Caroline Veyt : «Sans Belge, le Reine Elisabeth n’est pas moins intéressant !» (interview)

Caroline Veyt : «Sans Belge, le Reine Elisabeth n’est pas moins intéressant !» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

C’est la dernière ligne droite pour le Reine Elisabeth. Toute cette semaine sur La Trois et Arte Belgique, Caroline Veyt et Patrick Leterme feront vivre le prestigieux concours depuis la loge. Rencontre.

L’an dernier, le dispositif a été rajeuni. Les retours étaient bons ?

En tout cas, les audiences ont été bonnes. Cette année, pour la première fois, il y a un engagement total de la part de la RTBF. On peut suivre toutes les épreuves depuis la phase éliminatoire. Et la demi-finale est aussi en télé. C’est du jamais vu. Il y a aussi un portail dédié qui rassemble tout. Vidéos, contenus écrits… de manière à pouvoir orienter les gens vers le média de son choix. Tout est concentré, et ça donne une visibilité globale, des séquences de Ouftivi, à Musiq’3 en passant par les vidéos de «De Zes/Les Six».

Il y aura aussi des nouveautés dans la présentation ?

On a décidé de ne pas avoir de canevas précis pour chaque soirée. On va plutôt préparer en fonction de l’invité. Il y aura un invité classique en loge pour donner un avis pertinent sur ce qui se passe. Et d’autres seront plus ouvert et moins spécialisés. Mais il faut qu’ils aient aussi quelque chose à dire sur la musique classique…

Vous préparez comment cette semaine de Reine Elisabeth ?

L’an dernier, il y avait le stress de la première et de se dire «est-ce que je serai prête ?» Maintenant, je sais ce que j’ai à faire, et je reconnais ne pas avoir suivi les épreuves éliminatoires parce que dans l’absolu, ça ne me sert à rien. Mais, j’ai lu tous les articles qui sortaient sur le sujet. Je me renseigne via la plateforme web. Je sais ce qui se passe au jour le jour, histoire de ne pas débarquer. Il faut être super au courant en amont. En 2014, il y avait l’envie et la peur de l’inconnu. Là, je suis rassurée parce que j’ai Patrick Leterme avec moi qui aura un avis de connaisseur. Mon boulot consiste à bien connaître mon sujet, mais surtout pas d’avoir un point de vue musical.

Patrick Leterme est sympa comme co-animateur ?

On s’entend bien et chacun a vraiment trouvé sa place. On n’occupera pas la même terrain. Il n’y a aucune raison qu’on se marche sur les plate-bandes… On a nos petits codes, et quand l’un veut intervenir, ça se passe très naturellement. L’idée est que chacun trouve son espace. Je pense que l’an dernier, il n’y a pas eu de frustration de part et d’autre.

Pas de Belges en finale du Reine Elisabeth, c’est comme pour l’Eurovision, il y a moins d’intérêt ?

J’espère que non ! C’est toujours dommage, parce que ça ajoute un peu de piment à la compétition. Et que pour les votes du public, c’est aussi plus stimulant quand il y a des Belges. C’est gai quand il y a un compatriote, une certaine fierté qui ressort. Mais ça ne rend pas du tout le Reine Elisabeth moins intéressant.

Vous préférez le violon, le piano ou le chant ?

J’aime beaucoup le piano, et je ne l’ai encore jamais présenté. J’ai découvert le chant, la session dernière, et j’ai beaucoup aimé, parce qu’il y a des histoires à raconter. Pour le violon, je suis curieuse de le découvrir. J’ai un peu l’impression qu’il y a moins de choses à raconter d’emblée.

Vous avez une formation de solfège ou de musique ?

Non. J’ai fait un tout petit peu de piano, il y a quelques années, avec un professeur particulier. Et je réfléchis, pour l’an prochain de prendre le temps d’aller suivre une formation à l’académie. Ça va m’aider et j’aime bien aussi faire les choses à fond !

Et le violoncelle ?

C’est un instrument magnifique, avec une sonorité que j’apprécie particulièrement. C’est prenant…

Cette nouvelle session va drainer un autre public ?

Peut-être. À ce niveau-ci, c’est difficile à dire. Par contre, c’est une bonne idée que l’on mette en avant cet instrument.

De «On n’est pas des pigeons !» à Madame Culture sur La Trois, le mélange des genres n’est pas trop compliqué ?

C’est vrai que ce sont des choses très différentes, et c’est aussi ça qui me plaît : ne pas être toujours monolithe. Je n’ai pas envie de devoir me dire : «si je fais cette chose-là, ça me ferme des portes pour autre chose…»

Vous arrivez à faire la part des choses ? Infotainment sur La Une et culture pointue sur La Trois…

Je vous avoue que je suis comme je suis… On change un peu selon la façon de traiter un sujet. Une fois, c’est devant une bande de cinq potes pour parler conso, et une autre, c’est une personne qu’on ne connait pas, mais on sait qu’il est important. Ce sont des plaisirs différents, mais les choses ne se télescopent pas non plus. Pendant le semaine du Concours Elisabeth, je n’apparaîtrai pas dans les «Pigeons». J’ai des cases, en fait. Début de semaine, je collabore à «On n’est pas des pigeons !», et la fin de la semaine, on me voit surtout sur La Trois.

Le public n’est pas dérouté ?

Non, je n’ai jamais eu de retour à ce niveau-là, ni de commentaires négatifs. Et je pense même que ce n’est pas le même public qui regarde les deux chaînes. Les gens me reconnaissent dans l’un comme dans l’autre.

Sur La Trois, on peut dire que vous êtes une speakerine ?

C’est vrai que je fais de la présentation de films et de documentaires, mais le terme speakerine ne me met pas forcément en valeur… Le but était d’arrêter de diffuser des programmes en vrac sur La Trois, sans qu’il n’y ait aucune explication.

C’est vous qui préparez vos interventions ?

Oui, j’écris mes textes, et j’essaie de savoir d’où vient le film, pourquoi il a été fait. Si je devais lire un texte préparé par une autre personne, je trouverais que ça n’a aucun intérêt. J’essaie de faire passer au téléspectateur les choses qui m’ont intéressée dans la présentation du programme, ce que j’ai ressenti, mais tout en essayant de rester neutre. Je ne vends pas l’émission. Je donne du sens à une programmation qui était très brute à l’origine.

Des projets ?

On reprend «Voisins, voisines», cet été. Je viens de tourner une émission à l’IHECS avec des jeunes qui présentent leur documentaire de fin d’études…

Et le magazine musical ?

Il y a des projets de documentaires qui sont des portraits d’artistes qui seront tournés cet été. Et pour la partie avec l’Orchestre philharmonique de Liège, c’est toujours en préparation… Et je vais sans doute y retrouver Patrick Leterme.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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