Christophe Beaugrand : «Je me sens un petit peu Belge»

Christophe Beaugrand © Isopix
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

L’animateur de TF1 vient défendre le drapeau tricolore dans l’émission spéciale «Belgique-France, je t’aime moi non plus», ce mardi à 19h50, sur RTL-TVI.

En marge de la rencontre ou la revanche – très attendue – Belgique/France en Nations League, RTL propose un divertissement pour réconcilier les Français et les Belges. Pour l’occasion, Jean-Michel Zecca a invité un collègue d’outre-Quiévrain, Christophe Beaugrand. «J’ai participé à un documentaire sur Annie Cordy avec la même société de production que cette émission», explique l’animateur de TF1. «Ils cherchaient un invité français pour défendre les couleurs bleu-blanc-rouge, et ils ont pensé à moi. C’était hyper-agréable».

Vous connaissiez déjà Jean-Michel Zecca ?

On n’a jamais travaillé ensemble. Il m’avait interviewé dans des émissions radios, et je l’ai croisé à RTL à Paris, mais on n’avait jamais eu l’occasion de faire un tournage ensemble, et on s’est vachement bien marré. On est sur la même longueur d’ondes. Le tandem fonctionne très bien, vous verrez…

Les supporters belges ont-ils été sympas avec vous ?

Ils étaient gentiment moqueurs, mais c’était drôle. L’idée était de jouer à fond l’autodérision. Je sais à quel point vous savez la manier… C’est en ça que je me sens un petit peu Belge ! J’ai été élevé au 10e degré avec mon papa qui a toujours eu beaucoup d’humour et de décalage. J’étais très à l’aise dans le programme. On s’est chambré pour montrer que oui, on peut être adversaires sur le terrain, et puis se marrer et boire des coups ensemble en dehors. Parfois, le foot excite quelques bas instincts, mais au final, Belges et Français sont des cousins qui s’adorent.

Vous aimez le foot ?

Je fais partie de ces personnes qui suivent le foot quand c’est l’équipe de France qui joue. Regarder le Championnat ne m’intéresse pas parce que ce n’est pas ma passion. Mais quand il faut défendre le pays, c’est autre chose. Le chauvinisme prend le dessus.

Hormis Eden Hazard, vous pouvez citer d’autres Diables Rouges ?

J’avais révisé pour l’émission… Kevin De Bruyne (ndlr : prononcé De Bruine) et Thibaut Courtois.

Cette rivalité franco-belge vous amuse ?

Je défends mon pays, évidemment… Il y a un petit côté jeu de rôle : on se chambre, mais il y a un petit peu de mauvaise foi derrière aussi. Ça fait partie du jeu, mais c’est plus pour rire qu’autre chose. Je n’ai jamais vraiment ressenti de rivalité avec la Belgique. On est plus rivaux avec les Anglais ou les Espagnols. Je suis très attaché à la Belgique et aux artistes belges qui viennent à Paris. Vous avez un certain état d’esprit et un humour hors du commun. Et je suis passionné de bandes dessinées, en plus. La Belgique me parle vraiment…

Qui va gagner le match, jeudi ?

Il me semble évident que ce sera le meilleur… et je vous laisse deviner de qui il s’agit ! (rires). Je ne veux me fâcher avec personne, je suis pour la paix des ménages ! J’ai tendance à être un peu pour les Français, évidemment. Et il ne peut pas y avoir une égalité. Si jamais les Belges gagnent, je serai content aussi. Vous avez une super-équipe, et vous méritez d’avoir votre «étoile».

Vous sortez un livre («Fils à papa(s)» chez Plon) où vous racontez le parcours pour avoir un enfant. Vous remontez loin dans votre vie privée

À vrai dire, j’avais commencé à écrire des petites choses tout au long du processus qu’on a eu pour avoir Valentin, mais pas du tout dans l’idée d’en faire un livre. C’était important pour moi d’écrire cette histoire familiale pour que notre petit garçon puisse tout savoir et qu’on n’oublie rien… C’est une aventure très riche. J’ai été contacté en 2020 par un éditeur qui avait lu une interview où je parlais de ma famille. Il voulait un témoignage sur les mères porteuses et la gestation par autrui (GPA). Il m’a convaincu que c’était important notamment pour les jeunes. Il m’a dit aussi de parler de mon adolescence pour aider d’autres qui découvrent leur homosexualité à cet âge-là. Finalement, ce retour en arrière m’a aidé à comprendre pas mal de choses sur moi, et cette envie, dès tout gamin, de devenir papa. J’espère que ça va toucher les gens.

C’est un livre à caractère militant, à quelques mois de la présidentielle française, pour mettre le débat de la GPA sur la table ?

Ce n’est pas un livre militant dans le sens où il n’y a pas d’engagement politique derrière. Et encore moins lui donner un lien avec l’élection de 2022. Mon garçon est né en 2019, c’est normal que j’écrive ce livre maintenant. Effectivement, c’est un livre engagé dans le sens où je m’intéresse à la société qui m’entoure. Ça m’intéresse de faire évoluer le regard des gens et les mentalités. C’est par là que ça bouge aussi. Chacun doit prendre ses responsabilités, et quand on a une certaine notoriété, on peut la mettre au profit de causes qui tiennent à cœur. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de mettre ce débat sur la table pour la présidentielle dans la mesure où les débats sont tellement hystérisés en ce moment, que ça fera plus de mal que de bien. Il ne faut pas que les familles homoparentales soient montrées du doigt et se retrouvent au centre de joutes politiques violentes. Les choses ne sont pas assez apaisées en France. Dans l’absolu, c’est une question où il va falloir avancer parce qu’il y a de plus en plus de familles concernées. Si la France ne reconnaît pas tout de suite la GPA sur son sol, il va falloir avancer sur la reconnaissance des enfants nés de la GPA à l’étranger, dont le parcours est trop complexe.

Le livre sortira jeudi prochain. Les premiers échos sont bons ?

Je commence à avoir des retours grâce à la presse. Ils sont hyper-émouvants. J’ai reçu un message du patron de TF1, Gilles Pélisson, qui me disait bravo d’être un exemple et de donner confiance à tous les couples du même sexe. Ça m’a ému… Je commence les dédicaces ce week-end, et je serai à Bruxelles (chez Filigranes), fin novembre. Ce livre va émouvoir les gens. L’envie de fonder une famille, c’est universel, hétéro comme homo.

Les choses bougent à la télévision française depuis que vous avez fait votre coming out ?

Je suis dans le groupe TF1 depuis plus de 20 ans. Je n’ai jamais eu l’impression d’être montré du doigt. Je ne pense pas que mon homosexualité m’a ralenti dans ma carrière. J’ai toujours parlé de qui j’étais et de ce que j’étais, notamment pour faire bouger les choses. On ne m’en a jamais tenu rigueur. Ça a pris du temps, mais ça commence à avancer. Je suis heureux de contribuer au vivre ensemble, même si je suis sur une chaîne privée. En tant que première chaîne de France et d’Europe, on a cette responsabilité-là aussi. On doit faire bouger les choses. Je suis convaincu que c’est possible, et je suis un grand optimiste. Et même si à un moment donné, mon homosexualité a posé problème, je ne l’ai pas su, et je préfère ne pas le savoir. Si c’était pour bosser avec des cons, je n’aurais rien loupé ! (rires)

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