La réforme de l’audiovisuel public français est en marche. France 4 trinque et France 3 devra mieux se régionaliser.
C’était dans l’air depuis plusieurs semaines. France.tv va devoir faire des économies, et le gouvernement français vient de lui dicter les grandes lignes de sa réforme. Ce matin, Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, a présenté son plan pour l’audiovisuel public. Pas de grande surprise en soi, mais la disparition de France 4 est bien inscrite dans les astres.
France 4 va disparaître, ou presque. Pour la chaîne jeune(sse) de France Télé, le gouvernement préconise un passage exclusif sur le web. En fait, la France se calque sur ce qu’a fait la BBC, avec BBC THREE. En 2016, la chaîne cesse d’émettre sur les ondes anglaises et n’est plus disponible que sur les plateformes vidéo de la BBC (BBC iPlayer). Et le succès est là puisqu’avec ses nouveaux formats sur la Toile, la chaîne a séduit les jeunes. Objectif atteint ! En même temps, BBC THREE sur le web a fait économiser 60 millions d’euros à l’institution audiovisuelle britannique. France.tv va donc prendre le même chemin.
Autre chaîne sur la sellette : France Ô. Là, Françoise Nyssen laisse les coudées franches à France.tv. «Il faudra interroger nos concitoyens d’outre-mer et leurs élus pour déterminer si l’avenir est au maintien de France Ô sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières», explique la ministre. Le canal 19 est donc en sursis.
Enfin, France 3 est aussi au cœur de la réforme. Le gouvernement souhaiterait que la troisième chaîne triple ses décrochages quotidiens régionaux (passant de 2 à 6 heures). Et surtout, il serait demandé à France 3 de se rapprocher des antennes locales de France Bleu, le réseau régional de Radio France. «Une réforme de France 3, que 20 ans de tergiversations n’ont pas permis de prendre à bras le corps», précise Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions à l’AFP.
Bref, les prochains gros chantiers de Delphine Ernotte seront l’éducation et les offres pour jeunes, la proximité avec France 3 et France Bleu, l’information de service public, et la création européenne. La réforme demandée par la tutelle concernera aussi les autres entreprises publiques d’audiovisuelles comme TV5Monde, ARTE ou France Médias Monde (France 24 et RFI) où la synergie sera aussi le mot d’ordre.
La suppression de France 4 va libérer un canal sur la TNT : le numéro 14. Si on a longtemps cru que France Télévisions en profiterait pour rapatrier sa chaîne Franceinfo du bouton 27 (tout dernier) au 14, il n’en sera peut-être rien ! La distribution des canaux est une prérogative du CSA, pas du gouvernement. Et les chaînes BFM TV et CNEWS (Canal+), respectivement bien classées à la 15e et 16e place, risquent de faire un sacré lobbying auprès du régulateur pour conserver leur leadership.
La ministre n’a pas donné d’agenda précis, mais 2019 devrait être l’année charnière dans la mise œuvre des réformes.
Pierre Bertinchamps
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