Camille Métayer : «Emma Bovary est telle que je suis»
Après «Germinal» et «Le Tour du monde en 80 jours», France 2 adapte un autre monument de la littérature française, avec la jeune Camille Métayer (23 ans) campant «Madame Bovary». À découvrir ce lundi à 21h05.
Comment avez-vous décroché ce premier grand rôle de votre jeune carrière ?
J’ai vécu une belle histoire ! À l’époque, je suivais des cours dans une école de théâtre à Paris. Je n’avais jamais passé de casting et pas d’agent non plus. Par hasard, un ami qui connaissait ma passion pour le roman «Madame Bovary» de Gustave Flaubert m’a informé d’une annonce cherchant une nouvelle Emma pour un téléfilm. Je me suis présentée à l’audition sans imaginer une seconde que je pourrais être retenue !
Pourquoi nourrissez-vous une telle passion pour ce roman ?
Au collège à Marseille, je l’ai lu pour la première fois durant l’été. L’histoire d’Emma Bovary m’a bouleversée au point de la relire plusieurs fois et d’acheter l’audiolivre raconté par Clémentine Célarié. Pendant un an, j’ai développé une obsession autour de cette héroïne. Heureusement, au fil du temps, elle s’est naturellement estompée. Mais je voulais même devenir prof de français pour transmettre mon amour des livres. Ce téléfilm est un retour inopiné d’Emma dans ma vie.
Qu’est-ce qui vous a tant touchée dans ce livre ?
La qualité de l’écriture de Flaubert et son personnage. Cette Emma, a priori très éloignée de moi, me donnait l’impression de mieux comprendre les femmes de la génération de ma mère ou de ma grand-mère. Sa rage de vivre à fond m’a beaucoup marquée.
N’avez-vous pas été effrayée par l’ampleur du rôle ?
Si et je pense l’être encore. Mais aussi vis-à-vis du roman lui-même. Il me fallait être juste en évitant de tomber dans l’excès d’une quelconque manière. J’avais peur de ne pas savoir rendre hommage à cette catégorie de femmes qui croient en leurs rêves et me touchent.
Qu’est-ce qui vous a aidée à incarner Emma ?
Les essayages des costumes, commencés longtemps avant le tournage, m’ont permis de la rencontrer. Ces tenues me donnaient beaucoup de détails sur la vie des femmes à l’époque. Ressentir d’abord physiquement Emma m’a permis de comprendre son caractère. Concrètement, les douleurs physiques causées par des robes corsetées pesant 40 kg empêchaient de partir de chez soi.
Partagez-vous sa vision idéaliste du sentiment amoureux ?
Oui, je comprends sa détermination à vivre l’amour de façon absolue. Elle me touche dans son envie d’y croire jusqu’au bout. Comme elle, j’ai envie de vivre intensément. Peut-être que chez moi, cela relève d’une certaine tyrannie de l’imaginaire et de l’absolu, qui est un sentiment d’adolescente. Mais j’ai envie de croire en la beauté des choses, en l’amour fou, qu’il dure ou pas. Je suis si romantique que je dois sans cesse maîtriser mon ascenseur émotionnel faisant passer sans transition d’un état à un autre.
Comment s’est passé votre travail avec les autres acteurs ?
J’étais très impressionnée et j’avais le trac de jouer avec ces acteurs reconnus et expérimentés. Mais ils ont fait preuve d’une grande bienveillance et m’ont mise à l’aise en me considérant comme une vraie partenaire. À leur contact, j’ai beaucoup appris. En outre, rire et échanger avec eux me permettaient de relâcher un peu la pression. Que je continue ou non dans ce métier, cette expérience m’a aussi appris à travailler en équipe et à moins me regarder le nombril pour mieux avancer dans la vie. Ce rôle restera dans ma tête comme un petit bijou unique et précieux.
Cet article est paru dans le Télépro du 9/12/2021
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