Christophe Deborsu : «Le Belge est parmi les plus racistes d’Europe»

« Les gens se sentent menacés par ce qu’ils voient à la télé. Les médias ont un rôle à jouer », analyse Christophe Deborsu © RTL Belgium/Olivier Pirard
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Pour un nouveau numéro du magazine «Je vous dérange» (ce vendredi à 19h50 sur RTL tvi), le journaliste Christophe Deborsu traite d’un sujet qui fâche…

Le racisme est la thématique de « Je vous dérange », le magazine qui plonge au cœur de la controverse, vendredi soir sur RTL tvi. « Des études sur le racisme et la tolérance nous classent parmi les plus « racistes » en Europe », explique son animateur, le journaliste Christophe Deborsu. « J’étais très surpris, j’ai voulu le vérifier et savoir pourquoi. »

Une enquête surprenante, loin des clichés, et qui se veut malgré tout constructive.

Quelles sont les raisons de ce « classement » ?

Honnêtement, c’est un peu mystérieux. Les études montrent que les Wallons sont aussi racistes que les Flamands. Ces derniers le sont pour des raisons culturelles, parce qu’ils ont l’impression que leur langue est menacée. Quant aux Wallons, ils invoquent des dangers plus économiques.

Est-ce que cela se confirme sur le terrain ?

Je me suis rendu à Beauraing (en province de Namur), une entité éloignée des grands centres-villes. Durant une heure de micro-trottoir, j’ai interrogé une vingtaine de personnes. Une quinzaine d’entre elles critiquaient «l’aide que l’on donne à certains et pas à d’autres» pour justifier leur «aversion» pour l‘étranger. Le collectif Ceci n’est pas une crise a démontré que deux tiers des Belges estimaient l’immigration excessive. À Beauraing, bien qu’il n’y en ait quasi pas, « les habitants se sentent menacés », sans doute influencés par ce qu’ils voient à la télévision. Les médias ont clairement un rôle à jouer.

Y a-t-il une explication plus « scientifique » ?

J’ai interrogé le professeur Steven Laureys, neurologue et neuroscientifique à l’ULiège. Il explique que le cerveau humain, depuis que l’homme est homme, met en branle un mécanisme de défense face à tout ce qui est étranger, et qui pourrait constituer une menace. Cet instinct l’a sauvé par le passé, or, il existe toujours. Une autre partie du cerveau, qui suscite un mécanisme de collaboration, pourrait tout à fait prendre le dessus.

Est-ce un échec du vivre-ensemble ?

Je ne parle pas d’échec, mais je pousse un cri d’alarme. Je ne fustige personne, ni une communauté par rapport à une autre. Nous allons, notamment, présenter un jeune humoriste de 21 ans, Mamadou Lamarana Bah, qui vient de Guinée et qui cherche à faire bouger les choses. Parmi les personnes issues de l’immigration, il y en a de plus en plus qui réussissent, or elles sont quasi toujours renvoyées à des stéréotypes. C’est pourtant un enrichissement pour notre pays.

En Wallonie, il n’y a pas d’extrême droite…

Ce phénomène n’est pas lié au racisme, mais plutôt au fait qu’il n’y a pas d’offre, et que les partis traditionnels ont capté une partie de cette colère de la population. À une période, c’était le PS, aujourd’hui, c’est plutôt le MR. Et notre cordon sanitaire – qui est unique en Europe – fonctionne plutôt bien.

Que pensez-vous du cordon sanitaire médiatique ?

Il me paraît très important. Pour moi, la démocratie a le droit de se défendre contre ses ennemis. La démocratie est très fragile, on le voit aux États-Unis actuellement, et il faut rester ferme. Il n’y a rien d’antidémocratique là-dedans.

Cet article est paru dans le Télépro du 17/4/2025

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