qui va peut-être un peu moins sur la Toile.
En télé, sur La Une, c’est le magazine de la conso, «On n’est pas des pigeons !» qui sera désormais rediffusé en fin de soirée. Tout un symbole…
Pierre Bertinchamps
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