Bo Van Spilbeeck : «C’est mon devoir de partager mon expérience !»

Bo Van Spilbeeck : «C’est mon devoir de partager mon expérience !»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce mercredi à 19h45, RTL-TVI lance une nouvelle émission de témoignage, en prime-time : «Life». Premier invité : Bo Van Spilbeeck, journaliste de VTM qui a changé de sexe.

Il y a un peu plus d’un an, Baudouin Van Spilbeeck, journaliste spécialisé dans les affaires aéronautiques chez VTM, faisait son dernier duplex à l’étranger en tant qu’homme. Quelques semaines plus tôt, il avait fait son coming-out et avait annoncé, à 58 ans, son intention de devenir une femme, Bo.

RTL et VTM ont suivi les étapes (avec la permission et la supervision du journaliste) du changement de genre. C’est ce parcours, avec le témoignage d’autres personnes qui vivent ou qui ont vécu la même expérience, qui alimente la nouvelle émission de Sandrine Dans, «Life». Un programme qui ne sera pas récurrent dans la grille de RTL-TVI, mais plutôt à caractère événementiel.

C’était évident de vous laisser suivre lors de la transformation ?

Au départ, je ne voulais pas. Je pensais juste à un petit sujet de maximum 2 minutes dans le journal. L’idée de base, c’était de faire un reportage d’une quarantaine de minutes pour VTM, avec mon dernier duplex, le chirurgien, la première consultation, etc… Pour VTM, c’est ma collègue Cathérine Moerkerke qui m’a suivi. C’est aussi une amie, qui sait depuis une dizaine d’années que je suis «femme à mi-temps». L’idée de cette immersion, on l’a eue ensemble… Pour que les choses soient claires, je ne voulais pas qu’on en fasse des tonnes, au moment de mon coming-out. Le documentaire, je le voulais pour plus tard…

Vous allez quand même loin…

Oui, plus loin que ce que je pensais. Et certainement dans mes confidences… Et vous ne verrez pas tout ! Il n’y a pas de gêne de ma part. J’ai le sentiment que tout ce que j’ai dit pouvait être dit.

Il y a dix ans vous n’auriez pas franchi le pas ?

Il y a vingt ans, un collègue est devenu une collègue à VTM, mais les temps étaient différents. Il s’appelait Geert et c’est devenu Estelle, par admiration pour Estelle Hallyday. Quand il a franchi le pas, du jour au lendemain, il n’a plus pu lire ses textes à l’antenne ou partir en reportage… Il lui restait juste des petits sujets à la rédaction. Les temps étaient différents, et c’était une autre direction à VTM. La société n’était pas encore prête. À ce moment-là, ma préoccupation était de perdre mon épouse, et la réaction de mes enfants. Si je l’avais fait, j’aurais peut-être tout perdu. J’ai préféré vivre une double vie, et finalement, je me suis rendu compte que quand j’étais en congé, je passais la journée en femme, et ça me donnait de l’énergie pour le restant de ma semaine… Cette occasion me donnait une telle sérénité et un tel bonheur que ça devait un jour aboutir à ce que je suis aujourd’hui.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Découvrez la bande-annonce de l’émission :

J’estime que mon témoignage est important. J’ai la chance d’être une personne connue et qui s’exprime facilement. Beaucoup de gens dans mon cas n’ont pas cette opportunité-là. C’est mon devoir de parler de cette expérience.

Vous ne craignez pas de devenir un peu comme Conchita Wurst ?

En tant que «vitrine», peut-être… L’histoire est différente parce que Thomas Neuwirth (ndlr : le vrai nom de Conchita Wurst) n’a pas envie de devenir femme. Il ne se sentait pas mal dans son corps et dans sa peau. Dans ma relation avec la communauté LGBT, je crois qu’il y a en effet de la ressemblance, mais ce n’est pas le même engagement. Chez moi, ce n’est pas une question de préférence sexuelle. Me prendre comme «porte-drapeau», c’est peut-être un peu trop d’honneur, et si j’ai accepté d’aller à la remise des prix des Out d’or à Paris, c’est pour médiatiser les choses aussi. Je ne pensais pas être un modèle pour des jeunes de la communauté LGBT, mais c’est le cas. On m’accoste partout pour en parler.

Et que répondez-vous ?

Je précise d’abord que je ne suis ni thérapeute, ni spécialiste : je n’ai que mon propre vécu. Je donne des numéros de téléphone ou des liens de sites internet. Je ne conseille pas, je raconte juste mon histoire. Je ne me substitue pas aux professionnels. Je ne pousse pas les gens à faire le pas. Il faut bien réfléchir, ce n’est pas un parcours facile.

Vous avez réfléchi longtemps ?

Quarante ans !

Il y a dix ans vous n’auriez pas franchi le pas ?

Il y a vingt ans, un collègue est devenu une collègue à VTM, mais les temps étaient différents. Il s’appelait Geert et c’est devenu Estelle, par admiration pour Estelle Hallyday. Quand il a franchi le pas, du jour au lendemain, il n’a plus pu lire ses textes à l’antenne ou partir en reportage… Il lui restait juste des petits sujets à la rédaction. Les temps étaient différents, et c’était une autre direction à VTM. La société n’était pas encore prête. À ce moment-là, ma préoccupation était de perdre mon épouse, et la réaction de mes enfants. Si je l’avais fait, j’aurais peut-être tout perdu. J’ai préféré vivre une double vie, et finalement, je me suis rendu compte que quand j’étais en congé, je passais la journée en femme, et ça me donnait de l’énergie pour le restant de ma semaine… Cette occasion me donnait une telle sérénité et un tel bonheur que ça devait un jour aboutir à ce que je suis aujourd’hui.

Entretien : Pierre Bertinchamps

Découvrez la bande-annonce de l’émission :

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici