Charles Neuforge : «J’ai passé 5 jours au couvent» (interview)

Charles Neuforge : «J'ai passé 5 jours au couvent» (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Ce vendredi à 19h45, «Reporters», sur RTL-TVI, propose une nouvelle immersion. Cette fois, c’est dans le couvent de Brialmont, près de Liège, que Charles Neuforge a posé ses caméras. Une découverte surprenante et sans tabou, dans la foi et la simplicité.

Pourquoi avoir choisi un couvent pour cette troisième immersion de «Reporters» ?

Nous essayons de mettre en évidence des choses moins connues du public. Rencontrer des personnes qui ne font pas la une des journaux. C’était le cas avec les sans-logis et les personnes âgées des maisons de retraite. Un couvent est un endroit qui me pose question. Et au-delà de ça, qu’est ce qui motive des personnes à vivre recluses, alors que nous sommes dans une société où nous sommes connectés et interconnectés en permanence.

Va-t-on comprendre pourquoi elles ont fait ce choix ?

Je ne sais pas si on va le comprendre, mais on va entendre pourquoi. Chacune ayant ses motivations particulières et chacune arrivant là avec un parcours de vie déjà bien rempli. Il y a une ancienne secrétaire d’un magazine féminin, ou une dame devenue veuve, qui a trois enfants et des petits-enfants, et qui a décidé d’entrer dans les ordres alors que ce n’était pas du tout programmé au départ. Leurs parcours convergent vers le même lieu et la même cause.

On est loin du cliché des sœurs qui dédient leur vie aux ordres…

Celles que j’ai rencontrées me parlent toutes de la même chose. Une vocation qui naît vers la trentaine, sauf pour la sœur qui est veuve. Personnellement, je n’avais pas cette image d’Epinal sur les sœurs qui entrent très jeunes dans les couvents.

Et qu’en pensent leurs familles ?

Ce qu’elles nous disent de leur famille, c’est que l’annonce a été un choc. Pour celle qui a des enfants, ils reconnaissent que leur mère est heureuse et que ça fait du bien de la voir comme ça. Elle dit elle-même que c’est un choix sans regret, mais que ce n’est pas facile.

Un couvent est un lieu très fermé, c’était facile d’y faire entrer des caméras ?

Dans un premier temps, j’ai frappé à la porte de monastères traditionnels, comme la mythique Abbaye d’Orval. J’ai eu à chaque fois des refus ou des réponses positives, mais avec un «revenez plus tard». Mon idée de départ était soit d’aller dans un endroit que l’on connaît parce qu’il est réputé, soit de découvrir le rite monial, et là, les portes se sont rapidement ouvertes, il n’a pas fallu faire trop de tractations. On a fait des repérages et on a rencontré la Mère abbesse. À partir du moment où le feu vert a été donné, tout a été ouvert. À aucun moment, il n’y a eu des interdictions de filmer. Concernant la présence des caméras, après le premier jour (le principe de l’immersion de «Reporters», c’est cinq jours de tournage, NDLR), on avait déjà l’impression que notre équipe n’était pas là et que nous ne dérangions pas le quotidien. Les choses se sont passées de manière assez naturelle, et ça ne correspondait pas à ce qu’on pensait. Je m’attendais à une vie beaucoup plus fermée dans l’enceinte de l’abbaye.

Les couvents ne font pas la une de l’actualité, mais il n’y a pas en arrière-plan l’histoire de Michèle Martin et les sœurs de Malonne ?

Non, et c’est vrai que j’aurais pu vous le vendre comme ça. Mais sincèrement, ce n’est pas le cas. Et dans l’absolu, j’avais imaginé programmer cette immersion dans un couvent aux alentours de la Noël.

D’autres immersions sont prévues la saison prochaine ?

On va remettre tout à plat, que ce soit pour le format des immersions ou l’émission de base de reportages, pour savoir sur quoi on repart en septembre. Il n’y a pas encore de décision prise pour l’avenir. L’heure du bilan arrive seulement.

«Reporters» achète des documentaires à l’étranger. Est-ce que vos documents sont aussi vendus à l’export ?

C’est une société tout à fait indépendante de la rédaction qui gère la distribution des programmes, mais on a déjà vu, par hasard, lorsqu’on était en vacances ou en mission en l’étranger, nos images sur des télévisions locales. Donc je pense que oui, nos reportages intéressent les autres pays aussi. C’est une belle reconnaissance de notre travail.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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