Bruno Solo : « On peut tous avoir besoin d’aide ! »
À l’occasion de la Journée nationale des aidants, mardi 8 octobre, France 5 rend hommage aux citoyens qui assistent les personnes en perte d’autonomie ou en situation de handicap.
Dans le premier épisode de « Aidants, il est temps de les aider », pendant 48 heures, Bruno Solo a aidé Thierry, un homme de 45 ans atteint de la maladie de Charcot. L’acteur de 60 ans nous parle de cette expérience.
Avez-vous été surpris que l’on vous propose ce rôle d’aidant ?
J’étais surtout étonné qu’une émission soit entièrement consacrée à ce sujet essentiel pour nous, car nous sommes tous susceptibles d’être un jour aidants ou d’avoir besoin d’être aidés. Ce sujet est l’un des plus universels.
Avez-vous hésité à accepter la proposition ?
En raison du vécu de mon papa, qui a lui-même assisté sa compagne atteinte de la maladie d’Alzheimer, et par rapport à mon engagement depuis vingt ans pour l’association Perce-Neige, participer à cette émission ne me semblait pas illégitime. J’avais juste une petite interrogation sur l’engagement physique et psychologique inconditionnel que demanderait ce soutien.
Comment s’est établie la complicité avec votre « aidé », Thierry ?
Elle a été immédiate car sa première demande a été de l’aider à aller aux toilettes, ce qui, de sa part, était chouette et audacieux ! J’étais tout de suite confronté à l’intimité la plus absolue de ce monsieur que je connaissais depuis à peine un quart d’heure. Cette confiance, sans gêne et sans fausse pudeur, a en quelques minutes établit un lien amical très fort entre nous.
Dans ce rôle d’aidant, quelle a été votre plus grande difficulté ?
La force physique qu’il fallait déployer pour aider Thierry qui, ayant tous les muscles qui s’atrophient, n’a plus aucune force. Discuter, évoquer son avenir, ne posait aucun problème. En revanche, le moindre geste nécessitait un effort considérable. Le plus dur a été d’enfiler les chaussures, impossible de pousser son pied. C’était dingue ! Mais une fois que tu acceptes cette situation, il y a place pour la tendresse, pour l’humour, l’amitié et l’amour.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Je comprends mieux pour quelle raison les aidants intègrent dans leur vie, et sans jamais se plaindre, cette situation difficile et fatigante. Ce rôle d’aidant m’a aussi fait prendre conscience de la chance d’être un être humain valide capable de marcher, de manger, de partir ou de sortir selon ses envies.
Avez-vous des nouvelles Thierry ?
Oui, on se téléphone régulièrement. Lors de notre dernière conversation, je me suis aperçu que son élocution devenait plus difficile car ses muscles du larynx s’atrophient. Ce qui ne l’empêche pas, et c’est incroyable, de partir en famille d’abord en Bretagne, puis au Canada. Grâce à son boulot dans une compagnie aérienne, malgré la maladie, il continue de voyager à travers le monde avec femme et enfants.
Cet article est paru dans le Télépro du 3/10/2024
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