Caroline Proust : «J’ai envie de passer derrière la caméra»

Caroline Proust © Getty Images
Nicole Real Journaliste

Dans «Virage» (ce mardi à 21h10 sur France 3), Louise Bach (incarnée par Caroline Proust) doit jongler, non sans mal, avec sa famille et ses enquêtes.

Louise Bach, brillante flic, rate un flagrant délit et risque la vie de sa partenaire en répondant aux appels répétés de son fils qui la tanne. Cet échec la poursuit, jusqu’à mettre sa famille en danger.

Caroline Proust, vous incarnez l’héroïne, Louise. Pourquoi, pour un comédien, les rôles de flic sont-ils si intéressants ?

Les policiers sont en contact avec la réalité, ce qui donne toute latitude aux scénaristes pour aborder les problèmes sociétaux en menant, simultanément, une enquête qui tient en haleine les spectateurs. Les polars sont le meilleur moyen de plonger au cœur de la vie et d’ailleurs ce sont ces livres qui affichent les records de vente.

Le téléfilm aborde-t-il l’épineux problème de la conciliation travail/famille ?

Oui, précisément et c’est bien de montrer une femme active, une situation qui concerne une partie de la population. Nous vivons dans une société où il faut travailler intensément pour produire toujours plus. J’ai l’impression que des gens n’arrêtent pas de courir.

En tant que comédienne, avez-vous été parfois contrainte de choisir entre un rôle de fiction et celui de maman ?

Ma mère m’avait mise en garde sur l’impossibilité de mener de front une carrière de comédienne et une vie de famille. Je lui ai prouvé le contraire en m’occupant de mes enfants au quotidien, avec de temps en temps une aide extérieure. Comme j’ai eu des jumelles (Alice et Lily Cornillac, 23 ans, ndlr), j’ai malgré tout arrêté de jouer pendant six mois. Deux bébés à la maison, ça change la vie. J’ai donc pris le temps de bien m’organiser avant de recommencer à tourner. Mon énergie m’a permis de pouvoir être une mère attentive et présente.

Pourquoi avez-vous accepté d’incarner pendant neuf saisons le rôle de Laure Berthaud dans la série «Engrenages» ?

Dans cette série, Canal+ nous offrait une liberté qui, en 2004, n’existait sur aucune autre chaîne. Nous avons pu incarner des flics borderline dont les profils étaient complexes. J’avais tourné une autre série pour TF1 : les dialogues me tombaient des mains et on m’avait catégoriquement interdit de les retoucher ! La fiction française a bien évolué, la série «Sambre» en est un bel exemple.

Dans les journaux, on a soulevé l’idée de tourner une suite à «Engrenages». Qu’en pensez-vous ?

Ce sera sans moi, même si j’ai adoré y participer. La série s’est arrêtée en plein succès parce que nous n’avions plus le feu sacré. Laure Berthaud reste un personnage qui m’a marquée, mais j’avais envie de passer à autre chose.

Ce téléfilm est réalisé par Delphine Lemoine. Avez-vous ressenti une différence dans la manière d’être dirigée ?

Jusqu’il y a peu, les femmes réalisatrices étaient rares. Cela étant dit, même si, personnellement, je suis contente de voir des femmes accéder à des postes-clés, le sexe on s’en fiche. Ce qui est intéressant, c’est la vision de la personne qui réalise. Moi-même, j’écris un scénario, car j’ai envie de passer derrière la caméra.

Cet article est paru dans le Télépro du 23/5/2024

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