Ce lundi dès 21h, TF1 lance symboliquement la campagne présidentielle française

Ce lundi dès 21h, TF1 lance symboliquement la campagne présidentielle française
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Tout ce qu’il faut savoir sur le grand débat diffusé en direct sur la première chaîne de l’Hexagone.

Le Conseil constitutionnel français a validé samedi les candidatures des onze candidats ayant récolté les 500 parrainages nécessaires pour se présenter au premier tour de l’élection présidentielle française du 23 avril. Même si l’ouverture de la campagne officielle n’intervient que le 10 avril, son coup d’envoi symbolique sera donné lundi soir à 21h00 avec le débat opposant sur TF1 les cinq candidats actuellement crédités de plus de 10% dans les sondages.

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C’est la première fois qu’un débat télévisé opposera cinq candidats dans la course à l’Elysée. L’exercice sera réitéré à deux reprises : le 4 avril sur les chaînes d’information BFMTV et CNews, et le 20 avril sur la chaîne publique France 2, seulement trois jours avant le scrutin.

L’enjeu pour les candidats sera de convaincre les très nombreux indécis désemparés par une campagne qui ne ressemble à aucune autre sur de nombreux points.

Donnée gagnante du premier tour depuis des mois par les enquêtes d’opinion, Marine Le Pen peut compter sur un socle électoral fidèle qui ne faiblit pas malgré les démêlés judiciaires dans lesquels elle est empêtrée. Quinze ans après son père, elle pourrait devenir la seconde représentante de l’extrême droite au second tour du scrutin présidentiel. La présidente du Front national est cependant annoncée battue dans tous les cas de figure à ce stade.

Au cours des cinq prochaines semaines, Mme Le Pen va devoir construire une image de présidentiable pour attirer suffisamment d’électeurs afin de créer la surprise le 7 mai. Parmi ses propositions phares, on retrouve une augmentation du budget de la Défense visant à atteindre 3% du PIB, l’abrogation du mariage pour tous, la sortie de l’euro et de la zone Schengen, ainsi que l’organisation d’un référendum sur la sortie pure et simple de l’Union européenne.

Coqueluche des médias et actuel favori des sondages pour le deuxième tour, Emmanuel Macron semble jusqu’à présent parfaitement mener sa « stratégie du météore ». Inconnu du grand public il y a trois ans, il entre sous le feu des projecteurs en août 2014 lorsqu’il remplace Arnaud Montebourg au ministère de l’Economie. Il quitte ses fonctions deux ans plus tard avec l’ambition à peine voilée de succéder à son père spirituel François Hollande à l’Elysée.

Emmanuel Macron se revendique « progressiste », « ni de droite, ni de gauche ». Patiemment, il s’est allié une large part des sociaux-démocrates et réformistes du PS, qui ne se retrouvent pas dans la candidature de Benoît Hamon, des centristes, avec le soutien de poids de François Bayrou, et de certains élus écologistes et de droite. L’enjeu crucial pour lui sera de convaincre les Français de la force de son programme, qu’il a distillé tardivement, et du sérieux de sa candidature, alors que ses concurrents l’attaquent sur son jeune âge (39 ans) et son manque d’expérience en politique.

Seul proeuropéen assumé dans cette campagne, M. Macron propose la mise sur pied d’un budget de l’Union sous la férule d’un super-ministre, ainsi que la constitution d’un Conseil de sécurité européen. L’ancien banquier d’affaires entend également baisser l’impôt des entreprises et faire voter une loi de moralisation de la vie politique, dans un pays choqué par l’affaire Fillon.

En janvier, Les Républicains et toute la droite française étaient convaincus que François Fillon deviendrait le huitième président de la Cinquième République, assuré de la victoire face à une gauche en lambeaux et une extrême droite entretenant toujours un fort pouvoir de répulsion. A peine deux mois plus tard, la qualification de l’ancien Premier ministre semble relever du domaine de l’improbable. Fragilisé par les soupçons d’emplois fictifs pesant sur sa famille, renonçant à retirer sa candidature en cas de mise en examen comme il l’avait promis, le député de Paris n’a dû son salut qu’à l’absence de plan B fédérateur dans sa famille politique.

Son programme, sur lequel il a travaillé deux ans, allie une vision économique ultra-libérale avec des positions sociétales résolument conservatrices. Celles-ci lui ont valu le soutien de Sens commun, l’émanation politique de la Manif pour tous. François Fillon propose une baisse des dépenses publiques de 100 milliards d’euros et la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires. L’abrogation des 35 heures, la construction de 16.000 places de prison et la réécriture des programmes d’histoire figurent dans son plan de bataille.

Candidat d’un PS atomisé après un quinquennat mortifère pour le parti de gouvernement, Benoît Hamon part avec un retard sur ses adversaires. Vainqueur surprise de la primaire de gauche, l’ancien ministre de l’Education s’est fait remarquer par sa proposition sur le revenu universel. Après avoir perdu beaucoup d’énergie à nouer un compromis avec le candidat écologiste Yannick Jadot, qui s’est retiré en sa faveur, le député des Yvelines a tenté un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon qui n’a jamais abouti. La mise en place d’une taxe sur les « superprofits », la construction de 150.000 logements sociaux par an et la sortie du nucléaire dans les vingt-cinq ans étayent son programme placé à la gauche de la gauche.

Dernier candidat face aux caméras lundi soir, Jean-Luc Mélenchon se présentera galvanisé par le succès de sa « marche pour une Sixième République » tenue samedi en présence de plusieurs dizaines de milliers de personnes. S’affranchissant d’une machine de parti pour cette élection, le député européen se présente sous l’étiquette de « La France Insoumise ».

Jean-Luc Mélenchon participe pour la deuxième fois à la course à la magistrature suprême. En 2012, il avait obtenu 11,10% des suffrages, arrivant en quatrième position. Parmi ses propositions clés, on retrouve l’interdiction des licenciements boursiers, l’augmentation du smic, la renationalisation d’EDF et d’Engie et le recrutement de 60.000 professeurs.

Le débat de lundi soir, qui doit durer trois heures, se structurera sur trois axes: la société, l’économie et la place de la France dans le monde. Les discussions s’ouvriront par ailleurs sur la question : « Quel président voulez-vous être ? »

Six candidats n’ont pas été invités au débat: Nicolas Dupont-Aignant (Debout la France! ), Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Jacques Cheminade (Solidarité et progrès), Jean Lasalle (Résistons! ) et François Asselineau (Union populaire républicaine). Samedi, M. Dupont-Aignan a vertement fustigé ce qu’il qualifie de « biais démocratique ». Il a ainsi quitté le plateau du JT de TF1 en plein direct, reprochant le manque de visibilité dont souffrent les « petits candidats » alors que ceux-ci doivent déjà batailler avec beaucoup moins de moyens que leurs cinq « gros » concurrents.

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