Brigitte Bardot réapparaît pour ses 80 ans (photos)

Brigitte Bardot réapparaît pour ses 80 ans (photos)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Ce mardi à 20.45 sur France 2, la «plus belle femme du monde» se livrera à Laurent Delahousse dans «Un jour, une histoire».

80 ans après sa naissance, 41 ans après son dernier rôle, 62 ans après sa première apparition dans un long-métrage, 58 ans après «Et Dieu créa la femme», film qui créa le mythe, Brigitte Bardot reste un sujet de fantasmes et… d’idées reçues.

Laurent Delahousse a recueilli les mots de la comédienne – elle n’avait pas participé à une émission télévisuelle depuis 2003 – et propose une histoire différente. La sienne.

Même les Beatles l’idolâtraient

Rarement une actrice a autant fasciné, attiré et excité les foules. Sex-symbol, femme fatale, femme enfant, icône de la mode et séductrice, dépravée ou évaporée, capricieuse et légère, boudeuse, engagée…, Brigitte Bardot, le fantasme, endosse quantité de titres et de qualificatifs pas toujours aimables.

Sa réputation déborde largement l’Hexagone, et toutes les nations lui font les yeux doux. Les Américains, par exemple, la veulent absolument dans «L’Affaire Thomas Crown» (1968) – où elle aurait pu jouer aux échecs avec le séduisant Steve McQueen –, ou encore au bras de l’irrésistible James Bond (joué alors par Sean Connery lequel, selon la légende, aurait, sur un tournage d’un film avec Bardot, attendu la belle dans son lit, nu avec chaussettes, pas si irrésistible que ça alors !).

Glenn Ford, Doris Day, John Wayne, ou encore Kirk Douglas, désirent travailler avec elle. Outre-Manche, les Beatles, tout particulièrement John Lennon et Paul McCartney, l’idolâtrent et envisagent de tourner avec elle sans que le projet n’aboutisse. Faye Dunaway lui doit le blond de ses débuts. «Tu seras le rêve impossible des hommes mariés», lui avait prédit Vadim. Elle est le rêve de tous. Pour son cauchemar à elle.

«Ma vie est une prison»

Du jour au lendemain, Brigitte Bardot passe de l’anonymat à la célébrité folle, de la tranquillité à l’agitation fébrile. Incarnation fantasmagorique, elle génère à chacune de ses apparitions des réactions hystériques que rappelle «Un jour, une histoire». Photographes, fans, adorateurs, mais aussi censeurs, ne quittent pas ses ballerines.

Alors que l’on lui imagine un quotidien digne d’un conte de fées, Laurent Delahousse révèle que la vie n’est pas simple pour celle qui est tout à la fois adulée, traquée, attaquée, malmenée et injuriée. «Vie privée» (1962), film oubliable de Louis Malle, où elle incarne une star harcelée, est une mise en abyme de ce qu’elle subit. Sur le tournage en Suisse, elle est injuriée et bombardée de tomates. L’équipe se déplace en France et en Italie où ne l’attendent que des kilotonnes de paparazzi que Bardot retrouve alors jusque dans sa maison de la Madrague.

Aujourd’hui encore, elle ne peut parvenir à goûter la quiétude de son refuge. Au même titre que les grands monuments français, ce dernier est désigné toutes les quinze minutes à des cohortes de touristes attentifs. On leur rappelle en six langues la vie et l’œuvre de l’habitante laquelle, pour éviter cette litanie incessante, s’est retirée un peu plus haut dans une nouvelle retraite, la Garrigue, où l’a retrouvée Laurent Delahousse. «Ma vie est une prison», lui déclare-t-elle, «une prison dorée, mais une prison.» Chaque jour, elle reçoit plus d’une centaine de lettres de fans venues du monde entier et des propositions filmiques.

Elle assume tout, y compris ses prises de position politiques

Happée par le mythe, construit malgré et autour d’elle, elle a eu parfois du mal à s’en dégager pour pouvoir vivre selon son envie et son tempérament. Solitaire, elle avoue s’intéresser plus aux animaux – comme l’attestent sa fondation et ses actions, un engagement incessant et primordial – qu’aux hommes. Le cinéma ne l’intéresse pas, et elle porte un regard détaché sur son parcours cinématographique.

L’émission présente beaucoup d’extraits et d’archives permettant de rendre compte de sa foisonnante et pourtant courte carrière – la comédienne décidant d’arrêter vingt ans après ses débuts. Rappelons quelques-uns des grands metteurs en scène qui la dirigèrent : Roger Vadim bien sûr, mais aussi Claude Autant-Lara, Robert Wise, Julien Duvivier, Henri Verneuil, Henri-Georges Clouzot, Louis Malle, Jean-Luc Godard, Edouard Molinaro, Robert Enrico, Christian-Jaque, Nina Companeez… De quoi se vanter !

Mais la star ne tire aucune gloire de son passé d’actrice, elle n’a d’ailleurs jamais aimé exercer ce métier. Loin de la légende, Brigitte Bardot se découvre une misanthrope, une solitaire, bien détachée aujourd’hui de ce que l’on peut dire ou penser d’elle. Elle s’est construite, déclare-t-elle, une carapace qui la protège des attaques. Elle revient sur son passé et ses passions, ses prises de paroles et ses opinions politiques et générales qui ont fait scandale.

Jamais elle ne cherche à se dérober, comme elle le dit à Laurent Delahousse, elle «assume tout».

Jean-Marc Melen et Michel Ginfray

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