Charlie Bruneau : «La jalousie est inexcusable»
Mercredi à 21h10, France 2 diffuse «La Vie rêvée des autres», une fiction librement adaptée de l’affaire Flactif qui avait bouleversé Le Grand-Bornand, en Haute-Savoie.
En 2003, le meurtre d’un promoteur immobilier, de son épouse et de leurs trois enfants, dans un chalet en Haute-Savoie, avait défrayé la chronique judiciaire. Trois ans plus tard, les coupables étaient condamnés à de lourdes peines de prison.
Dans ce téléfilm inédit, l’actrice Charlie Bruneau (44 ans) incarne Karine Petit qui, avec son mari Franck, décide de quitter le Nord pour respirer le grand air de la montagne. C’est elle qui poussera Franck au crime…
Connaissiez-vous l’affaire Flactif ?
Très bien car ma tante était monitrice de ski au Grand-Bornand, le lieu où s’est déroulée la tragédie. À l’époque, je l’ai perçue exactement comme elle a été traitée dans le téléfilm : une horrible histoire de jalousie qui, poussée à son paroxysme, a fini par engendrer de la haine. Même si en arrière-plan il y avait aussi du racisme, ce drame est avant tout le résultat d’une jalousie morbide, provoquée par le refus d’accepter la réussite de ce promoteur immobilier qui n’était pas originaire de vallée.
Comment avez-vous abordé le personnage de Karine Petit ?
Lui trouver de l’humanité a été très compliqué. Pour interpréter cette femme, il était essentiel que j’arrive à la comprendre, sans pour autant l’excuser. Une grande partie de mon travail a consisté à rechercher une façon de l’aimer.
Accordez-vous à cette femme, pétrie de jalousie, des circonstances atténuantes ?
Non, aucune. Karine ne participe pas physiquement au meurtre de la famille, elle ne tue personne, elle se contente juste de téléguider son mari vers l’irréparable. Il n’y a aucune possibilité de justifier ces meurtres. En revanche, j’ai compris son sentiment d’infériorité, cette impression d’être sans cesse rabaissée qu’elle ressent par rapport à cette famille et qui a suscité en elle cette haine dévastatrice.
Dans la vie, la jalousie est-il un sentiment excusable ?
C’est un sentiment que je comprends car il nous est tous arrivé, surtout enfant, de le ressentir. La jalousie n’est pas excusable, mais elle est explicable. Dans le téléfilm, il manque à tous les personnages une ouverture d’esprit qui leur permettrait de dépasser cette jalousie. Ils ne sont pas bêtes, mais comme ils ne l’ont jamais appris, ils ne comprennent pas que c’est par le travail qu’on obtient ce qu’on veut. Lorsque Karine commence à percevoir cette vérité, il est trop tard. Ce sont des adultes restés en enfance. Ils ont grandi sans être élevés.
Pensez-vous à la réaction d’Alexandra Lefebvre, la «vraie» Karine Petit, à la vue du téléfilm ?
Je me demande ce qu’elle va percevoir de l’histoire qu’on a tournée. Je ne connais pas Alexandra Lefebvre, mais pour s’identifier au personnage de Karine Petit, il faudrait qu’elle soit capable d’avoir pris assez de recul, ce que j’ignore totalement.
Cet article est paru dans le Télépro du 22/2/2024
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