Christopher Bayemi : «L’Homme est lié à la nature»

Charlie Bruneau et Christopher Bayemi © France 2/Scarlett/Philippe Le Roux
Nicole Real Journaliste

Samedi à 20h55, La Une propose l’épisode pilote d’«À l’instinct», une future série policière dont l’un des enquêteurs, incarné par Christopher Bayemi, se révèle être un fin limier grâce à son instinct infaillible. Rencontre.

Qui est Téva ?

À l’âge de 10 ans, pendant six ou sept mois, Téva a vécu tout seul dans la jungle. Pour survivre, il a naturellement développé tous ses sens de façon aiguë. Cette histoire est très humaine.

Avez-vous été surpris qu’on vous propose ce premier rôle ?

Ma carrière évolue doucement, mais sûrement. Pour ce téléfilm, j’avais très bien compris que ce n’était pas un premier rôle, mais un binôme puisque je partageais l’affiche avec Charlie (Bruneau, ndlr).

Comment avez-vous réagi à la lecture du scénario ?

J’ai été surpris car le personnage sortait vraiment de l’ordinaire. Le scénario audacieux, qui sortait des sentiers battus, prenait le pari de convaincre les téléspectateurs à croire à un personnage qui avait développé des capacités un peu spéciales et qu’il utilisait dans son job d’officier de police. En plus du challenge excitant, le point fort était son vécu en Guyane et son rapport à la nature. Pour souligner cette singularité, la réalisatrice m’a d’ailleurs incité à jouer avec ma dimension physique et ma sensibilité.

Avec Charlie Bruneau vous formez un duo avec des personnages antinomiques. L’entente entre vous a été immédiate ?

Oui, parce que Charlie et moi avions déjà travaillé, mais séparément, avec la réalisatrice Myriam Vinicour à l’époque où elle était chef-opératrice. Cette seule référence m’a suffi à rester serein et ouvert à toutes les suggestions de la part de Charlie. Comme nous sommes très complémentaires, Charlie et moi avons, très naturellement, trouvé chacun notre place dans le tandem.

Dans la vie, quel rapport entretenez-vous avec la nature ?

J’ai grandi à Plaisir, une petite cité de la banlieue parisienne qui, en 1988, lorsque nous y avons emménagé, était entourée de verdure. Ma mère, qui est née au Cameroun, dans la savane, possède, comme moi, une fibre champêtre. L’homme est de toute façon lié à la nature et sans elle, il n’est pas viable.

Êtes-vous sensible à la défense de l’environnement ?

C’est une cause qui m’intéresse beaucoup. Je n’ai malheureusement pas le temps de m’impliquer activement dans ce combat, mais si je peux aider à une prise de conscience à travers mon métier, je le fais avec plaisir.

Quel sens partagez-vous avec Téva ?

Nous ressentons de l’empathie pour les autres. Comme lui, je perçois les vibrations et les humeurs des gens.

Quel autre sens de Téva auriez-vous aimé aussi posséder ?

Peut-être la vue, parce que parfois mon côté naïf, dans le bon sens du terme, m’empêche de regarder plus profondément.

Ressentez-vous une évolution au niveau de la diversité dans l’audiovisuel ?

Elle est très nette. En 2016, lorsque je suis sorti de l’école de théâtre, j’ai eu la chance de décrocher mes premiers contrats. Mais durant les deux premières années, on ne m’a proposé que des rôles très stéréotypés comme le voyou, le voleur, le violeur ou l’homme de ménage. Ces dernières années, j’ai senti une vraie différence, mais je me demande si ce n’est pas aussi le fait d’avoir progressé dans le métier qui me permet aujourd’hui d’avoir des propositions plus variées.

Continuez-vous de jouer le médecin légiste dans la série «HPI» ?

Pour l’instant, c’est prévu. J’y donne la réplique à des comédiens formidables, dans un rôle qui m’aide à progresser, et situations cocasses sont agréables à tourner. Néanmoins, si «À l’instinct» se décline en série, je n’aurai plus trop le temps de continuer à jouer dans «HPI».

Une blessure vous a empêché de poursuivre votre carrière sportive pour décrocher un titre de champion d’athlétisme. Le regrettez-vous ?

Une partie de moi le regrette et je l’ai ressentie encore plus fortement lors des JO de 2016. Si tout s’était passé sans accroc, j’aurais pu y participer. D’un autre côté, je suis fier car même si la vie nous oblige à changer de chemin, l’essentiel est d’avoir un horizon.

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