La série inspirée de la catastrophe nucléaire de 1986 débarque ce mercredi à 20h05 sur Tipik. Si elle a été un franc succès au moment de sa sortie, elle n’a pas plu à tout le monde.
26 avril 1986, République socialiste soviétique d’Ukraine, URSS. Le réacteur 4 de la centrale nucléaire Lénine explose. La zone radioactive doit être évacuée. Des milliers de personnes quittent leurs foyers. Des nuages toxiques survolent l’Europe.
Cancers et morts… la catastrophe nucléaire de Tchernobyl affecte de nombreuses familles à travers le monde. La minisérie «Chernobyl», mercredi soir sur Tipik, revient sur ce récit glaçant aux conséquences désastreuses.
Authenticité
Quand il s’agit de catastrophes et d’explosions, Hollywood n’hésite pas à jouer la carte du spectaculaire. Mais avec les cinq épisodes de «Chernobyl», HBO mise sur la sobriété et l’authenticité. Certains téléspectateurs russes assurent même avoir retrouvé un bout de leur enfance. Ce qui confère un gage de qualité à la minisérie.
Pour plus de réalisme, son créateur, Craig Mazin, a choisi de tourner en Lituanie, dans l’ancienne centrale nucléaire soviétique Ignalina. Elle était équipée des mêmes réacteurs que Tchernobyl. «Beaucoup de membres de l’équipe étaient lituaniens. Ils représentaient une formidable ressource car ils savaient si quelque chose était authentique ou non», explique Emily Watson, actrice de la série.
Offensive russe
Après la diffusion de la série américaine, les médias pro-Kremlin ont exprimé leur mécontentement. Le chroniqueur prosoviétique Anatoly Vasserman s’exclame : «Si les Anglo-Saxons filment quelque chose sur les Russes, cela ne correspondra certainement pas à la vérité !» Argoumenty i Fakty, un journal populaire, a, quant à lui, qualifié la série de «caricature mensongère».
Une version russe des événements par la chaîne publique NTV est d’ailleurs en préparation. Aucune date de diffusion n’est annoncée. Le scénario a pour parti pris de placer la CIA en position du «méchant». L’émission racontera la poursuite d’un agent infiltré dans la centrale.
Le Moscow Times, journal indépendant, s’est exprimé à ce sujet : «Plutôt que de rendre un vibrant hommage à ces hommes et femmes qui ont tout sacrifié pour enrayer le désastre de Tchernobyl, Moscou nous donne un thriller basé sur une théorie conspirationniste.
Le fait qu’une chaîne américaine, et non russe, raconte le récit de nos propres héros est une source de honte que les médias pro-Kremlin ne parviennent pas à faire oublier. Et c’est la vraie raison pour laquelle ils trouvent erronée la série «Chernobyl» de HBO.»
Tourisme
Étant donné le succès retentissant de la série, de nombreux touristes souhaitent découvrir les lieux de la catastrophe. Selon The Guardian, l’ancienne zone radioactive de Pripyat, en Ukraine, accueillait environ 9.000 visiteurs en octobre 2018. Un an plus tard, et après la diffusion de la minisérie, ils étaient plus de 17.000.
Certaines organisations de tourisme en profitent et se laissent tenter par le merchandising en vendant, par exemple, de la crème glacée «radioactive», des t-shirts à l’inscription «DANGER – ZONE RADIOACTIVE» ou des canettes contenant de l’air de Tchernobyl… Qui dit tourisme de masse, dit aussi dégradation. Les guides locaux constatent la présence de nombreux graffitis ou des cadenas d’amoureux.
Le créateur de la série se dit abasourdi par ce manque de respect. «C’est merveilleux que #ChernobylHBO ait inspiré une vague de tourisme dans la zone d’exclusion», a-t-il écrit sur Twitter. «J’ai vu les photos circuler. Si vous visitez, n’oubliez pas qu’une terrible tragédie s’y est produite. Comportez-vous avec respect pour tous ceux qui ont souffert et se sont sacrifiés.»
Cet article est paru dans le Télépro du 4/11/2021
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