Cathy Immelen : «La Génération Y actuelle est la charnière de l’Humanité !»

Cathy Immelen : «La Génération Y actuelle est la charnière de l’Humanité !»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

C’est une première pour Madame Cinéma, la RTBF lui confie toute une soirée de direct, sur La Deux, pour comprendre les joies et les peines, les craintes et les espoirs de la Génération Y.

Après plus d’un an d’enquête, l’UER et la RTBF révèlent les résultats d’une étude sur le ressenti de la génération des 18-34 ans. Celle qui finalement n’a connu les «Trente glorieuses» qu’au détour d’un cours d’histoire. Celle qui a l’impression d’avoir – peut-être – été sacrifiée par ses aînés. Pour mieux comprendre ce qui anime les jeunes, Cathy Immelen sera à la tête d’un talkshow, et entourée de chroniqueurs de choix : le DJ Henri PFR, Abdel En Vrai, Jean Jass, Opaline Meunier, la Youtubeuse Lufy, Olivia Borlée et Guillermo Guiz. Le tout sera aussi en streaming sur Facebook Live, avec Bénédicte Deprez de Pure FM.

«Génération Quoi ?», ce sera quoi ?

Un talk en direct et en public où on va analyser les chiffres de l’enquête dont la RTBF parle depuis des mois, mais plus particulièrement depuis une semaine. Moi, je vais faire la conclusion de tout ça, avec par exemple, le sociologue qui a conduit l’enquête en Belgique francophone. En plus, il y aura six jeunes chroniqueurs qui ont répondu au questionnaire. Ce sont des personnalités ‘assez fortes’ de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un peu des leaders d’opinion. Et dans le public de la salle des Halles Saint-Géry, on va reconstituer le profil général de la jeunesse en Fédération avec les mêmes proportions. Le tout avec des capsules d’humour de Kody, des reportages pour illustrer les thèmes et des sets de musique en live. Le but est de briser les clichés que les autres générations portent sur la génération Y.

C’est à ce point-là ?

Les résultats sont assez interpellants ! Même moi qui suis à peine sortie de l’âge concerné, j’ai été surprise. Les préoccupations des jeunes, ce sont l’écologie et la recherche (et surtout le fait de trouver) un emploi. C’est une génération en crise qui se pose beaucoup des questions sur son avenir. À l’inverse, c’est peut-être aussi une génération plus décomplexée par rapport à l’amour et sa façon de voir le sexe. Est-ce vrai ou pas ? On va prendre idée reçue sur idée reçue pour confirmer ou infirmer avec les chiffres de l’enquête.

Selon vous, c’est une génération qui a été sacrifiée ?

C’est plutôt une génération charnière. Leurs parents ont mis en place et ont conforté le système actuel, que ce soit au niveau économique, politique et écologique. On consommait du plastique en s’en foutant que ça se retrouve dans les océans, le pétrole était roi… Des décennies égoïstes et consuméristes. Maintenant, on se retrouve avec un système totalement inégalitaire, et les jeunes sont les héritiers de tout cela. S’ils ne bougent pas leurs fesses, et qu’ils ne prennent pas conscience de leur rôle, la planète va exploser ! Je suis un peu pessimiste, je l’avoue. On l’a vu avec Trump et le Brexit, les plus âgés sont plus communautaristes, et donnent l’impression de vouloir moins d’ouverture sur le monde. La Génération Y doit prendre les choses en main ! C’est la charnière de l’Humanité. Peut-être que je regarde trop de films, mais je n’ai pas envie que dans vingt ans, ce soit comme dans «Mad Max» où les gens se tapent dessus pour de l’eau…

Vous avez senti chez les jeunes, cette envie de changer les choses ?

À mettre en parallèle avec les résultats de l’enquête, ils en sont conscients, mais par contre, il y a un manque d’engagement. Ils le savent. Oui, il faut consommer bio le plus possible. Oui, il faut emprunter les transports en commun. Oui, il faut faire du sport. Mais, ils ne se bougent pas de trop. Il y a des petites choses qui se font, mais ce n’est pas étendu à toute la jeunesse. Parce qu’une grande partie de ces jeunes a comme principale préoccupation de trouver du travail, pour se faire sa place dans la société. À la question «Pensez-vous que vous vivrez mieux que vos parents ?», 75% répondent ‘non’ ! La crise économique supplante la crise écologique. Avant d’aller sauver les dauphins dans les océans, les jeunes aimeraient d’abord avoir de quoi manger.

Selon eux, il faudrait attendre deux générations pour que les choses s’améliorent. Info ou intox ?

J’espère que non ! J’ose espérer qu’il y aura une vague de front à un moment donné pour que ça bouge. Pour le temps que ça va prendre, je ne suis ni politologue, ni économiste. J’ai un côté très pessimiste, mais si on continue comme ça, avec quelqu’un comme Trump à la tête des USA, les quatre prochaines années ne seront pas très faciles pour tout le monde.

Comment avez-vous été choisie ? Vous étiez demanderesse ?

J’ai reçu un SMS de François Tron qui me disait qu’il fallait qu’on se parle. Je pensais avoir fait une bêtise à l’antenne… En fait, c’était pour m’annoncer qu’il avait un super projet pour moi, qui était en travaux depuis un an et demi. Il voulait un truc qui ne ressemble à rien de ce qui se fait sur la RTBF d’habitude, avec un ton très personnel «à moi», sans langue de bois. C’est un exercice qui n’est pas le mien à la base. Mais c’était il y a juste… trois semaines !

C’est votre premier prime-time, en direct…

En fait, j’avais déjà fait un gros prime, sur Tintin, il y a quelques années. Mais ce n’était pas en public, et dans un sujet que je maîtrisais à mort. Ici, à quelques heures, je suis dans un état de stress comme je n’ai jamais été. J’ai mal au ventre ! J’ai peur, mais je sais aussi que tout ce que je vais faire là n’est pas nouveau. Gérer un débat, je l’ai fait dans «Ciné Station». Parler en public, je le fais dans des avant-premières cinéma… Après, c’est la combinaison de tout, avec un thème dont les idées ne viennent pas de moi ! Je suis la porte-parole d’une équipe qui bosse depuis 18 mois, c’est un tout autre rôle.

Il y a une envie de faire autre chose que des émissions sur le cinéma ?

Le cinéma me prend plus qu’un temps plein, et il m’épanouit énormément. Je ne suis pas demanderesse de plus de travail. Je ne suis pas Maureen, Jean-Louis ou Joëlle qui s’éclatent sur du divertissement. Je suis plutôt une fille du magazine qui travaille sur des contenus en amont. Sincèrement, je ne suis pas en demande d’un grand prime et de divertissement pur. Je ne serais pas à ma place. Mais on en reparlera mercredi matin. Je pourrais changer d’avis.

Vous allez vous retrouver face à «L’Amour est dans le pré», ça fait monter la pression ?

Je ne me suis jamais souciée de l’audience que je fais. Et de toute façon, ici, on est dans un mode particulier où le public visé par l’émission ne regarde pas forcément la télé. On mise sur le streaming et le Facebook Live. François Tron m’a dit : «On ne va pas péter les scores, et on n’est pas là pour ça !» L’objectif est de reconnecter la RTBF avec les jeunes.

Dans une génération (20 ans), que voudriez-vous qu’il change ?

La confiance des gens au monde politique, ou la naissance d’une alternative politique. Que des personnalités fortes arrivent à prendre le pas sur la politique politicienne. Les petits arrangements entre amis, je voudrais qu’on entende plus parler de ça. Que les citoyens soient suffisamment éduqués pour comprendre les enjeux des élections et ne plus voter par «dépit». Il faut élire quelqu’un qui porte des convictions et qui les fait entendre. J’aimerais tellement que ça change à ce niveau-là…

Entretien : Pierre Bertinchamps

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici